Au programme : rencontre avec les Himbas. Le peuple à la peau rouge ! Nous suivons Marius dans sa « mission » humanitaire auprès des villages de la région. Nous découvrons l’envers du décor, les bouleversements qui métamorphosent les moeurs de ce peuple dont l’organisation basée sur la richesse de leur bétail semblait immuable. Outre ces réalités crues, nous rencontrons des personnes attachantes, inoubliables qui méritent un avenir dans la continuité de leur vécu séculaire. En route!
Bonjour,
Aujourd’hui, nous partons avec Marius vers plusieurs villages Himbas. Nous embarquons dans la jeep du millet, des tôles ondulées, des portes, des serrures et des cadenas (?) Nous restons quelque peu narquois quant à ce choix « humanitaire »…
Quoi de plus normal lorsqu’on voyage dans un pays que d’aller à la rencontre des peuples qui le composent? Marius nous offre un sésame inespéré pour découvrir ce peuple dans les meilleures conditions.
Depuis que nous sommes arrivés en Namibie, nous avons rencontré des expats, des Namibiens blancs, des Ovambos, des Namas, des Bochimans (Sans), des Damaras (la Namibie compte 11 ethnies, douze langues et 25 dialectes). Dans le Kaokoland nous sommes en Terre himba ethnie qui fait partie du groupe des Héreros. Si nous avons croisé les autres ethnies par hasard, cette rencontre-ci demandait de la vigilance. En effet, lors de la préparation de l’itinéraire en Namibie, à la lecture des expériences des voyageurs qui nous ont précédés, j’ai découvert la notion de « Zoo Humain ». Il était hors de question d’encourager cette pratique « inhumaine »!
Reprenons l’exemple des Sans. Ces derniers, comme je l’ai expliqué lors de nos rencontres avec ce peuple, travaillent, pour la plupart, dans les lodges. Dans leur journée de travail, ils incluent une part de « mise en scène ». Ils présentent aux visiteurs leur vie d’antan. D’autres Sans, qui ne travaillent pas dans les lodges se sont associés dans les « living museum » (les musées vivants). Ils choisissent des régions où étaient établis leurs ancêtres, aujourd’hui sur la « route » des voyageurs. Le site choisi leur sert de « théâtre », où ils redonnent vie aux us et coutumes de leurs ancêtres. Les Sans monnaient bien évidemment leur propre prestation, ce qui permet à toute une tribu de vivre décemment. Une manière originale à la fois de ne pas oublier et de partager. Un moyen intelligent de rendre « utile » l’argent des voyageurs pour lesquels il est plus agréable de vivre en pleine nature un bout d’Histoire que d’accéder à ces connaissances sur papier glacé! L’échange avec les Sans a toujours été instructif et libre.
Himba… que devient ton peuple ?
Pour les Himbas, l’approche est totalement différente. Sans doute parce que certains clans vivent aujourd’hui encore au quotidien leurs moeurs ancestrales, tandis que d’autres se sont rapprochés des villes, comme les papillons sont attirés par la lumière la nuit. Ceux qui partent « à la ville » quittent leur plus grande richesse : le bétail. Marius nous expliquait qu’il leur suffisait de vendre quelques bêtes pour réunir en peu de temps des sommes rondelettes. Mais, n’ayant pas reçu l’éducation nécessaire pour gérer un budget, ce qui « sur pied » ressemble à une réelle richesse renouvelable leur brûle les doigts lorsqu’elle est transformée en billets. La majorité de ces « chercheurs de lumière » sont des hommes. Ils laissent leurs femmes, enfants au village. Ces derniers s’occupent du bétail et assurent ainsi le train de vie de « Monsieur » qui revient au foyer propager le sida.
Un autre facteur de métamorphose de la vie des Himbas est l’école. En allant à l’école, les enfants quittent leur apparence d’Himba (corps rouge, nudité) pour endosser les vêtements « made in China ». Très peu d’entre eux reviennent par la suite vers les traditions séculaires. On pourrait se dire « c’est l’évolution normale de ce siècle ». Ils ont droit à l’éducation. D’après Marius, la réalité est toute autre, les himbas fraîchement sortis de l’école, ne trouveront pas ou que très rarement un travail décent capable de les faire vivre dans une ville (loyer, se nourrir, se vêtir, assurer un minimum). S’ils ne retournent pas dans leur village d’origine et choisissent de « rester en ville », il y a de fortes chances qu’ils « finissent dans la rue ». Rentrer au village assure leur subsistance, mais pas l’accès aux « nouveautés » qui les appâtent!
La naissance des Zoos
L’alcool, la drogue … et le sida, voilà le cocktail dévastateur qui abreuve la société himba ( tout comme bien d’autres communautés). Pour financer leurs excès, certains himbas ont eu l’idée d’exploiter le filon touristique. Ils ont appris des langues étrangères à l’école, ils se servent de ces connaissances pour assurer l’interface entre les voyageurs et « leur famille » qu’ils présentent comme on exhiberait l’animal étrange dans la cage d’un zoo… Les Himbas ne sont pas les seuls, et peut-être même pas les instigateurs de cette pratique, puisque certains tour-opérateurs ont mis en place le même schéma. Les villages sont le théâtre d’un défilé quotidien où les protagonistes las de voir sans cesse défiler des étrangers s’en désintéressent, blasés d’être épiés !
Faut-il renoncer à rencontrer les Himbas?
J’ai failli renoncer à aller à la rencontre de ce peuple. Puis, nous avons rencontré Marius. Il a eu la gentillesse de répondre à toutes mes questions, et surtout d’exposer la situation sans fard des Himbas. Il nous a confirmé tout ce qui a été énoncé plus haut. Pour lui, l’école n’a pas rendu service à cette communauté. À quoi cela sert-il d’éloigner un peuple de ses valeurs, de lui en enseigner d’autres si ces dernières les cantonnent à vivre dans la rue d’échecs, de mendicité, d’alcool, voire de drogue et de prostitution ?
Il a ajouté à tout cela l’aberration des aides humanitaires. Pour exemple, parmi tant d’autres, la communauté européenne s’est targuée de vouloir équiper les Himbas de toilettes ceci afin d’enrayer le choléra. Les Himbas depuis des siècles « font » dans la nature qui est vaste et donc sans qu’il y ait d’endroit malpropre. Tout est réparti sur de larges étendues. De plus pour que l’épidémie se répande, il faut de l’eau… Or nous sommes dans l’un des déserts les plus arides du Monde ! Ainsi, nos villages Himbas se trouvent affublés d’horribles cagibis en tôles ondulées qui défigurent leurs villages. Mais les Himbas créatifs leur ont néanmoins trouvé une utilité ! Ils continuent à « s’épurer » dans la nature, mais les réduits leur servent de placards où ils abritent leurs affaires.
C’est là que notre Marius intervient! Les Himbas partis à la ville reviennent régulièrement vers leur famille afin de les dépouiller de leurs effets (objets traditionnels) et de les négocier en ville. Les « toilettes » européennes leur servent donc de coffres de sûreté. Mais afin de les sécuriser, il faut des cadenas. Et c’est en arrivant au premier village que nous comprenons cet apport qui au départ nous paraissait cocasse. Ce peuple vivait autrefois dans des huttes dont l’ouverture restait béante, et il doit aujourd’hui façonner des abris qui admettent des portes, même les huttes traditionnelles ont aujourd’hui des fermetures!
Marius, avec ses maigres moyens, poursuit son oeuvre et délivre aux Himbas le millet, les tôles, les portes et les cadenas…
La rencontre
Lorsqu’il arrive dans un village, Marius est accueilli par de grands sourires. Les enfants accourent, puis les femmes dans de grands éclats de voix l’interpellent. Lors de notre séjour, nous avons rencontré peu d’hommes. Ceux qui étaient là étaient habillés « chinois », de « passage » avant de reprendre leur vie de « nomades ». Tout le monde se presse autour de sa voiture. La distribution commence.
Visiblement, les familles ne savaient pas que des étrangers l’accompagneraient. Marius n’emmène jamais les hôtes de son camping au même village. Afin de faire profiter chaque village de la venue d’étrangers, mais également pour éviter que les Himbas s’habituent aux visites et n’en viennent à « attendre » le touriste et de se figurer que « blanc=argent ». Il n’est d’ailleurs pas question de payer une entrée dans les villages, tout se fait avec humanité et respect.
Les enfants sont les premiers à nous remarquer, je passe un grand moment avec une jeune fille qui me prend la main, et m’emmène partout. On se comprend par échanges de sourires. Dom est accaparé par un bout de chou adorable. Et nous déambulons dans le village. Puis une jeune femme me prend en sympathie, et là … J’oublie les turpitudes qui affectent le peuple himba, et je vis comme eux, du temps présent. De leurs sourires et des échanges que nous permettent les traductions de Marius. Les enfants réclament des photos. Ils posent et nous abreuvent de regards profonds. Des instants précieux vécus intensément.
Une vieille femme interpelle Marius. Elle veut que nous pénétrions dans sa hutte. Elle nous montre son « écrin » de maquillage. Ce sont des récipients façonnés dans les cornes de leur bétail. Ils contiennent l’onguent qu’elles s’appliquent quotidiennement. Les femmes himbas ne se lavent pas à l’eau. En plein désert, l’eau ne sert qu’à s’abreuver et à cuisiner. Se doucher est une ineptie pour elles. A la place, elles s’enduisent de graisse de chèvre mélangée à de l’argile rouge, elles prennent des « bains » d’encens qu’elles brûlent dans leur hutte. C’est leur notion de l’hygiène, de la beauté et de la protection solaire. Nous sortons de cette « intimité » tachés de rouge et embaumant l’odeur âcre de la graisse.
Notre visite s’éternise, et les jeunes femmes sortent leur artisanat. Elles exhibent différents ustensiles et les colliers qu’elles portent aux différents stades de leur vie. Elles ont sculpté des poupées à leur effigie, portant le pagne en peau de chèvre. Les femmes himbas lorsqu’elles observent la tradition entourent leurs reins de plusieurs couches de peau qui fait une très jolie « mini-jupe ». Elles restent « topless » et portent des colliers. La bienséance veut que les chevilles restent cachées. Des bijoux faits de têtes de clou enchâssent le bas de la jambe et respectent ainsi leur pudeur.
Vient l’heure de prendre congé de nos hôtes… Très émouvant !
Nous partons vers d’autres villages, distribuant toujours ici une porte, là une tôle, partout du millet.
En chemin, Marius nous présente ce qui serait la plus grosse et la plus vieille termitière de la région. Paraît-il qu’une termitière ne dévoile qu’un tiers de sa construction ? Tout comme l’Iceberg, les fondations sont conséquentes et invisibles. Celle-ci aurait 600 ans ?
Dernier village himba. Quelques huttes, dont l’une est en construction. Des enfants, deux femmes adultes et pas d’hommes. L’une des deux femmes est habillée « chinois », tandis que l’autre ne porte pas la jupe de peau, mais une couverture autour des reins. La tradition se perd, même dans les parties les plus reculées du désert! La jeune femme construit sa maison, elle attend une porte que Marius lui apportera la prochaine fois. Nous communiquons toujours au travers des traductions de Marius. Elle s’établit et je demande à Marius comment nous pouvons l’aider. Comme si elle avait compris mon message, elle ôte son collier de son coup et me le tend. Je regarde Marius l’air interrogateur. Il me dit de donner ce que je pense juste. Et nous voilà à initier la cagnotte de cette jeune femme…
Nous quittons la région l’esprit embrouillé de très belles images, d’émotions vives et sincères, mais également conscients que les peuples d’Afrique sont en péril depuis fort longtemps et que l’intrusion de « l’homme blanc » n’y est pas étrangère…
La suite en photos
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A suivre dans le prochain blog : Epupa falls, la frontière avec l’Angola
Nat & Dom
Texte et photos Nathalie Cathala.
Auteurs des vidéos : Dominique et Nathalie Cathala
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Coucou à vous deux, superbes photos et vidéo vraiment hors du temps pour nous.
Quelle belle aventure, je sais maintenant ce que faisais la femme sur le bras de Dom , hihi , olala quelle drôle de coutume très surprise aussi par leur hygiène , cela paraît même improbable .
A bientôt, bisous à vous deux.
Et pourtant … c’est du vécu 😉 Merci Dominique
Il faudrait des millions de gens comme vous our faire découvrir le monde pour ceux qui le craignent…
Ho, merci beaucoup…
Merci Nat et dom pour ce documentaire très beau et intéressant les photos sont superbes ,je ne trouve pas de mots assez forts pour dire combien j’ai appréciée Je trouve ce peuple joli et la creme dont les femmes s’enduisent leur fait une couleur de peau magnifique ,que je leur envierai presque ,si ce n’est que l’odeur ne doit pas etre très agréable !!!!J’ai été surprise par la grosseurs de la termitière !! chacun à sa place ds le ménage!et chacun sa tâche journalière ! merci mille fois pour vos reportages qui m’apportent beaucoup de plaisir Prenez bien soin de vous ,car vous prenez à mon avis quelques risques Je vous embrasse et vs dis à bientôt
Merci Françoise pour ce beau commentaire, très intéressant en retour
Votre reportage est passionnant et reflète votre empathie pour des populations tellement différentes des nôtres! Sourires et spontanéité à travers chacune des photos nous incitent à découvrir un monde à la fois si lointain et si proche! Merci à tous deux pour vos généreux partages qui nous ont emmenés encore un peu plus « loin » cette fois! Vous lire à travers ce voyage si bien illustré aura été un véritable enrichissement! Félicitations pour la qualité de votre travail.
Merci Sylvie de ton commentaire qui nous touche beaucoup…
Des sourires des regards qui en disent long, bravo à vous, passionnant et merveilleux … Mercii
Merci Dany et ta fidélité à nous suivre
Bonjour,
Nous allons partir 1 mois en Namibie en juillet/août et nous allons également rendre visite aux Himbas avec Marius comme vous l’avez fait. Nous avions aussi les mêmes interrogations sur l’aspect zoo humain et nous avons trouvé Marius qui nous a rassuré. Je vois qu’il vient avec du matériel à chacune de ses visites mais avez-vous une idée de ce que nous pourrions amener nous pour les aider si tant est que ça soit possible ?.
En tous les cas, bravo pour votre article et tous les autres. Amoureux nous aussi de voyages, nous nous régalons régulièrement à vous lire.
Bonjour !
J’aime la simplicité de votre visite et la façon de la partager. Après plusieurs heures de lecture des forums et les débats sans fin sur y aller/ ne pas y aller c’est rafraîchissant !
Comment pourrions-nous rencontrer ou prendre contact avec Marius pour un voyage en Novembre ?
D’avance un grand merci
Cherchez sur Internet le Camp Assicht, vous trouverez