De Angkor à Phnom Penh

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

26 avril 2013

Bonjour,

La distance entre Angkor et Phnom Penh peut se parcourir soit en bateau, soit par la route. La voie fluviale n’est possible que lorsque le lac a récolté assez d’eau. En période sèche, le niveau est si bas que les bateaux ne peuvent naviguer. Par contre en période de pluie, il double de volume et change le paysage en mer intérieure. Les maisons jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres des rives en période sèche se rallient en barque à la saison des pluies. Ainsi, elles sont toutes bâties sur pilotis. Plus on approche du coeur du lac, plus les pilotis sont élevés et peuvent atteindre dans la région de Poussaat, 8 mètres de hauteur. Certains villages ont résolu de s’installer directement sur le lac, installant un moteur hors-bord sur leur plancher en bambou et « migrant » selon les années et l’abondance des pluies.

A la saison sèche, le lac s’étant retranché dans ses quartiers, ces maisons sur pilotis, ces barques dans les jardins au milieu d’une campagne vaste et sèche donnent un caractère atypique, une ambiance étrange. Les Khmers ont dû s’adapter, non seulement au régime des pluies, mais également au Mékong, dont un bras inverse son cours chaque année pour remplir cette mer intérieure. Ils ont ainsi adapté des variétés de riz qui supportent différents niveaux d’eau de quelques centimètres d’eau jusqu’à 4 mètres.

Le Cambodge est un pays pauvre (au niveau de certains pays d’Afrique nous dit-on). En traversant la campagne, nous voyons à quel point les moyens sont limités. Les maisons de constructions précaires, les bottes de paille dans chaque parcelle de terrain pour prévenir de la sécheresse et nourrir le bétail en temps de disettes. Mais l’une des conséquences du flux et du reflux des eaux et de la pauvreté est la « pollution » par les matières non biodégradables.

Partout nous voyons de vastes champs couverts de plastiques. Nous nous doutons que ce n’est pas le fait exclusif de la consommation de ces familles. Mais que chaque année, les eaux du Mékong qui passent par plusieurs pays d’Asie avant de se jeter en mer de Chine, charrient des matières qui viennent s’échouer dans les jardins submergés des Khmers bien impuissants face à cette masse de détritus ingérable.

Phnom Penh, la capitale semble ne s’être jamais remise des soubresauts de l’histoire et garde aujourd’hui une ambiance alanguie et timide d’une ville de Province. Au coeur de la ville un « centre artisanal, marché de toutes les denrées. Coeur palpitant de cette ville où tout se passe. Là nous trouvons un marché aux fleurs qui me rappelle celui de la Place Masséna à Nice.

Une chose étonnante, dans toutes les villes du Cambodge, les Khmers célèbrent les fêtes dans la rue : un mariage, une naissance…, ils dressent des chapiteaux sur les trottoirs, des tables avec de jolis noeuds, ils s’habillent de paillettes, invitent des moines, placent des enceintes dignes d’une rave party d’où s’échappent des sons suspects et recouvrent le tout de fleurs. Voilà la salle des fêtes, la scène de bal et le salon de dégustation prêts à accueillir les convives!

Cela dit, tout se passe dans la rue qui est un immense restaurant-shopping, salle de jeu d’échecs à ciel ouvert.

Dans le dédale de rues numérotées de la capitale, nous rencontrons « la débrouille » et les petits métiers. Les vélos « pousse-pousse » sont encore d’actualité. Tout ce qui roule et permet de véhiculer un peu de commerce et de nourrir la famille est bon à prendre. Aux coins des rues des « familles » (?) exposent sur des tréteaux à roulettes leurs éclopés de la guerre. C’est pitié de voir ces personnes exposées en plein soleil afin de faire la quête. Sont-elles encore conscientes? Ont-elles le choix de cette vie d’exposition?

Nous ne pouvons rien penser de tout cela, en discutant avec Nop, notre ami de Seim Riep, qui nous parlait des hectares de forêts qui disparaissaient chaque année pour trouver des terrains cultivables et éradiquer les animaux dangereux, j’avais eu cette réponse idiote : « Ne pensent-ils pas au futur? ». Il m’a répondu, ils veulent tout simplement nourrir leur famille. Ici à Phnom Penh l’exposition de mutilés de guerre sert sans doute à nourrir toute la famille.

Pays très dur!!!! Et pourtant, les visages affables, la gentillesse des habitants sont tels que nous nous attachons à ce pays, quelle que soit notre incompréhension de ce qui nous entoure.

Quelques mètres plus loin, je m’émeus de voir des hirondelles « crever » au bord du Mékong. Un commerce sacré au bord du temple. Les croyants achètent des hirondelles qui ont été capturées. Elles sont en cage, par dizaines, effrayées, malmenées et assoiffées. L’achat d’une hirondelle, que l’ont sert fort entre ses mains le temps de faire un vœu est sacré… Pauvres bêtes, aucune ne survit, elles sont envoyées vers le ciel avec les voeux, les souhaits d’un avenir meilleur, elles retombent sur le sol et s’écrasent, emportant les croyances d’un peuple à la dérive…

A deux pas de ces scènes du quotidien khmer, les dorures du palais royal brillent sous le soleil… Nous les visiterons demain. Tandis que quelques maisons du temps des colons français pavanent sur la grande avenue qui mène au monument de l’Indépendance.

A plus,
Nat et Dom
http://etoile-de-lune.net/etoiledelune/index.php
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