Un tour au paradis, (El Nido, archipel des Bacuit)

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

8 août 2015

Bonjour,

Nous voici à El Nido, l’un des top 5 des « to do » aux Philippines. Un vieux globe-trotteur nous conseillait d’éviter tous ces sites recommandés par les guides touristiques. C’est ce que nous avons fait pendant tout notre séjour aux Philippines, sauf pour cette journée passée à El Nido. Nous avions refusé d’aller y séjourner, dans une pension ou hôtel, jugeant l’endroit trop touristique, mais il aurait été dommage de rater ces formations géologiques, ces lagons, ces plages, la balade en mer… et la rencontre avec un capitaine de choc!

Pour découvrir tout ça, Steve, notre hébergeur à San Vicente nous donne « l’adresse » d’un pot qui a un bateau et peut nous composer une journée à la carte. Nous ne voulons pas non plus être entassés à 10 ou 20 sur une banca. Nous voulons « notre » propre banca… C’est le top. Nous sommes partis depuis 4h30 du matin, nous avons franchi toutes les routes cahoteuses du nord de l’île, et … arrivés sur la plage de Coron, munis de notre plan dessiné par Steve, nous nous rendons compte que c’est plus un jeu de piste qu’une vraie indication.

Le « gars », dont il ne se souvient plus du nom, habite la dernière maison de la plage, après avoir franchi le chemin qui longe le marché. Le chemin est privé, la plage est jonchée de cabanes sur pilotis qui tiennent par « l’opération du Saint-Esprit ». En réalité, nous nous perdons dans un bidonville improvisé sur une plage qui n’a plus que le nom sans apparence. Je vous avoue que si j’avais été lâchée dans ce type d’endroit à Colon (à Panama), Caracas, Margarita (Venezuela)… ou toutes ces villes où nous avons eu à craindre pour notre sécurité, je n’en aurais pas mené large. Mais ici, au lieu de penser à nous détrousser, les habitants sortent et nous demandent pourquoi nous sommes là. Nous leur expliquons. Ils ne connaissent pas de « gars avec un bateau », tout le monde ici est trop pauvre pour en avoir un… des bancas à rames, minuscules, pour aller à la pêche, oui, mais pas ce type de banca capable de sillonner l’archipel des Bacuit. Bien que nous ne soyons pas du tout à notre place, les habitants, nous acceptent et nous « maternent » presque. Nous déconseillent quand même de rester là, mais avec une sollicitude touchante.

Nous laissons derrière nous, ces humbles personnes au sourire généreux ainsi que leur pauvreté générée par l’espoir d’un « autre monde » qu’apporte le tourisme de masse. J’ai le coeur qui se serre. Je me sens inutilement présente.

Plus loin sur la plage, des enfants nous rattrapent, un petit garçon me montre avec fierté son jeu de cartes. Il me montre mon appareil photo. Il tient à figurer sur un cliché avec son jeu de cartes. Il est rapidement rejoint par sa petite soeur. Nous jouons un moment ensemble. Nous rions. Des éclats fusent. Mais nous ne pouvons rester. Le but de la journée nous échappe. L’heure avance, les bateaux pour l’archipel des Bacuit sont déjà tous partis. Nous avons fait tout ce chemin pour rien…

Pour rien ?
Mais non !
Aux Philippines, même quand c’est trop tard, même quand on se trouve « nulle part », même lorsqu’on ne trouve personne, et bien, il y a toujours quelqu’un qui se proposera pour nous aider à réaliser nos projets.

Au-delà du Bidon de plages, quelques cabanes mal fagotées assemblées autour d’un panneau « bed and breakfast » nous redonnent espoir. Nous y trouvons une famille affairée aux tâches quotidiennes. La patriarche lève la tête à notre arrivée. Nous lui expliquons notre projet d’aller dans l’archipel des Bacuit et de trouver un bateau. Elle décroche son téléphone, elle nous demande si nous pouvons attendre une heure, le temps qu’elle s’organise… En réalité, une demi-heure plus tard nous embarquons avec Real sur un bateau rutilant. Réal prononce quelques mots de Français (que je ne reconnais pas tout de suite). Son langage est fleuri. Il sait dire « j’ai la patate »… et du coup, on lui apprend à dire « j’ai la pêche »… Real a été victime d’un AVC, tout son côté gauche est paralysé, mais cela n’empêche qu’il sait toujours manier sa banca, en compagnie de son marinero.

En route, pour l’archipel des Bacuit.

Il est composé de 45 îles calcaires. Ici, cette roche sédimentaire prend les mêmes allures que dans la baie d’Ha Long, ou que dans l’archipel de Krabi en Thaïlande. La roche est noire, harcelée par la mer, elle dessine des sculptures surréalistes, des broderies de roches, où les éruptions volcaniques ont teinté le calcaire en noir charbon.

La présence de l’homme à El Nido est très ancienne. Des traces (sites funéraires) remonteraient à 2680 avant J.-C. Tandis que d’autres vestiges attesteraient d’une occupation plus ancienne encore, qui remonterait à 24 000 ans. Les peuplades auraient profité des périodes de glaciations, des eaux peu profondes pour migrer du continent asiatique vers le sud.

Les Chinois sillonnent depuis les temps très anciens, les parages en quête des fameux nids d’hirondelles. Les archives chinoises mentionnent le site dès 1225 avant J.-C.

Les premiers Espagnols arrivent vers 1800 et baptisent l’archipel « Bacuit » (la région portait le nom vernaculaire de Talindak en langue Tagbanwa). Pendant la même période, des familles chinoises s’installent dans la région. Après diverses dénominations, la ville de l’extrême nord de Palawan trouve son nom définitif en 1954 : El Nido. Le nom désigne les nids des salanganes (Martinets ou collocalia fuciphaga) Hirondelles des mers. Les Salanganes nichent dans les anfractuosités des falaises calcaires. Leur cueillette est très règlementée. Seules quelques familles ont droit de prélever les précieux ingrédients à la soupe chinoise. Si le prix de vente (3000 dollars le kilo) fait sursauter, les cueilleurs ne sont pas forcément riches. Cette activité est dangereuse, le travail pour arriver au produit fini est titanesque, et le prix final n’est jamais celui qui est versé aux cueilleurs. De plus, pour arriver au kilo, il faut un nombre incalculable de nids pesant quelques grammes à peine.

Aujourd’hui, plus de 30 000 personnes vivent dans la région autour de El Nido. Son économie actuelle est basée sur la pêche, le tourisme, l’agriculture et la cueillette de nids d’hirondelles. Le tourisme a réellement démarré dans les années 1980 après une découverte fortuite. Légende ou réalité? Un bateau de plongeurs se serait égaré une nuit de 1979, les plongeurs se seraient réveillés émerveillés de trouver des falaises noires contrastant avec l’émeraude des lagons et le doré des plages étincelantes. Un an plus tard, un tourisme embryonnaire axé sur la plongée sous-marine démarrait. Depuis 1991, El Nido est une réserve marine et une réserve terrestres. C’est l’un des huit sites prioritaires du pays, couvrant une superficie totale de 903.21 km2. La population est éduquée afin de préserver ce patrimoine. Malgré tout, le snorkeling n’offre pas de grandes surprises, en raison du réchauffement, les coraux mous ont disparu, par contre, il reste de belles plongées bouteille pour les amateurs.

L’archipel des Bacuit et El Nido est l’un des premiers spots attirant le plus de touristes sur les Philippines. Néanmoins, si l’impression « oppressante » est palpable au coeur de El Nido qui grouille et pétarade de partout, c’est que le village est victime de son succès et surtout coincé entre la mer et des falaises, ce qui l’oblige à agglutiner tout le monde. Néanmoins, nous n’avons jamais eu l’impression ressentie lorsque nous étions dans l’archipel de Phang Nga, en Thaïalande, où là (!) l’expression de « tourisme de masse » prend tout son sens.

Au-delà d’El Nido, on respire, tout est calme. Je n’ai pas creusé l’éventualité de séjourner sur la plage de Coron, mais ce doit être possible sans avoir à débourser les 600 euros demandés par les rares hôtels de luxe(type Bora Bora) de l’archipel des Bacuit (prix qui n’est pas en rapport du tout avec ceux pratiqué aux Philippines en général)… Par contre, cela vaut la peine de débourser, 10 ou 20 euros de plus pour se choisir son propre itinéraire, se trouver un bateau « particulier » pour sillonner l’archipel aux 45 îles. Là, on se donne l’occasion de naviguer, seuls au paradis.

En route pour un album photo qui vous entraîne entre falaises calcaires anthracites et lagons émeraude psychédéliques. A la suite des photos, vous trouverez une vidéo vous racontant notre « épopée »…

A plus, quelque part entre L’Indien et le Pacifique
Nat et Dom sur les chemins du monde
Texte et photos Nathalie Cathala, tous droits réservés, pour toute utilisation me contacter
http://etoile-de-lune.net/accueil/index.php

Visualisez la vidéo, n’hésitez pas à utiliser les outils de clé à mollet de YouTube pour la regarder en haute définition.

Sources bibliographiques
Wikipedia
Bibliothèque du voyageur, Gallimard

L’archipel de Bacuit

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2 Commentaires

  1. frejaville dany

    Mercii Nati et Dom pour ce merveilleux tour de paradis avant d’aller dodoter ! si bien photographié ! filmé ! raconté ! le lagon secret un joyau !

    Réponse
    • Nat & Dom

      Merci Dany… à toi de ce commentaire qui donne l’envie de continuer à raconter, et à partager

      Réponse

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