VANUATU : moeurs, danses et coutumes d’Ambrym

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

26 juin 2012

Bonjour,


J’ai très peu d’infos sur les us et coutumes qui mènent aux danses auxquelles nous avons assisté. Pourtant chaque danse de chaque île revêt une signification profonde, il y a la danse du vent qui demande aux esprits de pousser les pirogues à Malicolo, la danse du serpent dans les Banks, des danses de fertilisation un peu partout, …

Le costume des danseurs d’Ambrym présents à la cérémonie est très dépouillé. Ce n’est pas toujours le cas, sur cette île où la danse du ROM (funèbre) la plus connue, voit les hommes entièrement vêtus de lambeaux de pandanus et de masques extraordinaires. Ici, à Port-Vila, au milieu d’une foule vêtue de shorts et tee-shirts, nantie de téléphones portables, de lunettes de marques, de chaussures (sans doute copies) aux effigies connues et sortant de gros 4*4, les hommes d’Ambrym sont vêtus seulement d’un étui pénien ou « namba », d’une ceinture de fibre et de feuilles, parfois une plume dans les cheveux.

La musique qui accompagne les groupes de danseurs est primitive. Les hommes, épaules baissées, tête courbée, forment un cercle autour de celui qui garde le « toere ». La musique de percussion est très basique. Le groupe d’homme reste solidaire, tourne et se déplace en cercle tout en accompagnant le toere de bruits sourds plus que de chants (du moins à mon oreille de néophyte). Si le toere est ici très élémentaire, pourtant, les tambours d’Ambrym sont également réputés par leur sculptures anthropomorphes, toute la capitale de Port Vila en possède et ils font de jolies décorations pour les entrées des bâtiments publics.

Le chef de bande arbore sur la poitrine le symbole des Vanuatu, soit la défense de cochon qui forme un cercle que l’on retrouve aussi sur leur drapeau. Même si les téléphones portables sont partout, dans les îles autour de la capitale, les défenses de cochon conservent une grande valeur d’échange, notamment lors des mariages. Mon voisin, Jacques, originaire d’Ambrym me dit avec fierté que ce Monsieur est l’un des grands chefs spirituels de leur île. Il a une prescience extrêmement respectée. Alors que le groupe de danse est à plus de 50 mètres de nous, Jacques baisse la voix pour m’en parler. À tel point que j’ose à peine le photographier. Mais il m’y pousse, et me dit de traverser la « scène » ou plutôt la pelouse, afin d’aller le photographier de plus près. Arrivée à poste, et gênée de mon incongruité vestimentaire, je demande si je peux prendre quelques clichés du groupe. Un barbu, le plus ancien de tous, me répond avec un large sourire édenté, tandis que le « chef » garde son air renfrogné!

Il m’intimide!

Inévitablement je repense à nos amis, qui nous révélèrent qu’à Ambrym, tout comme à Malicolo, le cannibalisme était inscrit dans les moeurs, il n’y a pas si longtemps. Le dernier cas de cannibalisme est récent et remonterait à la fin des années 1960. Le gouvernement avait alors reconnu le droit du peuple à pratiquer ses coutumes. Une pratique réservée aux hommes ; dans cette société patriarcale.

Nous avons rencontré à Pentecôte un baroudeur qui revenait d’Ambrym, il a rencontré le dernier cannibale reconnu et encore en vie. Il aurait dégusté son propre fils, mais ne pouvait me dire quand cela s’était passé. Mais attention, ce mets
de choix est rarement au menu. Plus de 80 % de la population vit d’agriculture vivrière. (Ouf!)

Le cannibalisme étant sans doute un argument afin de faire frissonner les touristes, dont les locaux ne boudent pas les apports financiers. Un savant mélange de coutumes, de traditions incrustées dans les gênes et d’adaptation à la formule touristique capable des les enrichir. Mais pas n’importe comment. Les revenus de cette activité économique en évolution constante sont utilisés à des fins communautaires. Je reviendrai sur ce point en parlant de Pentecôte, un peu plus tard. Ne vous hâtez donc pas à tirer des conclusions.

Et surtout, il faut savoir que les anciens continuent « d’apprendre aux jeunes leurs coutumes, la « kastom », alors que les missionnaires ont essayé de l’éliminer ».

A plus, pour vous apporter une première vision des danseurs de Pentecôte
Nat et Dom

Complément d’info
« Toere est le mot polynésien pour cet instrument de percussion. Je n’ai pas trouvé d’autres termes dans d’autres langues du Pacifique et je préfère garder le terme maohi, facile à retenir. C’est un tambour sans membrane, taillé dans une simple bille de bois. La bille de bois est évidée, par une fente sur laquelle le batteur tape avec un bout de bois (souvent le Aito, arbre de fer). La sonorité est aigüe, contrairement à celle du pahu (toujours en terme polynésien) ou tambour à membrane. »

Sources
Outre les guides locaux en anglais et français mis à disposition par le ministère du tourisme
Article de Marie-Morgane Le Moël « Sur les traces des tribus cannibales de Malekula »
LE MONDE | 05.05.2010
Nat&Dom

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