Notre tour du Mir vaut bien celle des Parisiens !

Logo

Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

12 mai 2021

Il existe plusieurs itinéraires qui mènent à la tour du Mir. Pour le moment nous avons gravi les 1540 m d’altitude par deux circuits. L’un est plus long que l’autre, l’autre est plus pentu que l’un. Et tous deux réservent de magnifiques panoramas jusqu’à l’apothéose tout en haut de la tour.

À vos chaussures pour une très belle balade !
Distance : 5.87km (On a pris notre temps !)
Dénivelé positif : 443m
 Dénivelé négatif : 486m
 Point haut : 1584m
 Point bas : 1135m
 Retour point de départ : Oui
 Départ : N 42.394008° / E 2.460589°
Durée moyenne: 4h35 (rythme d’un escargot asthmatique) 
Distance : 9.52km
Dénivelé positif : 641m
Dénivelé négatif : 659m
Point haut : 1589m
Point bas : 967m
Départ : N 42.391578° / E 2.465921°

Attendez, ne partez pas… tout de suite !  Je vous raconte, une très belle histoire, celle de nuages de fumée, comme on en voit dans les westerns. Puis, je vous emmène en images dans de magnifiques paysages :  album photo, et vidéo !

À vos « lunettes » pour en savoir plus …

Elle vaut bien « la tour des Parisiens »!

Au seuil du XXIe siècle, la tour du Mir fortement endommagée par la foudre et les intempéries voit une partie de son flan nord-ouest détruit. Tandis qu’elle menace de se scinder en deux, elle est inscrite aux Monuments Historiques en 2002 puis admirablement restaurée, grâce à des moyens techniques exceptionnels, en 2008. Huit mois de chantier, où la carrière naturelle contiguë à la tour fournit les matériaux nécessaires, pour une rénovation qui aujourd’hui émerveille tous les randonneurs. Jean Visellach, élu à la commune, a les yeux qui brillent lorsqu’il n’hésite pas à déclarer que la Tour du Mir est la « Tour Eifel » de Prats de Mollo.

Instruments de communication militaire

Le système de communication par signaux optiques n’est pas spécifique à notre région, il suffit de se souvenir des Amérindiens et de leurs nuages de fumée qui transmettaient des messages longue distance. En Europe, la construction de tours à cet effet, remonte à l’époque romaine et wisigothe. Dans ces premiers temps, les tours servent à prévenir les habitants des vallées intérieures d’une incursion venue de la mer.

Par la suite, à l’époque carolingienne, l’émergence de fiefs exige que le seigneur soit au courant de ce qu’il se passe dans les différents hameaux de son domaine. Les tours servent à alerter le château seigneurial de toute incursion ennemie. Permettant une prompte réaction.

Au XIIIe et XIVe siècle, en Catalogne, du temps des rois de Majorques et d’Aragon, un réseau complexe est érigé. Les tours du Roussillon se distinguent de ce qui existe ailleurs par leur homogénéité architecturale, par leur efficacité. Nombreux cols et sommets sont investis d’une tour afin de transmettre les messages d’une montagne à l’autre sur plusieurs kilomètres. Elles couvrent aussi le fond des vallées et la plaine du Roussillon pour atteindre les châteaux royaux de Perpignan, de Collioure et autres places décisionnelles.

Des constructions à l’épreuve du temps

Deux cas de figure se présentent, soit les tours sont isolées, comme celle du Mir, Batère, Madeloc, Massane, soit elles sont rattachées à une fortification, à un monastère, un château, une église, comme à Palalda par exemple.

Les tours cylindriques sont hautes de 10 à 15 mètres, flanquées de murs d’une épaisseur de 3 mètres. L’intérieur est constitué d’une salle d’armes, d’un dortoir, d’une cheminée, d’ouvertures en meurtrière, d’une plate forme supérieure protégée par des créneaux. Au sous-sol, une citerne recueille l’eau de pluie.

Un canal stratégique de communication

Les tours assurent à la fois des fonctions d’observation, de défense et de diffusion d’informations. Elles sont occupées en permanence par des soldats. Les gardes en poste transmettent les messages stratégiques en allumant un feu dans une cage de fer prévue à cet effet placée au sommet de la Tour.

Type de signaux ou faraons

La journée, la fumée se voit loin, tandis que le l’éclat du feu est visible de nuit. On trouve les mots « farons » ou « faraons » pour désigner les signaux émis. Il faut imaginer que chaque nuage « envoyé » avait une signification.

Une signalétique codifiée

Pierre IV d’Aragon écrit en 1384: « Si on voit un ennemi s’approcher on doit faire un feu de nuit, une fumée de jour pour chaque centaine d’hommes. La place la plus proche du lieu de l’invasion doit agir en sorte que le signal parvienne à Perpignan. Perpignan doit avertir les autres places royales (Rodès, Tautavel, Força real, Opoul). Par l’intermédiaire de la tour de Madeloch, on doit également alerter au sud le château royal de Peralda (Figuere) et toute la Catalogne ».

 

Un demi-siècle plus tard, en 1433, à l’occasion du réarmement des places fortes par crainte des désordres de la guerre de Cent Ans, il est ajouté que « de jour, on signalera l’ennemi au moyen d’une fumée près de laquelle on étendra un grand tissu blanc ; s’il y a plus de 500 chevaux, on fera 3 colonnes de fumée »

De la guerre à la fête ! 

De nos jours les seuls feux qui scintillent encore, sont ceux de la Sant Joan. Le 23 juin, la Catalogne s’enflamme lors de la « Nit de Foc », une fête chaleureuse où se communique le « Bon vivre en Catalogne! »

 

Je vous en parlerai bientôt…
Comme promis : un album photo et une vidéo !

Embarquez à bord 
de
L’Album Photo

Un joli moment d’évasion vous attend
(Disponible dès à présent ! )

N’hésitez pas à commenter ce blog, ce qu’il vous inspire, ce qu’il vous a appris, et si vous avez des remarques ou compléments à ajouter… c’est à vous dans la zone commentaire au bas de la page…
Sources pour écrire ce blog

wiki _ Universalis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tour_de_Batere
Salch, Charles-Laurent, Tours à signaux en Roussillon, Châteaux fors d’Europe, N°10, 1999, p.31
https://www.les-pyrenees-orientales.com/Patrimoine/ToursASignaux.php
le site d’Amélie les Bains
https://www.pratsdemollolapreste.com/
https://www.guideduvallespir.com/accueil/vallespir-tourisme/sites-historiques/tour-de-batere/
http://www.sauvegardetourdebatere.org/la-tour-de-batere/
Propos de Jean Visellach recueillis  par https://viaoccitanie.tv/les-tours-a-signaux-un-systeme-dalerte-efficace-au-temps-des-rois-de-majorque-22/
https://histoireetrando-prats-de-sournia.fr/la-tour-a-signaux-du-fenouilledes/

Dernières parutions

12 Commentaires

  1. Matelo

    Ton récit tes explications ta vidéo et tes photos m’ont complètement emporter Nat c’est comme si j’étais sur un petit nuage…
    Et je suis entièrement d’accord avec toi votre Tour de Mir vaut bien celle des parisiens
    Merci encore une fois Nat pour tous ces moments merveilleux que tu me fait vivre ❤

    Réponse
    • Nathalie Cathala

      Merci Françoise de ton message, tu es ma première lectrice de ce blog, et c’est toujours un plaisir de lire ton ressenti

      Réponse
  2. Joan

    Les tours à signaux de Catalogne ! Nos phares qui éclairent notre histoire. Un pays dont les frontières ont bougé sans cesse, jusqu’au traité des Pyrénées, 1659. Autant dire que le rattachement à la France c’est avant hier. Nous avons été offerts en dot au mariage de Louis XIV, ne l’oublions pas !

    Réponse
    • Nathalie Cathala

      Oui, n’oublions pas la jeunesse de la Catalogne Nord, elle est vive dans le coeur des Catalans. Grand respect pour notre région d’adoption

      Réponse
  3. dom

    Super les explications, il faudra qu’ils m’expliquent quand-même comment ils allumaient le feu avec le Tramontane omniprésente, le jour où nous y sommes montés je devais tenir le chapeau pour ne pas devoir aller le chercher à Prats de Mollo

    Réponse
    • Nathalie Cathala

      Oui, c’est vrai, j’y ai pensé en l’écrivant !!! bien vu… bon complément d’info ! 😉

      Réponse
  4. Marie France

    Combien il m’est doux de te lire et de me faire parvenir à la vallée du Tech…. la montagne sacrée des Catalans me semble magique … Elle ne m’était pas accessible trop jeune…. Je vais pouvoir me poser et admirer tes prises de vues, le bonheur de te lire, ta facilité d’écriture ma comble de joie . Il y a beaucoup de fraîcheur. Je ne peux que te féliciter.

    Réponse
    • Nathalie Cathala

      Merci de tout coeur Marie-France, tes souvenirs d’enfance sont autant d’encouragements à écrire ces blogs, et à partager notre expérience du pays catalan, si riche, qui nous offre une liberté insoupçonnable.

      Réponse
  5. Dany Frejaville

    Votre région d’adoption et si belle ! C’est un plaisir de la découvrir à travers tes photos, vidéos, récits riches d’informations, talentueuse ambassadrice de Catalogne..

    Réponse
    • Nathalie Cathala

      Merci Dany, à très vite pour d’autres aventures à raconter 😉

      Réponse
  6. Sylvie REVEL

    Merci vraiment pour ce passionnant voyage en terre féodale catalane! C’est extraordinaire de découvrir comment fonctionnaient les différents types de signaux…ce paysage dont vous foulez si souvent le sol est porteur d’une histoire riche qui résonne de votre tour de Mir jusqu’aux villages voisins… vous aurez vraiment approfondi le sujet pour notre plus grand intérêt! Un exposé captivant sur la vie de vos montagnes d’hier à aujourd’hui…la galerie photos est magique et nous convie à la promenade ! Bravo Nat pour tout ce travail exemplaire de recherche et de rédaction ! Un vrai plaisir !

    Réponse
    • Nathalie Cathala

      Merci Sylvie et à bientôt pour en découvrir d’autres facettes

      Réponse

Laissez une réponse à Joan Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pin It on Pinterest

Share This