Nous quittons Ratnapura, son pont à Tuk-Tuk vraiment trop étroit (!), et les mineurs inoubliables dont le courage nous a piqués à vif. Nous avons rendez-vous ce soir avec une famille qui nous attend dans la montagne à 1431 m d’altitude. Nous nous apprêtons à changer de climat, car, paraît-il, il fait frais là-haut. Pour l’heure, nous avons du mal à y croire, car il fait 35 degrés à l’ombre. La chaleur moite nous incite à faire un léger détour, vers la cascade « rafraîchissante » de Kirindi Ella.
Mon chauffeur préféré, tapote son téléphone et entre le nom des cascades dans la base de données. Aussitôt, la docile « Madame GPS-Google Map » lui indique de changer d’itinéraire. Nous quittons les grandes routes très fréquentées, pour gravir un long serpentin de bitume désert. Il est long certes, mais de plus en plus étroit. Le point indiqué sur la carte est catégorique, les cascades sont « là » ! Rien ne vacille sur l’écran, sauf… ma confiance! Échaudée par l’expérience de la veille, le doute devient mon compagnon de route. Il s’échauffe, lorsque le « bitume » cède le pas à un chemin cahoteux encore plus étroit qui s’enfonce dans une forêt sombre. Là c’est sûr qu’il ne faut croiser personne, pas même un chat! La demoiselle, à la douce voix dans la machine, insiste : « continuez sur 2km »!

Non, je ne m'énerve pas !
Remarquant mon silence séditieux escorté d’un sourcil arc-bouté sur la position « pas d’accord », Dom, avant de s’engager sur la route immobilise la voiture sur un terre-plein où l’occupant d’un Tuk-Tuk fait une sieste. Ha, un Tuk-Tuk-sauveur ! Heureusement qu’ils sont partout. Je lui demande où se trouvent les cascades. Il m’indique qu’elles sont à gauche en redescendant par là où nous sommes arrivés.
Au moment où nous faisons demi-tour, « Dame GPS » s’insurge, et répète ses injonctions de continuer sur 2km !
Stop!
Je coupe le son.
Ceci marque la fin de notre collaboration au Sri Lanka avec la Dame !
Lorsque nous apercevons l’entrée des « Falls » nous comprenons pourquoi l’accès nous a échappé.
Deux poteaux surmontés d’un panneau tout écrit en සිංහල – Sinhala. Une langue très décorative, jolie comme de beaux dessins. Mais nous étions loin de nous figurer que cela signifiait :
« Ohé, les Cathala, les cascades que vous cherchez sont ici, du moins si vous avez de bons mollets! »
Un habitant du village voisin nous permet de ranger la voiture sur le bord de la route. À ce moment précis, nous ne savons pas que des bus y circulent. Notre ingénuité nous offre une jolie balade insouciante. Nous descendons 630 marches, ce qui devait être signalé sur ledit panneau, mais que nous ignorions également avant d’entamer la descente.
Ces lacunes cumulées nous mènent l’esprit léger, mais les mollets durcis au pied des chutes. Nous nous délectons d’une savoureuse insouciance. Seuls dans une nature généreuse. L’eau caresse la paroi rocheuse sur 116m. Quelques mélodies exotiques d’oiseaux invisibles s’échappent de la végétation.
Un délice gourmand, une douce solitude, euphorisent nos sens.
Le temps s’arrête, il nous invite à savourer, sans compter.
Arrive une petite famille, nous nous éclipsons pour leur offrir à eux aussi l’intimité intense avec la Nature.
Nous grimpons les 630 marches qui nous semblent avoir pris de l’ampleur pendant notre pause. Elles sont de plus en plus hautes à mesure que nous les gravissons ! Nous arrivons à point nommé pour dégager le passage pour un gros bus coloré.
La manoeuvre sur la route étroite, attire l’attention des enfants du village voisin qui se baignent et font la lessive en contrebas de la route. Leurs appels, leurs rires sont irrésistibles. À mesure que j’approche, j’entends des petites voix espiègles :
« photos », « photos ».
Je m’exécute avec joie.
Puis, une main chaude se pose sur mon bras, c’est une grand-mère qui m’emmène à l’écart, au pied d’un temple tamoul !
Je ne parviens pas à déterminer s’il est en ruine, ou s’il n’a pas été fini.
Certaines statues portent un drap. Personne ne parle l’anglais, nous nous comprenons dans le langage universel des sourires et signes. La grand-mère dirige les opérations. Elle me poste en face d’elle, devant l’entrée de l’autel, et me fait signe : « photo ». J’obéis à notre cinéaste avertie. La fierté dans le regard, elle me montre tout, avec force et détails, et s’assure que mon attention ne s’évade pas.
À la fin de la visite, les petites du bord de route, qui s’ébattent toujours dans le filet d’eau, m’appellent pour m’offrir une fleur qu’elles ont cueillie.
La magie est là dans les sourires accueillants. Ces moments-cadeaux, le Sri Lanka s’en montre prodigue.

« Vite ma dose » d’évasion et de zen!
Une minute pour vous projeter dans l’ambiance,
vous ressourcer aux sourires,
vous plonger dans la cascade…
Dans le prochain épisode, je vous raconterai notre arrivée au-dessus de la mer de nuages, chez Jadath, Shiromy et leur fils Siri. Là où il fait chaud au coeur et froid au-dehors. Oui, il peut faire froid (frais!) au Sri Lanka.


Tout en bas la zone commentaire vous attend
N’hésitez pas à laisser un commentaire sous le blog, ça me fait toujours plaisir, et … Vous insufflez l’énergie nécessaire pour « fabriquer » la suite …
Quelle aventure Nat merciiii tout est merveilleux dans ton blog et on ne peut qu’avoir le sourire avec vous en tout cas ça m’a fait du bien ce petit moment d’évasion
Merci également pour cette belle vidéo très apaisant ce fut un beau et agréable voyage pour moi ❤
Grand plaisir du partage Françoise, et s’il fait mouche, le plaisir est décuplé. Merci pour ton message, et bonne soirée
Zoli, zoli
Je revis le moment, la chaleur, les odeurs, les sons ne sont pas transcriptibles mais on peut les imaginer.
Bon, moi je n’ai pas compté 630 marches, il faut y retourner pour vérifier…
Ha oui ! Il faut y retourner et arbitrer cela au plus vite !
J’ai bien rigolé
et puis je me suis ému
rire et s’émouvoir dans l’évasion
quelle chance de vous lire !
» Vite une autre dose » !
Je ferai donc « au plus vite » 😉 … merci de ce message, et bonne soirée
Tellement bien écrit, on s’y croirait
Merci, belle soirée
Encore une aventure passionnante et tellement bien contée!
Merci pour cette vidéo … le chant de la cascade est un bonheur… la musique aussi ! On voyage avec vous…les photos sont superbes! Cette population affable et rieuse me rappelle celle du fenua dans les années 60…Des images assez semblables…un ressenti à l’identique.
Bravo pour cette belle présentation !
Ho comme ça fait plaisir que tu ressentes ce bonheur du Fenua au travers de ce partage
On trouve toujours le moyen de communiquer à travers sourires et gestes. Ta jolie plume est joyeuse et j’ai souri, un bonheur de lecture, belles photos et vidéo…
Merci Dany, oui, Plume est joyeuse à revivre ce beau voyage 😉
Un beau moment d’insouciance et de fraîcheur au milieu des rires des enfants… Quel plaisir de vous suivre dans votre périple sri-lankais, Nat ! Bisous
Merci Clara, oui, un vrai moment d’insouciance. Ce pays offre une gamme de sentiment qui va du grand sourire aux larmes (aussi parfois)
Je suis dégoûtée, le message que je t’avais laissé a disparu…
Je ne comprends pas ce qui s’est passé… Une superbe communication avec les gestes et les sourires… De gros bisous
J’ai bien reçu les deux messages. En fait, le message disparaît le temps que je le valide manuellement. J’ai fait ce choix pour éviter d’avoir cette boîte de dialogue complètement envahie de messages de pub, ou faite par des robots. C’est mon rôle aussi de « modérer » sans censurer pour autant 😉 … Je comprends que cela puisse paraît perturbant, c’est un choix que j’ai fait, mais rassure toi, tous tes messages sont publiés dès que je les valide
Quelle beauté et quelle sérénité dans ces photos et ces reportages d une grande qualitée , j y reviendrais pour me booster le moral .Merci a nath et dom que j ai aussi la chance de croiser de temps en temps .Christine
Merci Christine et bienvenue sur le blog, pour d’autres aventures