Au programme : Nous partons à la rencontre de Marius. Un grand bonhomme insolite, à la fois chercheur de trésor, inspiré par la bible et immergé dans le monde himba dont il connaît la langue et les usages depuis l’enfance. Un humaniste illuminé en plein désert !
Bonjour,
Nous sommes heureux de quitter Palmwag qui est sans doute l’escale qui nous ressemble le moins de tout ce périple en Namibie. La route vers Aussicht est belle. Étonnant comme un pays désertique offre de variétés de paysages! Ici, le regard s’échappe vers l’infini. Une immensité libre, hors du temps, hors des gesticulations futiles d’un genre humain qui sévit ailleurs. Depuis que nous sommes entrés dans la partie nord-ouest de la Namibie nous croisons régulièrement des gardiens de troupeaux, des personnes en bord de route avec des bidons d’eau, des troupeaux qui se déplacent sans bergers … sans parler d’affluence, nous croisons plus de monde que dans le sud où nous connaissions des solitudes prolongées.
La route est sinueuse, ce qui est rare, car les pistes sont en général rectilignes à perte de vue, avec une visibilité qui porte à une vingtaine de kilomètres. Et sur la piste déserte, parfois quelques panneaux nous font sourire, comme celui qui nous prévient que des personnes pourraient traverser la piste? Ou encore, un panneau signalant la présence d’éléphants. Pour ce dernier, nous sommes au courant, et notre tente, ainsi que la voiture portent les cicatrices de notre rencontre avec l’un d’eux. (voir blog précédent)
Sans nous en rendre compte, nous atteignons 1700 mètres d’altitude. Les nuits vont être fraîches avec le petit air qui passera inévitablement au travers des brèches aménagées par l’éléphant dans la toile de notre abri. Nul doute que la couette sera utile. Espérons qu’il ne pleuve pas les nuits prochaines! Même si le domaine de Marius hurle de siccité, je souhaite néanmoins que la pluie tant attendue ne survienne que dans quelques jours. Le territoire de Marius est si désertique que des girafes récemment introduites par les autorités pour repeupler la zone sont mortes de soif ! Une végétation basse espère néanmoins qu’un jour le trésor ultime, l’eau, reviendra. Elle attend patiemment et offre à perte de vue des reliefs coriaces qui se laissent calciner par le soleil le jour et par le froid la nuit.
Gamberger au coeur du désert
Tout cela sonne « hostile », et pourtant Marius vit ici depuis sa plus tendre enfance. Tout jeune, au contact avec les tribus himbas de la région, il a appris leur langue. Aujourd’hui, il joue le rôle de patriarche leur apportant du millet (alimentation de base) et des produits de nécessité pour construire leurs habitations (tôle ondulée, portes, cadenas… ) Car certains villages ont complètement abandonné le modèle de hutte en matériaux naturels (le peuple himba sera mis à l’honneur dans le prochain blog).
Marius est un personnage complexe. À la fois altruiste, profondément humain, charitable envers le peuple himba, mais également disciple de croyances qu’il tente de partager avec les rares visiteurs. Pour faire simple, ses convictions sont « un peu perchées », mais pas dangereuses. J’imagine que dans son désert, il rumine le « monde-ailleurs » tel qu’il le voit : absurde. Tout est si simple dans le désert ou la savane. Comme sur les océans, l’humain y est soumis aux éléments. Mis sur un pied d’égalité avec son environnement, la faune et la flore. Tributaires de tempêtes ou de sécheresses récurrentes, les êtres soumis à ces milieux extrêmes et qui les respectent ont pour compagnons quotidiens le combat pour la survie. Ici, on va droit à l’essentiel! Aujourd’hui, avec les moyens de communication, qui peu à peu, se diffusent dans les milieux les plus reculés, ces hommes et femmes habitués à vivre de simples priorités sont d’un coup propulsés dans les ambiances d’ailleurs dont les incohérences leur saute aux yeux. Démunis face à ce flot de nouvelles, d’élucubrations médiatiques, de gesticulations géopolitiques, ils réagissent selon leur sensibilité. Tel est Marius qui trouve dans sa bible luthérienne toutes les explications à l’inexplicable…
Une motivation forcenée !
Marius est resté ici, sur le terrain de ses ancêtres. Comment survivre? Il a pensé amasser un trésor en exploitant le filon de dioptase trouvé par son père. Mais ce travail herculéen a non seulement ruiné sa santé, mais ne l’a pas enrichi. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à aider les Himbas. Il a eu l’idée de créer sur son vaste territoire de cocagne un « camping ». Les maigres revenus que lui rapportent les visiteurs occasionnels lui permettent de subsister, et d’acheter vivres et matériaux pour les communautés alentour.
Qu’est-ce que la/le dioptase?
Le père de Marius a donc découvert un filon de dioptase. À l’aide d’un simple marteau piqueur, Marius courbé sur son outil extrêmement lourd a, inlassablement, foré la roche, à la recherche des gemmes. Il a contacté des compagnies d’exploitations qui écument la Namibie et ses innombrables filons de gemmes. Mais personne n’a jusqu’ici été intéressé par son filon de dioptase. Il est seul entouré de monceaux de cailloux qui brillent comme de l’émeraude ou resplendissent tels des turquoises.
Bien que ce minerai fut découvert à la fin du dix-huitième, aujourd’hui encore on hésite à utiliser le masculin. Le nom dioptase est initialement féminin. Le minéral fut ensuite appelé cuivre dioptase (au masculin), abrégé en dioptase au masculin ou au féminin. Aujourd’hui, les deux genres perdurent. La dioptase est donc un minéral contenant un silicate de cuivre hydraté et se présentant sous la forme d’émeraudes brillantes ou de cristaux bleu vert.
Marius est convaincu de vivre sur un trésor… Si le dioptase ne trouve pas le retentissement du diamant, le minerai a fait vibrer les coeurs lors de sa découverte.
L’histoire d’un joli caillou
À la fin du 18e siècle, des mineurs de cuivre dans l’Oural, au Kazakhstan, pensaient qu’ils avaient découvert une énorme émeraude du gisement de la mine Altyn-Tube en Karagandy. Des échantillons de cristaux brillants comme l’émeraude ont été envoyés à Moscou où les minéralogistes ont découvert qu’ils étaient trop mous pour être de l’émeraude.
En 1797, le minéralogiste français Fr. René Just Haüy (1743-1822) a déterminé que le minéral vert énigmatique du Kazakhstan était nouveau pour la science, et il lui donna le nom de dioptase : du grec dia (« à travers ») et optos (« visible »).
Les gammes de couleurs du dioptase vont de vert émeraude à bleu vert. Les gisements de dioptase se trouvent au Chili, au Kazakhstan, en Namibie, au Pérou, en Russie, en Arizona, aux États-Unis, et en République démocratique du Congo. La dioptase est l’une des rares pierres précieuses contenant du cuivre. Elle n’est que rarement montée en bijoux. Mais elle est populaire auprès des collectionneurs pour sa couleur riche et son éclat.
Gageons qu’un jour la mine d’Aussicht intéresse les compagnies de minerais et que Marius garde son âme charitable envers les peuples autochtones.
Les photos de l’escale
Vidéos de l’escale
L’arrivée cahoteuse chez Marius
Le confort au coeur du désert
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A suivre, immersion dans les villages himba
Nat & Dom
Texte et photos Nathalie Cathala.
Auteurs des vidéos : Dominique et Nathalie Cathala
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Sources bibliographiques
https://www.gemselect.com/french/other-info/dioptase.php
Merci encore avec ces beaux documentaires ..oui la vie est belle ..il faut bien la regarder …
Bonjour, merci pour votre carnet de voyage et les nombreuses informations sur la Namibie. Nous partons en Namibie au mois de mai en autonomie avec un 4X4 + tente, nous organisons nos voyages nous-même. Petite question, où trouver le camps de Marius ? Y a t il une indication sur la piste principale? Faut-il « réserver » à l’avance son séjour? Que peut-on apporter d’utile pour les Himbas? Au plaisir de vous lire.
Patrick