Chiang Mai, côté nature

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

17 avril 2013

Bonjour,

Une chose que j’adore : sortir de la ville et « bader » dans la nature, le nez en l’air, la fleur aux dents, dégoter des petits coins sympas, voir se jeter des rivières de diamants étincelants du haut des cascades vertigineuses, nous faufiler dans les vallées…

Chiang Mai est cerné de hautes montagnes. Les plus hautes de Thaïlande, dont le point culmine à 2565m, mont granitique qui porte le nom du dernier roi de Chiang Mai : Doi Inthanon.

Sur la route des sommets, nous trouvons la cascade de Machirathan. Il paraît que cela signifie « diamant » en thaï? Puis nous trouvons une autre cascade se faufilant dans la forêt. Le guide nous traduit le nom de la cascade, … et je ne parviens pas à m’en rappeler. Nous l’appellerons la « cascade de montagne ». A ce niveau, nous rallions un groupe très sympa et multiethnique, nous sommes Polonais, Coréens, Hollandais, Thaïs et français. Sur le toit de la Thaïlande, un Chinois nous prend tous en photos.

Je n’aurai jamais entendu parler autant de langues différentes, rencontré autant de diversités de nationalités qu’en Thaïlande. Tous les peuples des pays d’Asie s’y retrouvent, des pays de l’Est aussi, de l’Inde, de l’Europe, quelques Américains, des Québécois, des Australiens, un vrai cosmopolitisme touristique!

Tout là-haut, nous n’obtenons pas le moindre panorama sur les massifs environnants. Nous sommes perdus dans une très belle forêt, où nous retrouvons de vieilles connaissances : rhododendrons et hortensias que nous n’avions plus eu le plaisir d’observer depuis Madère. Ça fait un bail! Il faut dire que nous n’avons plus vécu de telles température : il fait 18 degrés en plein soleil, à midi. Et puis au détour d’un bosquet fleuri, un très bel oiseau coloré butine. Impossible de vous en dire le nom. Si vous le connaissez, n’hésitez pas à le donner dans les commentaires.

En redescendant de la montagne, nous allons à la rencontre des tribus montagnardes du nord de la Thaïlande. Elles sont appelées « Chao Khao » par les Thaïs (peuple des montagnes). Les Thaïs vivent en effet dans les plaines et laissent à ces ethnies la jouissance des montagnes. Ce peuple n’est pas homogène. Il est constitué d’une multitude de tribus. Elles se différencient par leur langue, leurs croyances religieuses (souvent catholiques, mêlées à de l’animisme), leurs traditions, et même leur style « d’architecture » ou du moins leur manière de construire leurs huttes.

Les autorités thaïes dénombrent ce peuple à 800 000 personnes divisées entre les Akha, les Hmong, les Karen, les Lahu, les Lissus, les Mien. Chacune de ces dénominations cache des sous-groupes. Ces populations sont originaires, pour la plupart, du Tibet, du Myanmar, de Chine. Celles-ci ont toutes fui le régime, les exactions, la famine, les guerres et les discriminations dont elles étaient victimes dans leur pays d’origine.

Elles n’obtiendront jamais la citoyenneté de ce pays. Les Thaïs les méprisent, à tel point que lors d’incendies graves, pendant que nous y étions (24 mars), les populations qui ont tout perdu, y compris les leurs dans ce drame, n’ont pu descendre dans les plaines pour se réfugier. Elles ont été « parquées », ailleurs dans la montagne. Cette année la forêt a particulièrement souffert d’une sécheresse prolongée, et les incendies à répétition sévissent sur ce peuple sans terre, sans choix de fuir encore, pour un autre ailleurs.

Régulièrement, des combats éclatent à la frontière entre le Myanmar et la Thaïlande, ces assauts, sont tous dirigés contre les ethnies des montagnes. Ouanita, une Thaï a tenté de nous expliquer la situation. Mais elle est particulièrement confuse. Et elle semblait très mal à l’aise d’approfondir le sujet. La seule chose certaine : les affrontements sont plus violents pendant la saison sèche que pendant la saison des pluies. En effet, les « milices » trouvent plus facilement leurs cibles lorsque la forêt n’est pas trop dense. Ouanita nous a montré, sur Mae Hong Son, tout proche de la frontière, les ères de décollage d’hélicoptères chargés d’évacuer les populations locales, lorsque les affrontements étaient trop violents. Cela se passe actuellement à quelques kilomètres de là, où nous nous trouvons.

Si la situation est confuse, elle a pour résultat très clair que les ethnies des montagnes ne pourront jamais revenir sur leurs terres d’origine et qu’elles sont condamnées à vivre en tant que « réfugiées » en Thaïlande. Ni désirés ni chassés. Ces populations exploitent (à moins que ce soit les guides Thaïs, rien n’est transparent) leur image afin de drainer un peu d’argent à leur survie.

Une tribu karen nous accueille dans un décor de montagnes sèches.

Le tourisme est quasiment leur seule ressource. Sans les visiteurs étrangers, ces villages seraient condamnés à la misère la plus sombre. Une vieille femme à la pipe « vend son image », et les petits billets glissés dans sa main font vivre toute la famille. Sa pipe est le symbole d’une activité aujourd’hui révolue : l’exploitation de l’opium, aujourd’hui interdite par les lois thaïes.

Les Karen constituent la principale ethnie présente dans les montagnes du nord de la Thaïlande. Ils sont catholiques, pour la plupart, et s’éparpillent en petits villages de quelques dizaines de maisons. Le village dans lequel nous nous rendons se spécialise dans le tissage d’écharpes, de couvre-lit et de vêtements en cachemire.

Les guides touristiques nous abreuvent des commentaires concernant les tenues traditionnelles. Leurs infos (bien qu’édité après le tsunami du 26 décembre 2004) sont déjà obsolètes. En 2013, il est de plus en plus rare de voir les femmes revêtues de leurs costumes). Il nous arrive plus fréquemment de les voir, sur les marchés artisanaux des villages, leur costume les aidant à « vendre mieux ».

Certaines ethnies chinoises on créé au bord des routes de véritables petits marchés artisanaux. Ils se débrouillent bien, et sont bons commerçants.

Nous finissons notre tour dans la montagne par le magnifique temple-jardin de Naphapholphumisiri (encore un nom qu’on ne retiendra pas facilement!). De là-haut, dans un jardin de fleurs champêtres, nous trouvons une vue « en ombre chinoise » favorisée par le brouillard permanent sur les monts qui dominent la Thaïlande.

A plus, pour la suite du voyage en Asie
Nat et Dom
http://etoile-de-lune.net/etoiledelune/index.php
carte thailande_01

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1 Commentaire

  1. Heracles

    Très intéressant récit: j’irai dans vos pas à mon prochain passage à Chiang- Maï…sauf chez les Hmongs/Karen et autres. Je partage votre analyse à leur sujet, mais, au moins ont-ils la vie sauve et sécure !Amical souvenir

    Réponse

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