Quelle surprise, en arrivant sur le site de Niagara, ce ne sont pas les célèbres cascades que nous voyons en premier, mais un temple bouddhiste! Dix mille statues du bouddha sont érigées dans l’enceinte du temple Cham Shan. Une manière inattendue d’aborder les chutes du Niagara. À l’entrée sous le porche, un vieux sage semble me prévenir d’un sourire entendu : « ne cède pas aux mirages! Concentre-toi sur l’essence originelle, fais preuve de discernement! »
Le temple des extravagances
Ce havre, pourtant aux fonctions bien réelles, est considéré par la plupart des visiteurs comme une attraction supplémentaire. La « city » au bord des chutes est l’apanage du consumérisme et du tourisme de masse. Des rues entières vouées au toc clinquant, aux pacotilles criardes. Un vaste parc d’attractions garde prisonnier des dinosaures patibulaires. Des restaurants hors de prix servent de la « mal bouffe ». L’heure du « biodégradable » et de l’écoresponsabilité se niche loin, loin, loin!
Le décor est planté.
Néanmoins, ne descendons pas trop vite Niagara de son piédestal.
Hautes comme trois pommes, mais puissantes !
Non loin du temple bouddhiste, un premier panneau nous indique que les chutes du Niagara étaient à cet endroit précis, 1600 ans av. J.-C.. La distance qui nous sépare du Graal nous permet de retrouver le goût de la contemplation et de suivre le conseil du vieux sage.
Les chutes du Niagara ne peuvent pas se targuer d’être les plus hautes du monde. Avant elles, la liste compte 500 cascades plus élevées dont le célèbre saut de l’Ange Venezuélien qui tient la première place avec ses 979 mètres!
D’une hauteur de 57 mètres, ne craignons pas le torticolis! Côté américain, un mur d’eau de 260 mètres de long se divise en deux parties : les chutes et le voile de la mariée. Celles-ci charrient environ 10% du débit. Laissant 90% de quantité d’eau se jeter du côté canadien. Les cataractes de ce côté prennent la forme d’un fer à cheval de 670 mètres de long. Ce dernier est plus spectaculaire et harmonieux que ses voisines yankees.
Niagara serait un terme provenant de l’iroquois. Il désignerait le « cou » reliant la tête (lac Érié) et le corps (lac Ontario). La rivière relie sur 55 km les deux lacs. Le dénivelé entre les deux est de 100 mètres. La moitié de cette déclivité se précipite d’un seul coup aux chutes elles-mêmes. Une deuxième traduction de Niagara fait référence à son débit, Niagara signifierait alors « eaux tonitruantes » ou « résonnant d’un grand bruit ».
En effet, le dénivelé entraîne une circulation rapide de l’eau, son débit est
l’un des plus puissants au monde. S’il varie en fonction des saisons et de la météo, il atteint 2 832 mètres cubes par seconde, ce qui signifie que 2 832 tonnes d’eau par seconde circulent au niveau des chutes. En amont, l’eau s’écoule à une vitesse maximale de 40 km/h, les vitesses les plus rapides se produisant aux chutes elles-mêmes à 109 km/h
Ce débit entraîne un des phénomènes d’érosion les plus rapides au monde.
Les scientifiques ont calculé que depuis leur naissance, il y a 12 500 ans, elles ont reculé de 7 milles environ, soit plus de 11 kilomètres. L’érosion est d’environ 1,2m par an.
On rêverait de lagon tonitruant
Lorsqu’on se balade au bord de la crête du fer à cheval, on est surpris de la couleur de l’eau, qui rappelle certains lagons des îles tropicales. Cette couleur résulte du pouvoir érosif de l’eau. Elle arrache à la falaise minéraux et particules infimes de roche en si grande quantité qu’elle se colore de ce vert lumineux.
Par contre au niveau du bassin, l’eau est brune et peu ragoutante. J’ai cru à une pollution, en réalité, cette couleur brune provient d’une argile chargée de matières végétales en décomposition arrachées au bassin oriental du lac Érié.
Que d’eau, que d’eau !
Mais d’où vient-elle?
Les Grands Lacs sont le plus grand système d’eau douce de surface au monde, contenant environ 18 % de l’approvisionnement mondial. S’il était déversé, le volume d’eau des Grands Lacs recouvrirait l’Amérique du Nord sur environ 1 mètre de profondeur! Aujourd’hui, moins d’un pour cent de l’eau des Grands Lacs est renouvelée annuellement (précipitations et eaux souterraines). Le reste est un héritage de la dernière période glaciaire, c’est donc de l’eau «fossile».
1800 les années folles où tout commence!
Ne passons pas sous silence les débuts épiques du tourisme aux chutes. Si elles inspirèrent une phrase poétique à Charles Dickens : « J’ai eu l’impression d’être soulevé de terre, de voir le Ciel », elles offrirent aux plus téméraires un terrain de jeu, à l’aune de leur esprit aventureux.
Dès 1800, quelques audacieux se jettent en tonneau du haut des chutes. Tandis que d’autres se construisent de véritables fusées, capables de braver les rapides de whirlpool.
Ainsi, parmi ces fougueux personnages, Madame Annie Edson Taylor a laissé son nom dans les annales, en tant que première femme qui se jeta, le 23 octobre 1901, du haut des chutes dans un tonneau hermétique capitonné d’un matelas qu’elle façonna. Curieuse façon de fêter son 63e anniversaire! Lorsqu’elle fut délivrée de son étrange vaisseau, elle s’exclama « Personne n’osera plus s’y risquer! »
Il fallut attendre dix années pour qu’un homme, Bobby Leach, s’y aventure à son tour. Il se construisit une sorte de « fusée en métal » harnachée de parechocs en bois. En ce mardi 25 juillet 1911, du monde se pressa autour des chutes pour assister à l’événement. Il eut moins de chance que sa prédécesseure, car il sortit de son chaudron infernal avec multiples contusions et blessures.
Depuis 1912 les « Niagara Falls » sont interdites aux « chutes » d’humains!
Néanmoins, dans la rue, nous trouvons le vestige de l’action d’éclat du Major Lloyd Hill. Issu d’une famille de casse-cou qui prenait ses quartiers aux abords de Niagara, il a tenté et réussi entre 1949 et 1954 plusieurs navigations dans les rapides de Whirlpool. Son expérience fut pionnière du rafting. Aujourd’hui, les touristes qui n’ont pas peur de se mouiller s’élancent dans les rapides à bord de vedettes puissantes conçues pour donner un maximum de sensations, sans prendre trop de risque.
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Sources qui ont inspiré cet article
Encyclopédie Universalis
https://www.niagaraparks.com/fr/geologie-des-chutes-du-niagara-faits-et-chiffres/
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/niagara-chutes
https://www.laboiteverte.fr/ils-ont-descendu-les-chutes-du-niagara-en-tonneau/
https://niagarafallsmuseums.ca/discover-our-history/history-notes/bobbyleach.aspx
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J’aime ton récit , il m’emporte loin, me « rafraîchit » !
Oui, effectivement, cela rafraîchit… et ça mouille !
Ton récit est très enrichissant Nat tu m’as permis de faire un très beau voyage en plus avec de magnifiques et superbes photos j’
MERCIII
je suis heureuse de t’avoir emmenée outre-Atlantique pour ce voyage vers les chutes du Niagara
sympa cette balade ! j’aimerais tant y aller un jour….
Je le souhaite de tout coeur pour toi, à bientôt pour d’autres aventures
comme si j’y etais, merci pour ce voyage
avec plaisir, et à bientôt
merci pour cette évasion
avec plaisir et à bientôt
Riche et beau récit, ainsi que les photos qui nous évadent, merci à tout deux..
Merci Dany de ton petit mot, amitiés