Un Singe de feu, des dragons, des pétards, et une polémique pour une nouvelle année… bien commencée !

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

13 février 2016

Bonjour,

Lorsque vous n’êtes pas prévenu(e), le Nouvel An « chinois » est surréaliste.
Imaginez :
Vous faites vos courses, tranquillement, et d’un coup d’un seul, entre les pains chauds, et le rayon boucherie, vous voyez débouler un dragon! Les pétards fusent de partout dans le magasin. Vous jetez un oeil au garde de la sécurité, qui d’habitude vous fouille le sac, et là, il est tout sourire, placide, comme ensorcelé par les yeux rouges du dragon ou globuleux des lions. Ces derniers battent des paupières au rythme de percussions qui vous cassent les oreilles. À se demander, ce qui fait le plus de bruit entre « la musique », et les pétards! Mais … bizarrement, plus que de vous agacer… vous laissez votre caddy, et séduit(e) par l’ambiance vous suivez tout le monde. Vous tachez même de caresser le museau d’un lion (cela porte chance!) ou son derrière, si vous êtes plus hardi(e)… Les enfants crient et s’effrayent, mais très vite, ils en font un jeu. Les rires fusent. Les lions sont facétieux, ils rugissent, gigotent, emmènent la troupe de badauds avec eux! L’année précédente est oubliée, dans la sarabande une nouvelle commence dans l’allégresse!

CNY2015_chart_1Une polémique pointe le bout du nez (comme toujours, aimerais-je dire!)
L’expression « Nouvel An chinois », utilisée par les Occidentaux pour ne pas le confondre avec le 1er janvier pose problème semble-t-il ? Pour ne vexer personne, on commence à utiliser l’expression de « Nouvel An Lunaire », qui n’est pas tout à fait exacte non plus (puisque le Soleil, a son mot à dire autant que la Lune dans cette affaire!) Les Chinois eux-mêmes ne qualifient pas leur nouvel an de « chinois », ni de lunaire. C’est pareil pour les Français, ils ne qualifieraient pas leur traditionnelle baguette, de « pain français ». Pourtant, partout ailleurs dans le monde c’est bien du pain français dont on parle ou de « french baguette ». Ainsi, les Chinois nomment l’événement « fête du printemps », ou « Passage à l’année du … signe concerné ». Tous les pays ayant subi une forte influence, voire la domination chinoise, célèbrent l’événement. Ainsi, le passage à l’année s’effectue de concert avec le Vietnam, la Malaisie, Singapour, le Brunei, l’Indonésie, la Corée… et par extension tous les pays où la communauté chinoise est importante (voir carte du monde). Pour notre part nous avons vécu « notre » premier passage à l’année du lapin, à Tahiti, et nous venons de vivre notre 4e passage, cette fois vers le Singe à Maurice (entre temps, nous avons vu des chevaux, des chèvres, et je ne sais plus quel animal défiler).

NianshouMême si plus personne ne s’accorde pour qualifier de « chinois » ce « nouvel an ». Il est bel et bien le fruit d’une mythologie typiquement chinoise qui raconte les pratiques d’un animal féroce. Dans les temps immémoriaux, Nian Shou, un lion au corps de taureau descendait des montagnes ou sortait des forêts, ou de la mer pour ravager les villages. Il se délectait des enfants, dévorait les animaux et toute personne qu’il rencontrait. Ce monstre n’apparaissait qu’une fois l’an. Il sévissait à la nuit tombée et disparaissait au lever du jour. Peu à peu la population s’activa à déceler les points faibles de Nian Shou. La bête craignait la lumière, le bruit et la couleur rouge. La résistance s’organisa. Chaque hiver, à l’approche du soir fatidique, les villageois accrochaient des chiffons rouges aux portes, barricadaient bêtes et gens à l’intérieur et, n’osant pas s’endormir, ils bavardaient, et dégustaient les nombreux plats qu’ils avaient préparés en prévision de la nuit de veille. Dès l’apparition de Nian (ce mot signifie en chinois « année ») les villageois tapaient sur des casseroles et agitaient des tissus de couleur rouge. Bien plus tard, le dieu Ziwei décida de descendre sur terre pour enchaîner Nian, qui cessa définitivement de troubler les humains.

29b69c8a-303c-42ba-bff3-f325e2e78ba1Toute cette mythologie explique les pratiques qui entourent le passage à l’année. L’usage de pétards, de feux de Bengale ou de feux d’artifice. Il explique aussi, le repas de réveillon qui multiplie les plats et doit se prendre le plus lentement possible afin de « veiller » tard. Nian Shou revient chaque année sous les traits de lions ou dragons qui hantent les cérémonies de passage à l’année. De leur agressivité ancestrale, il ne reste que leur facétie, et la peur qu’ils inspiraient aux enfants, se change aujourd’hui en fascination. Leur caresser le duvet porte chance… Tout le passage à l’année est un rituel de plusieurs jours observé par les communautés concernées. Ce rituel est là pour apporter bonheur, chance, prospérité santé… Pour chasser les mauvaises actions de l’année précédente, et accueillir une nouvelle ère qui changera tout. N’oublions pas les Chun Lian qui sont également là, pour protéger et apporter une nouvelle chance. Ce sont ces fameux morceaux de tissus ou papiers rouges où sont inscrits des couplets poétiques.

Personne ne connaît l’origine géographique ou temporelle de cette mythologie. En revanche, aujourd’hui, le Nouvel An célébré en Chine et ailleurs en Asie (pas partout, car les Thaïs, les Laos, les Birmans, les Cambodgiens, et Dai ont leur propre calendrier) se fête entre le 21 janvier et le 20 février. La date est déterminée en fonction du calendrier à la fois basé sur le soleil et la lune. Le Nouvel An tombe lors de la seconde nouvelle lune depuis le solstice d’hiver quand le soleil se trouve dans le signe du Verseau. Par convention cette observation se fait depuis l’observatoire de la Montagne Pourpre à Nankin, en République populaire de Chine.

01481098Le Nouvel An est lié à l’astrologie chinoise. Le premier calendrier astrologique est apparu sous le règne de l’empereur Huang au 3ème millénaire avant Jésus-Christ. L’astrologie se base sur 12 signes qui sont associés à cinq éléments : le métal, le bois, l’eau, le feu, la terre. Ainsi ce ne sont pas des cycles de 12 ans, mais bien de soixante ans qui existent pour chaque combinaison. Pour exemple, je suis née sous le signe cheval et l’élément feu. Je retrouverai mon signe tous les 12 ans, mais je ne retrouverai l’association du cheval et du feu, que l’année de mes 60 ans, ou de mes 120 ans… ou de …

Cette année, 2016, le 8 février nous fêtons l’avènement du « singe de feu », elle se finira le 27 janvier 2017 qui entamera l’année du coq de feu… Les animaux du signe astral chinois sont : le rat, le boeuf, le tigre, le lapin, le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre, le singe, le coq, le chien, et le cochon. Les Asiatiques calquent leur vie sur ces cycles ! À tel point que pour ne pas accoucher de tel ou tel signe, certaines femmes se font accoucher en avance… ou serrent les fesses (j’imagine?).

Après ces explications, je voulais m’attaquer au calendrier chinois, et savoir en quelle année, ils se trouvaient… et bien « c’est du chinois »…
A quoi ressemble grosso modo une année chinoise?
Une année ordinaire a 12 mois, une année bissextile en a 13.
Une année ordinaire fait 353, 354 ou 355 jours, une année bissextile en fait 384 ou 385.

Le temps commence à se compter pour les Chinois à partir du 10 Mars 2697 avant Jésus-Christ, mais aussi à partir du 6 Mars 2637 av. J.-C., et quelquefois aussi du 23 Février 2397. Il est convenu, malgré les hésitations calendaires de dire que le calendrier chinois démarre en 2697 avant Jésus-Christ. Pourtant, dès 2637 avant Jésus-Christ, l’empereur Hoang-ti, après des observations minutieuses, décréta qu’il convenait de mesurer le temps par des années de 365 jours I/4, mais en recommandant de n’en rien dire au peuple « superstitieux et craintif. » Du coup, ils ont continué de compter les jours de manière ancestrale. Quatre mille deux cent dix neuf ans plus tard, c’est au tour des Européens de corriger la dérive du calendrier. Du nom de son instigateur, le pape Grégoire XIII, le calendrier grégorien (365,2421935 jours de 24 heures) a été adopté à partir de 1582 dans les États catholiques, puis dans les pays protestants. Il s’est généralisé dans le monde petit à petit.

Et pour finir de vous donner de beaux rêves… Sachez qu’en cette année du Singe, 2016, nous sommes en 4713 chez les Chinois, en 2559 chez les Bouddhistes, en 2143 chez les Tibétains, et en 1436 pour le calendrier des Islamiques.

(Source wikipedia et dieux-chinois.blogspot, Chinapage, chenmen.fr et Extrait de « la Question du Calendrier » par Chauve-Bertrand, édit. la renaissance du livre, 1920)

Nat et Dom sur les chemins du monde

Texte et photos Nathalie Cathala.
Auteurs des vidéos : Dominique et Nathalie Cathala, montages Dominique Cathala
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3 Commentaires

  1. Annie Danemark

    Jolie page ♥ Merci Nath et Dom ♥ Bisous ♥

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  2. frejaville dany

    Wouah quelle ambiance ! Belle photos et récits comme toujours ! Merciii bisouss

    Réponse

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