Le Pont de la rivière Kwai

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

1 avril 2013

Bonjour,

Impossible de sortir de Bangkok et de se diriger vers Kanchanaburi sans que les cinéphiles ne pensent à faire une visite au pont de la rivière Kwai. Ce film aux 6 Oscars a tant marqué l’imaginaire que les visiteurs, arrivant au bord de la rivière Kwae Yai, se trouvent déçus, orphelins d’un mythe. Je parle des touristes Occidentaux, car certaines nations en sont « fans » et notamment les Japonnais, Chinois, pays asiatiques en général qui représentent plus de 70% des visiteurs étrangers. Les Américains l’aiment bien aussi, mais ne sont que 7% à venir en Thaïlande, et seulement 20% d’Européens.

L’édifice lui-même engendre inévitablement la réflexion suivante : « C’est ça! » Expression suivie d’un hochement de tête dubitatif, et d’une moue qui se traduit par « j’aurais mieux fait de rester chez moi ». L’édifice est quelconque : des piliers de bétons et une charpente en acier. Ce qui séduit plus, c’est l’effervescence. Des personnes venues de partout n’ont qu’une idée en tête : traverser la rivière en marchant sur les rails. Le moment le plus spectaculaire s’ébauche dès lors qu’un train sonne le rappel et tente de glisser sa locomotive diesel sur les rails, tandis que les badauds rentrent le ventre, se collent dans les aires de dégagement lilliputiennes afin de le laisser passer.

En dehors de ce moment, de l’autre côté de la rive, un temple chinois très kitsch avoisine un mémorial japonais. On peut y lire : « A ceux qui sont morts de maladie pendant les travaux. » Le peuple japonais utilise l’euphémisme avec brio! Champions du monde! Les mauvais traitements de l’armée japonaise sur ceux qu’ils considéraient comme des esclaves, sont complètement « oubliés ».

Tout cela sonne comme une effronterie japonaise de plus dans les parages. En réalité, on évalue les dégâts à un mort par traverse posée.

Le pont faisait partie d’un projet ferroviaire ambitieux qui devait ravitailler les bases japonaises de la Birmanie. En effet, dès la déclaration de guerre, les Japonais envahirent le continent jusqu’en Birmanie. Pour ravitailler leurs bases, il leur fallait un train. Ils résolurent de bâtir la voie en 12 mois, alors qu’il aurait fallu 5 ans aux équipes de travailleurs les plus rompues à ce travail. En réalité, la construction dura 16 mois, les « travailleurs » furent « recrutés parmi les prisonniers alliés et la population locale fut réquisitionnée. Aucun prisonnier ne sortit vivant de ce camp de travail, où ils étaient traités comme de vulgaires outils, à la merci de leurs geôliers et des maladies. Malgré ce traitement, les prisonniers eurent à coeur de retarder au maximum l’achèvement, par de multiples sabotages. Ils partageaient le sort de la population asiatique dont les morts ne furent jamais dénombrés.

Vous le voyez, entre le film et la réalité, il y a de la marge. Le film s’attachant à la prouesse des alliés, et organisant une fin, par la destruction du pont par ceux-ci. Alors qu’il fut détruit par les Thaïlandais à la fin de la guerre.

Plusieurs années plus tard, au titre de dédommagement de guerre, les Japonnais reconstruisirent le pont afin que la ligne ferroviaire relie les deux rives de la rivière Kwae Yai.

Les environs du pont sont dénués d’intérêt. Un musée aux façades les plus kitsch du monde, des commerces de souvenirs où un pauvre léopard endormi attend qu’on le prenne en photo et qu’on le caresse…

A plus,
Nat et Dom en voyage en Asie…
http://etoile-de-lune.net/etoiledelune/index.php

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