Au programme : Après nous être régalés à observer plusieurs familles d’éléphants, nous nous consacrons à l’un d’entre eux… Il a si bien marqué nos esprits que je lui consacre un blog entier!
Bonjour,
Nous avons passé une journée entière avec les éléphants (précédent blog), nous nous sommes régalés le matin et le soir en compagnie de plusieurs familles. L’après-midi, nous avons eu la visite d’un gros mâle.
Quelle émotion de rester en compagnie de ce mastodonte ! Il s’évertue à secouer les arbres énormes afin d’en faire tomber sa friandise préférée: les graines d’acacias. Les chèvres et vaches du coin connaissent ce rituel, et tentent de profiter du festin. Mais le gros solitaire n’est pas partageur, et … d’un coup de trompe chasse les importuns.
Nous passons de longs moments en sa compagnie. Il me fascine! Sachant qu’un éléphant ne voit pas très clair j’ose m’approcher, tout en m’assurant que je pourrais fuir. Cela dit, j’ai appris plus tard que l’éléphant s’il charge ira toujours plus vite que moi. Mais sachant qu’un éléphant qui se nourrit, qui ne dresse pas les oreilles, et qui ne montre donc aucun signe d’agressivité est un animal qui consent à ce qu’on l’observe, j’en profite…
Néanmoins, j’entends un grognement. Ce n’est pas l’éléphant, c’est Dom ! Il estime que je m’approche de trop.
C’était tellement tentant !!!
Ayant quasi passé tout l’après-midi en cette charmante compagnie, nous laissons « le gros » à sa solitude. Dom part au lodge voisin, pour récolter quelques infos sur Internet, moi je m’évade avec un groupe que le ranger a pris en charge. Et nous partons aux confins de la rivière Ugab, pour voir… d’autres éléphants !
Au retour au camp, Dom n’est pas là, mais je retrouve la table, les chaises renversées, la tente a pris un petit coup, on dirait que quelque chose s’est frotté à notre échelle et a soulevé la partie déployée de la tente. J’imagine que ce sont les vaches et les biquettes qui nous ont déjà fait le coup …
Pour la suite de l’histoire, je vous explique comment est faite notre tente sur le toit : le plancher est en deux parties, fait d’un épais morceau de polyester. La première partie reste fixée au toit, tandis que lorsque nous déployons la tente, la seconde partie grâce aux charnières de jonction se retrouve en porte à faux à la perpendiculaire de la voiture, cette partie est soutenue par l’échelle escamotable. Le reste de la tente est en toile, les ouvertures sont remparées de moustiquaires et d’un rabat.
Après des journées à sillonner le désert, nous sommes toujours heureux de retrouver le lit de la tente.
Je suis la dernière à monter. Et dans la noirceur j’entends des bruits, légers. Je cherche dans le noir les vaches, ânes ou biquettes, mais tous ont déserté le camp. En montant, je dis à Dom :
« Je pense que notre ami est dans le campement. »
Cette supposition n’émeut personne. Nous restons sur nos belles impressions de la journée.
Nous lisons quelques lignes. Puis nous éteignons la lumière. Et là, je sens un premier tremblement. J’ai l’habitude lorsque Dom se tourne de sentir le mouvement du 4*4 un peu comme une vaguelette qui passe sous un bateau. Puis je ressens un tremblement plus fort encore ! Là je m’insurge :
« Dom arrête de bouger! »
Et la réponse que je redoutais arrive :
» Ce n’est pas moi! »
« Ben, c’est qui alors? »
Dom me dit : »
« Je sens quelque chose de dur au travers de la tente! »
La réponse est immédiate! Nos pieds se soulèvent, comme si quelque chose tentait de rabattre la partie aérienne du plancher de la tente. Puis, la tête de lit semble tirée vers le haut avant de retomber lourdement. D’un bond, j’agrippe la fermeture éclaire qui ferme la moustiquaire, et je dévale l’échelle.
Dom est retardé dans sa fuite. Il entend la déchirure lugubre de la toile, et l’armature de la tente s’écroule sur lui. Il se dégage et me suit, il déclenche l’ouverture des portes du 4*4, nous nous jetons sur les sièges avant. Et … nous découvrons dans le rétroviseur gauche (le mien, côté passager) notre gros pépère !
Dom qui ne voit rien, puisque le rétroviseur du milieu est bouché par le pick-up, me demande :
« Qu’est-ce qu’il fait? »
« Ben… il se gratte! »
Incroyable, mais vrais! Nous sommes secoués, malmenés, proches de la destruction de notre véhicule, et ce gros bonhomme solitaire ne pense qu’à une seule chose : se gratter ! Un coup sur l’arbre, un coup sur l’arrière du 4*4 !
Nous sommes partagés entre fou rire et panique.
Puis, je vois l’éléphant lever la trompe et la rabattre d’un coup sec sur le toit! Le choc est amorti par la tente.
Dom décide d’enfreindre toutes les règles édictées en pareil cas, et démarre la voiture. L’échappement à pleine trompe n’a pas dû lui plaire. Notre éléphant se dégage de l’arrière. Il cesse de nous secouer. Mais, il avance. Et … il s’arrête pile devant ma fenêtre! Il tourne la tête, ses défenses sont à quelques centimètres de moi. Je suis pétrifiée par sa hauteur, la puissance qu’il dégage. Il est ÉNORME une petite phrase survient :
« je suis morte! »
Je plisse les yeux, et continue de le regarder. Se voit-il lui-même dans la fenêtre? Me voit-il au travers de la vitre?
Dom avance en douceur, mais au bout de quelques mètres l’échelle qui est restée déployée s’enfonce dans le sable, et bloque notre progression.
Dom aperçoit des phares, c’est notre ranger préféré, Helmut! Qui se doute qu’en pleine nuit, un 4*4 tous feux allumés est un cri de détresse. Dom corne (encore une chose à ne pas faire si un éléphant est fâché!)
Helmut arrive au « cul » de l’éléphant avec le véhicule qu’il utilise toujours, et dont tous les éléphants reconnaissent le bruit du moteur. Lentement, il insiste avec l’embrayage … et l’éléphant obtempère. Il avance, pas après pas, lentement, de mauvaise grâce je dirais… et s’éloigne dans la nuit.
Nous sortons de notre 4*4. La tente est inutilisable. L’armature a cédé, et je ne compte pas les déchirures de toile, une climatisation bien inutile dans les nuits fraîches (froides… ) du désert ! Helmut nous reloge dans le lodge voisin. Demain matin, il tentera une réparation.
Le lendemain, nous découvrons en plus des dégâts constatés pendant la nuit que l’éléphant a glissé sa défense sous le plancher de la tente, entre nos deux têtes. Nous avons eu une double chance : la première est qu’il ne nous a pas « aéré » les neurones, la seconde est matérielle. Il s’est débrouillé pour passer la trompe dans les 15 centimètres qui séparent le plancher de la tente du toit du 4*4. Il aurait pu déchirer la tôle de la voiture également!
Le bilan est rassurant. Nous sommes vivants ! La voiture n’a subi que des bris de feux arrière. La carrosserie n’a pas trop souffert. Pour la tente, Helmut met en oeuvre le système D. Mais ça ne tiendra pas pour le reste du voyage. En contactant le loueur de la voiture « Asco » nous parvenons à faire livrer une autre tente à Opua, mais nous devrons dormir dans les courants d’air pendant plusieurs jours, car la ville est à 5 jours de voyage. Helmut parvient à ficeler une armature de fortune. Pour la toile … bizarrement j’avais emmené dans mes bagages un rouleau de scotch de déménagement (?) Le sac des femmes recèle parfois des trésors inattendus! On colmate les fentes de la toile percées par les défenses de notre ami.
Il faut prier pour qu’il ne pleuve pas pendant les 5 nuits à venir !
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, la saison des pluies arrive, pour la joie de tous !
Que se passe-t-il dans la tête d’un éléphant solitaire?
Les éléphants mâles dès l’âge de 13 ou 14 ans sont trop turbulents pour rester au sein des familles. Les mères les chassent pour qu’ils fassent leur vie… en solitaire. S’ennuient-ils? Il est probable que la vie qu’ils menaient, enfants, au sein du groupe leur manque. Attention, je n’insinue pas que manquant d’affection ce grand solitaire a voulu se glisser entre nous, dans le lit douillet, certes, mais petit… En réalité, nous campions sous les arbres qu’il affectionne. Le campement n’est pas tant fréquenté, et les éléphants prennent l’habitude de passer par là, de se gratter à tel ou tel arbre, de récolter les graines s’il y en a. Et puis, ils ont l’odorat si développé qu’ils sont capables de repérer une pomme dans le coffre, ou de l’eau … Nous avions pris soin de ranger les fruits dans le frigo étanche, et de fermer soigneusement toutes les bouteilles d’eau ainsi que le réservoir. Mais quelques gouttes auraient pu l’attirer, dans l’espoir d’étancher sa soif. Ou, avait-il tout simplement envie de se gratter. Son attitude, dont le résultat fut destructeur, n’en avait pas l’intention. À aucun moment nous n’avons ressenti qu’il était hargneux ou agressif. Il se comportait en « bon pépère » qui fait ce qu’il veut, là où il le veut. Et finalement … il a raison, il est chez lui !
Pourtant je suis inquiète pour cet animal. Il est probable, selon les rangers que des visiteurs précédents l’aient nourri. L’animal aura établi un corollaire entre notre type de véhicule monté d’une tente, et l’espoir de trouver quelques fruits, ou de la nourriture. C’est de l’inconscience de la part de ces gens. Pour le plaisir d’un moment partagé avec l’animal, ils mettent sa vie en danger. Car si l’épisode de cette nuit se renouvelle trop souvent, tôt ou tard, les Rangers auront l’ordre d’abattre l’animal. En partant, j’ai pris soin de remplir scrupuleusement le procès verbal de la nuit et de spécifier qu’il fallait à tout pris épargner l’éléphant, qu’il n’était pas agressif. A part quelques dégâts matériels et une nuit d’insomnie, il n’a rien fait de mal. J’espère de tout mon coeur qu’ils l’épargneront… Car il était sympa notre ami !
Pour nous l’histoire se finira dans 5 jours avec l’ajout d’une tente neuve sur le toit à Opuwe. Et le loueur gardera la caution de 500 euros, facture que nous ne manquerons pas de présenter à notre nouvel ami …
Quelques photos d’une rencontre fracassante
Quelques images de notre ami prises l’après-midi avant qu’il ne vienne nous rendre visite en pleine nuit
Quelques conseils des rangers
(Vous comprendrez qu’il y a la théorie… et puis la pratique, ou l’expérience… ou le vécu ! )
La vidéo d’un solitaire qui s’ennuie
Nat & Dom
Texte et photos Nathalie Cathala.
Auteurs des vidéos : Dominique et Nathalie Cathala, montages Dominique Cathala
Nous trouver sur le net
Sur Face book : facebook
le site : etoiledelune.net
Namibie sur notre chaîne Youtube : https://www.youtube.com/playlist?list=PLTpu6KpvPbAmWwrBp1NIcyLm9erS858ti
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Ben , j aurais eu très peur , la encore ..Whaou , surtout en pleine nuit … mais c est beau ces voyages ..mais il faut toujours être très prudent ..malgré tout ..merci de ces beaux commentaires qui me font rêver ..
Merci à toi, Colette de ta fidélité à nous lire, toujours un plaisir de retrouver tes commentaires
Coucou, et ben dis donc quelle histoire qui finit quand même sans trop de dégâts, quelle frayeur, ils sont imprévisibles apparemment, je ne le savais pas . Plus de peur que de mal mais ça craint quand même si on est pas avisé .
Bon à bientôt pour d’autres news, bisou à vous deux.
Domi,
Je pense que c’est le lot de tout animal sauvage, il faut quand même aborder ce type d’endroit avec cette notion « d’imprévisibilité »… se dire qu’à tout moment … tout peut arriver, c’est une des composantes du voyage en général, mais particulièrement sur certains continents comme l’Afrique … L’Amérique latine pour d’autres raisons est aussi imprévisible 😉
Nous avons vécu ,a peut près ,la même chose(en Namibie …parc d’etosha).Nous étions sur une piste qu’empruntait un éléphant (en suivant ses crottes),nous l’avons suivi quelques instants ,et au bout de quelques temps il n’a plus supporté notre présence ,il s’est retourné et nous a chargé …avec du sang froid,nous avons coupé le moteur,évité le flash et fait silence dans le véhicule….après quelques mètres d’intimidations,il s’est arrêté a 2 mètres du 4/4…il nous a contourné ,et a repris son chemin…..nous avons fait demi tour ..par la suite nous avons rencontré d’autres éléphants sans difficultés ,celui-la devrait être un peut colérique..Malgré tout un très beau voyage….
Oui, un très beau voyage, la Namibie… Ben le vôtre était en colère, visiblement, et désirait être seul… Et le nôtre tout l’inverse, il voulait de la compagnie, et au contraire se frotter à nous, sans aucune notion de charge. Il était vraiment très tranquille. Pour autant nous avons eu très peur quand même. Merci pour votre témoignage
Formidable histoire de l’éléphant cherchant des amis, mais n’ayant pas la notion des frais qu’il vous a occasionnés, sans compter la grosse frayeur ♥ Vous ne lui en tenez pas rigueur, votre amour pour les animaux dépasse tout le reste ♥♥♥
Oui, Annie, notre Amour de la faune… de tout l’environnement dépasse tout le reste. Merci de ce commentaire plein de tendresse, et de suivi de ce que nous tentons de véhiculer