Bonjour,
Aujourd’hui pour les dernières photos sur le Naghol quelques explications imagées.
Tout d’abord cette première photo. Dans les premiers étages de la tour, un enfant de moins de 10 ans est encouragé par son clan, afin qu’il saute. C’est la troisième fois de sa vie qu’il monte dans la tour, et les deux premières fois, il s’est découragé, et n’a pas sauté. Si aujourd’hui, il refuse encore de sauter, c’est de déshonneur pour lui. Il est probable que toute sa vie d’homme sera entachée par ce refus. Il monte dans la tour, ses paires lui ligotent les pieds aux lianes. Il fait signe à son clan, assis plus bas, et demande des encouragements. On entend des cris, des applaudissements et de rires. Pendant de longues minutes il se fera prier. Il sait que la veille un homme d’un clan voisin est mal tombé et qu’il est paralysé. Je n’ai pas comptabilisé le temps, mais son hésitation paraît interminable. Et en tant qu’Occidentale je serais tellement encline à lui conseiller de ne pas sauter. Finalement, il s’élance et tombe sur la tête dans la terre meuble, sans mal pour lui.
Dom quelques jours après le saut du clan grimpe à la tour
Ses conclusions sont : ils ont du cran et de l’inconscience aussi. Le bois est fragile, l’ossature est branlante. Depuis le sommet de la tour, il se demande qu’est ce qui le pousserait à sauter? Rien… Sans doute! De plus, ces représentations s’étendent sur une trop longue période. En avril et mai, lorsque les tours sont bâties autour d’un arbre maître, les lianes et le bois sont plus ou moins fiables. Mais au mois de juin, les tours ont été trop sollicitées par des sauts presque quotidiens. L’ensemble de l’armature n’est plus digne de confiance. Les accidents sont plus fréquents en juin que pendant les deux premiers mois. Pour la petite histoire, la reine d’Angleterre était venue au Vanuatu en dehors de la saison du Naghol. Elle avait insister pour voir un saut. Tout le monde l’avait prévenue, que ce saut ne s’exécutait selon la coutume qu’à un certain moment de l’année. Mais elle a encore insisté. Le gars qui a sauté pour elle est morte. Son clan savait ce qu’il encourait, si la tradition détermine une période de saut, c’est qu’elle est fondée sur l’écoute de la nature, sur un moment précis où elle fournit le bois et les lianes d’une robustesse suffisante.
Il ne faut jamais ignorer la coutume!
Dernière image, celle du saut depuis le sommet de la tour. Regardez la dernière prise, les lianes se rompent. Le sauteur tombe sans être retenu d’une hauteur de 20 mètres. Toutes les personnes présentes se figent, impuissantes. Nous voyons ses membres trembler. Il est tombé sur la tête et sur l’épaule. Son clan le relève et lui secoue la tête en tirant ses cheveux. Ils l’arrosent d’eau et l’entraînent comme un sac sa vie. Nous craignons le pire et avec le traitement qu’il subit par ses « collègues » une infirmière nous confirme que c’est la pire des choses à faire, qu’il sera paralysé pour de bon. Mais… il faut croire que la tradition est plus forte que les études de médecine, car le jeune homme se relève, souriant et sans séquelles.
A plus, pour des nouvelles moins spectaculaires… plus « reposantes »
Nat et Dom
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