Résumé : Je vous emmène au coeur du silence et de la Paix profonde. Dans l’absolu dénuement du désert qui ressource! Mais avant il faut mériter notre Paradis et la piste est notre « purgatoire ».
Bonjour,
Nous quittons la région de Aus pour remonter une partie du désert du Namib. Aujourd’hui, une piste réputée à la fois magnifique et difficile est au programme. Nous choisissons en effet d’effectuer un léger détour pour prendre la D707 au lieu de couper tout droit par la C27. Ces deux axes remontent vers le nord, l’un est une piste de cailloux, l’autre une piste de sable. Cette dernière sera le grand test pour Dom qui jusqu’à présent a connu plus de pistes caillouteuses que sablonneuses. Le risque des premières : la crevaison. Le risque des secondes : l’ensablement!
Au croisement de la C13 et de la D707, une construction étrange s’érige vers le ciel. Est-ce l’oeuvre d’astronomes passionnés ? Par l’absence de pollution lumineuse la nuit, la région est réputée offrir les plus beaux et plus riches cieux étoilés du Globe.
Nous nous engageons sur la D707, la peur de l’ensablement est effacée par la splendeur des paysages. Des sommets noirs jaillissent d’un tapis de sable soyeux couleur carmin. Ce rouge lumineux domine tout le plateau. Le ciel bleu vif souligne l’immensité de cette éblouissante beauté. Nous vivons intensément notre liberté polychrome. Un espace infini, où il n’y a que nous !
Une brise chaude se lève, la température atteint 42 degrés. Fenêtres ouvertes l’air nous brûle le visage. Sur le parcours, des arbres rabougris par la sécheresse paraissent fossilisés sur place. Toute ressource vitale semble tarie et pourtant le paysage est magnifié dans l’absolu dénuement. Une leçon de vie, ou de survie! Un voyage initiatique dans le désert.
Les kilomètres s’écoulent, comme le temps. Avec la chaleur, naissent des illusions … des mirages. Des étendues d’eau nous apparaissent au pied de monts qui dansent dans une brume flottante. Un lit de rivière semble ressusciter et offrir un bain de racines aux arbres desséchés. Inaccessible trésor, l’eau est absente de cette région depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.
Affaire de compromis
Dans ce décor qui nous extirpe de nos vies, et nous sort de nos carcans, les clôtures qui emprisonnent la piste dans un long couloir sont aux antipodes de l’esprit de liberté que la Namibie suscite. Une contradiction que nous tâchons de comprendre.
Je l’ai dit déjà dans les premiers blogs consacrés à la Namibie. Toutes les Terres ici appartiennent à quelqu’un. Rien n’est vraiment « public ». Que ce soient de « grands » propriétaires terriens, ou des réserves pour protéger la nature au sens large, la Namibie est cloisonnée. Quel paradoxe que d’évoluer au sein d’une telle vastité conditionnée par des barrières!
Le parc naturel de Tirasberge
Les Namibiens grâce à leur longue expérience de leur pays, dont les conditions climatiques sont atypiques, ont placé au coeur de leurs préoccupations la préservation de l’écosystème. N’oublions pas que la Namibie est le premier pays d’Afrique à avoir inscrit la protection de l’environnement dans sa constitution, ce qui est un geste fort à intégrer dans une volonté de bien-être de la population rurale.
Aujourd’hui, 44% de la surface totale du pays est un espace naturel protégé ou géré de manière durable.
Le long de la D707, quatre agriculteurs se sont associés pour protéger cette zone de 125 000 ha. Nous sommes exactement dans ce cas de figure où l’Humain tente de gérer à la fois ses intérêts et ceux de la nature. L’écosystème est si fragile ici, et pourtant des « agriculteurs » ou plutôt des éleveurs sont venus s’établir dans le Namib des montagnes Tiras. Cela me semble tellement incongru! Des éleveurs de bétail dans un désert ! Leur terre est ingrate, et demande plus de peine que de gain. Mais ils lui sont attachés.
Ils ont compris que la surexploitation était synonyme de déprédation. Qu’ils n’avaient aucun intérêt à jouer sur des profits à court terme, mais au contraire à envisager leur environnement dans une perspective d’avenir. Une mise en place d’agriculture extensive est la seule solution dans untel milieu.
Leur alliance les engage à ne pas « surexploiter » les pâturages les années pluvieuses de sorte que les années de sécheresses, il resterait, avec une bonne gestion des ressources, suffisamment de nourriture pour les animaux. Ils ont divisé leurs vastes terrains en parcelles qui mènent toutes aux abreuvoirs. Sachant que les animaux y viennent régulièrement, lors de ces grands rassemblements, il est alors facile aux éleveurs de les aiguiller vers tel out tel autre enclos. Dans une zone aussi aride, il faut un minimum d’un hectare par tête de bétail, afin qu’il parvienne à se nourrir.
Néanmoins, lorsque la sécheresse s’éternise, les éleveurs sont obligés de se séparer de pas mal de têtes de bétail. Ce qui fait chuter les prix, et met à mal le niveau de vie des familles. En revanche, lorsque la pluviométrie est bonne, le marché leur est plus favorable. Ainsi, pour pallier ces soubresauts climatiques, en marge de leur activité, ils développent l’écotourisme.
Longeant ces clôtures qui se déroulent à perte de vue, j’imagine mal que ces mers de sable cachent des pâturages! Et puis, je pense aux travailleurs de ces grandes exploitations, à la vie de ceux qui les entretiennent. Une vie « au milieu de nulle part » à poser du barbelé…
Je pourrais partir dans quelque autre raisonnement. Et vous dire que ces clôtures protègent, mais parfois entravent la faune. Certains herbivores (je pense aux Oryx, springbok) maintenus dans telle réserve ne peuvent plus migrer lorsque l’espace qui leur est dédié n’a pas vu de pluie depuis trop longtemps. Les pluies lorsqu’elles tombent (rarement!) sur le Namib sont violentes et localisées. Une grosse pluie réveille la nature en quelques jours, elle se dépêche de se renouveler avant de retourner à une léthargie salutaire pendant les mois de sécheresse. Ainsi, une réserve privée ou nationalisée, un parc « naturel » peuvent manquer d’eau pendant plusieurs mois, voir années. Puis le hasard va faire tomber la pluie de l’autre côté des barrières… et là, les animaux sont maintenus dans un espace appauvri tandis que l’abondance règne de l’autre côté des barbelés…
Le long des clôtures plusieurs cadavres d’oryx et de springbok gisent… La région n’a plus reçu la moindre goutte de pluie depuis 22 mois. Ces pertes nous serrent le coeur, et rien ici ne nous aide à oublier la détresse des conditions climatiques qui s’aggravent avec les changements que subit notre Planète. Nous avons quitté la D707 si belle, et rejoint la C27. La polychromie nous quitte, pour un espace devenu lugubre, terne et gris. La piste cahoteuse fait râler mon beau chauffeur.
Mériter son Paradis
À partir d’ici ( et c’est légitime) Dom grogne beaucoup, mais beaucoup, beaucoup … et souvent!
J’avoue craindre pour son dos! … La piste n’est pas mauvaise, elle est très mauvaise!
Au bout de 100 km de torture, nous poussons la porte de la réserve du Namib Rand. C’est le début d’une révélation! Sur un territoire aussi vaste que l’île Maurice , nous expérimentons l’immense solitude. Mais pour la mériter, il nous faut subir une piste plus mauvaise encore (était-ce possible?) sur les 20 km qui nous séparent de l’aire de campement. Ce calvaire paraît interminable.
Miracle ! Arrivés au camp Orion, nous sortons de la voiture, nous nous redressons, et comme si nous venions de nous lever d’un parcours de santé, nous trottons au coeur de la merveille des merveilles, l’une de mes escales préférées en Namibie !
Nous installons la tente au creux de dunes vermillon, à proximité d’un point d’eau. Une pompe silencieuse tire l’eau du sous-sol pour aider oryx, springbok, girafes à survivre aux conditions. Le gardien des lieux, Hermann, qui nous a accueillis, puis laissés à notre silencieuse retraite, nous disait que le voisin (situé à plusieurs centaines de kilomètres!) avait reçu la pluie l’an dernier, mais qu’ici sur la Réserve du Namib Rand, la pluie boudait depuis plus de deux ans! Ils perdent une cinquantaine d’animaux par an parmi les oryx, springbok…
Nous logeons à 1000 mètres d’altitude environ, tout autour de nous trois chaînes de montagnes laissent dépasser leurs sommets d’une mer de sable :Bushman Hill (1690m) Chowgasberge (2063 m), Losberge (1976m). Un décor minéral où les oryx passent à proximité du camp.
Nous savourons le silence absolu. Il me semble que ce trésor tant recherché, la paix, a ouvert les vannes en grand pour déverser ses insignes bienfaits. Nous contemplons, nous nous régalons de promenades sur les dunes, nous mesurons l’immensité au bonheur ressenti d’être ici. Et puis, à la nuit venue, quel spectacle ! Les étoiles et planètes se réveillent, la Voie lactée nous éblouit. C’est magique d’être ici !
Merci la vie !
Un paradis en photos
(N’hésitez pas à cliquer sur les photos que vous aimez pour les agrandir)
Retrouvez la vidéo de cette « escale paradis » sur YouTube :
La Piste et l’arrivée au camp Orion
Nos escapades dans les dunes
A bientôt,
Poursuivons ensemble l’Aventure en Afrique
Nat & Dom
Texte et photos Nathalie Cathala.
Auteurs des vidéos : Dominique et Nathalie Cathala, montages Dominique Cathala
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le site : etoiledelune.net
Namibie sur notre chaîne Youtube : https://www.youtube.com/playlist?list=PLTpu6KpvPbAmWwrBp1NIcyLm9erS858ti
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Merci pour toutes ces beautés, ces partages du cœur qui me transporte un peu avec vous au pied de la dune… Magnifique traversée !!! <3
Merci Marie Paule pour ton commentaire, du bonheur en partage !
MERCI POUR CE MERVEILLEUX REPORTAGE !!DES PHOTOS SUPERBES c’est un agréable voyage que je viens de faire dans mon fauteuil au coin du feu .Merci
Rencontre avec le plus vieux désert du monde ! Loin de la civilisation les paysages sont sublimes, quelle résistance et adaptation pour les animaux.. Ce voyage vous transportera toute votre vie, merci de nous l’offrir en partageant vos sensations vos émotions ces merveilleux reportages..
Merci Dany, tu es parmi nos plus fidèles lectrices et en cela encourage à poursuivre le partage
Quelle superbe étape, ces dunes rouges avec le contraste de ces quelques arbres bien verts, étonnant de résistance….et bravo à vous deux pour cette aventure hors du commun. Le dessert nous amène à ressentir une paix profonde, un détachement de nos urgences…Merci de ces beaux partages
Oui … tout à fait « un détachement de nos urgences » ! Plaisir de lire ton commentaire, Monique, merci
Merci pour ce merveilleux reportage!!des photos superbes!!C’est un agréable voyage que je viens de faire dans mon fauteuil au coin du feu.Merci
un voyage à poursuivre, car la suite arrive, Amitiés Françoise
Bonjour,
1/ Vous écrivez bien et sans fautes d’orthographe !
2/ Vous décrivez avec précisions et passion tout ce que vous voyez et vivez !
Une question : je suis en train de préparer un voyage de 6 semaines Afrique du sud/Namibie. Départ : ce 28 novembre. La décision a été prise il y a à peine 10 jours.
Nous sommes en général dans l’improvisation et cela ne nous a jamais posé de souci.
Avez-vous, de votre côté, pris tous les permis et réservations (camp d’Orion par exemple) AVANT de partir ? via quel site ?
Je trouve cela contraignant mais si on ne peut faire autrement….
Bien à vous.