Nous les aimons tant! Que sommes-nous prêts à faire pour leur sauvegarde?

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

10 octobre 2017

Namibie Étape 4 : Safari-photo en taxi-brousse. Rencontre avec les herbivores parfois étranges et …deux guépards. Questions sur la conservation de la faune en Afrique. Différents lieux où rencontrer les animaux sauvages. Quel comportement responsable adopter? Quid du braconnage? Le présent et l’avenir du patrimoine faunique le plus riche au monde. Chacun à notre niveau, nous pouvons agir.

Bonjour,

Aujourd’hui, nous nous préparons pour notre premier « safari ».
D’où vient ce mot?
Que signifie-t-il?
Je n’aimais pas ce terme, car il véhiculait pour moi, une horde de braconniers qui n’avaient pour but que d’accrocher des trophées à leur tableau de chasse. À l’origine, le terme vient de Safara en arabe qui signifie « voyager ». Puis, au milieu du vingtième siècle, la langue swahilie (groupe linguistique bantou, localisé entre la Somalie et le Mozambique, incluant les Comores) transforme « safara » en safari et signifie « bon voyage ». Afin de nous dissocier des prédateurs armés de fusils ou d’Arbalettes sophistiquées, nous parlons de « safari-photo », seule arme, qui à terme, permettra peut-être de « sauver » la faune de l’Afrique?

Départ accompagné pour notre premier Safari, ou « Game Drive » (nom utilisé en Afrique Anglophone)

Un safari bien accompagné !

Afin de ne pas commettre d’erreur, vu que nous sommes totalement débutants en la matière, nous partons pour l’après-midi avec un ranger, à bord d’un « taxi-brousse », un véhicule tout-terrain complètement ouvert, et surélevé, pouvant embarquer jusqu’à 9 personnes. Idéal pour dominer le « bush », ces buissons de savane derrière lesquels les animaux se cachent, dorment, tentent de trouver quelques feuilles, voire épines à manger en ces mois arides ou la disette fait rage.

Nous nous laissons conduire au coeur des dunes, et au début nous ne voyons absolument rien, sauf ce spectacle de dunes rouges qui se succèdent à perte de vue au coeur desquelles un lac salé asséché (Pan) s’étale jusqu’à l’horizon. Le paysage prend des dimensions d’infini. Le camouflage est un art! Aussi grands soient-ils, il faut un oeil exercé pour observer les animaux d’Afrique. Je pensais que leur robe, noire et blanche, fauve ou parfois excentrique était visible à des kilomètres à la ronde. En réalité, leur pelage est parfaitement adapté et brouille le regard le plus aiguisé. Une étude est parue sur les zèbres et tenterait de démontrer que les rayures noires et blanches gênent énormément les prédateurs lorsqu’ils les coursent.

Nous naviguons sur une mer de dunes rouges au coeur du Kalahari

Les enseignements de notre guide portent rapidement leurs fruits. Et pour une première découverte, nous comptons à notre tableau d’observation, un panel représentatif d’herbivores incroyablement adaptés à ce milieu semi-désertique. En quelques heures, nous croisons le sillage d’Oryx, de Grands Kudus mâles et femelles avec leurs petits, de Springboks, de Gnous noirs, de Girafes, de Gnous bleus, d’Autruches, de Zèbres de Burchell ou Zèbres des plaines, ainsi que du timide Steenbok. Neuf espèces ! C’est un très bon début ! Qui augure de belles journées à venir, lorsque nous serons seuls à sillonner les plaines de Namibie et d’Afrique du Sud !

Aussi grands soient-ils, les animaux possèdent l’art du camouflage.

Nous en sommes au stade de la découverte, et nous tenons les comptes : 8 Oryx, 5 zèbres, 6 girafes … Mais au cours du voyage, j’ai cessé le comptage de certaines espèces et en particulier des herbivores. En effet, nous reverrons souvent ces animaux. Certains comme l’oryx, le springbok, les gnous bleus, les girafes seront si présents qu’ils deviendront aussi familiers que la vache ou la chèvre de nos campagnes européennes. Par contre, il en est un que nous ne verrons qu’aujourd’hui. Le gnou noir, ou gnou à queue blanche (Connochaetes Gnou). Un prochain blog vous racontera l’aventure de ce gnou qui a failli disparaître !

Le gnou noir, ou gnou à queue blanche a failli disparaître des plaines d’Afrique. Il est à présent sorti des listes des animaux en voie de disparition

Fin de journée en compagnie de deux orphelins

Nous finissons la journée en compagnie de deux guépards, Etosha et Tuano Rolf. Deux mâles retrouvés orphelins dans le bush. Ils n’auraient pas survécu sans être recueillis par l’homme. Je n’aime pas les animaux en cage. Ici, les deux frères vivent dans un vaste enclos de 12 hectares. Ils sont nourris par l’homme. Certains soirs, ils voient plusieurs dizaines de touristes faire la ronde autour d’eux pour un « selfie ». C’est « l’Attraction » du Ranch Bagatelle. Il n’y a pas à dire, les guépards sont bien nourris, ils sont d’ailleurs un tantinet grassouillets! Leur ligne de coureur émérite n’est pas franchement visible!

Aurait-on pu envisager un sauvetage de ces animaux, puis une remise en liberté? Une semi-captivité qui leur aurait donné l’occasion de chasser? Leurs gardiens nous assurent que lorsqu’un rongeur passe dans leur territoire, ils n’en font qu’une bouchée…Ce qui me chagrine dans ce cas précis, c’est l’utilisation des deux félins comme des « matous ». Beaucoup y trouvent leur compte : les propriétaires tirent un bénéfice, les touristes obtiennent le cliché rêvé de cet animal trop discret en pleine liberté. Tout le monde ferme les yeux, et la bonne conscience nous conforte dans l’idée qu’ils n’auraient pas survécu.

Etosha et Tuano Rolf les frères guépards orphelins recueillis par le Ranch Bagatelle

Je suis dubitative…
Les questions fusent en moi. La situation demande une certaine réflexion…

Certes, on peut imaginer sauver deux orphelins et puis par des méthodes éprouvées dans les différents centres de sauvetage des félins (Africats, CCF… ce sera l’objet d’autres blogs), voir des « instructeurs » se substituer à la mère défunte et leur apprendre à chasser afin d’être réintroduits sinon en milieu sauvage, au moins dans de vastes réserves protégées où ils devront subvenir à leurs besoins par eux-mêmes. Mais à Bagatelle, on ne veut pas risquer la vie des herbivores introduits à grand-peine sur le ranch. L’écosystème est adapté, mais, clôturé, il ne supporterait pas la prédation. Et on ne peut risquer la vie des guépards en terre libre, car ils seraient en quelques jours éliminés par les éleveurs de la région. Les éleveurs d’Afrique sont équipés d’une variété aussi grande qu’affreuse de pièges afin d’éradiquer de leurs terres la prédation au bétail. C’est fou. J’ai eu l’occasion de voir l’arsenal du parfait éleveur prêt à tout. Vous n’imaginez pas qu’une telle barbarie fut possible en matière de pièges! La Namibie se partage donc en deux camps, celui des défenseurs de la faune endémique, et celui des éleveurs de bétail.

L’arsenal des pièges imaginés par les éleveurs pour éradiquer les prédateurs (présentation à Okonjima)

En Afrique, et plus largement dans le monde entier, tous les animaux subissent l’action de l’humain :
– déforestation,
– conflits d’intérêts entre la faune et les éleveurs voire les agriculteurs,
– la surpopulation humaine mondiale repousse les animaux dans leurs derniers retranchements,
– les guerres civiles et interethniques font subir à la faune des dommages collatéraux impressionnants, notamment en Angola, Mozambique, Rouanda (la liste est trop longue),
– Les chasseurs de trophées avec ou sans permis rajoutent leur lot de disparition au tableau déjà bien chargé.

Je me demande… Ces animaux doués de raison, quel regard portent-ils sur le genre bipède « dit » intelligent?
Dom me dit souvent devant ce carnage dont nous avons été témoins en Asie… en Afrique : « il faudrait vider un des continents de ses humains et le laisser à l’écosystème (faune, flore) qui pourrait se développer à son rythme, sans aucune action humaine. Utopie… et pourtant, on en rêve!

Que pensent-ils de nous ?

 

Où voir les animaux ?

 

 Voir les animaux dans les parcs d’attraction, zoo et cirque

C’est le moyen le plus simple de voir un maximum d’animaux, pour un budget minimum et un minimum de temps consacré. Il suffit d’une soirée au cirque, d’une journée au Zoo ou dans un parc d’attractions animalier près de chez nous. D’une visite au monastère en Thaïlande (pour voir les tigres)…

D’emblée, réglons le sort des cirques qui utilisent des animaux sauvages : CELA NE DEVRAIT PLUS EXISTER! Trop de cirques en faillite abandonnent leurs pensionnaires dans des conditions inacceptables. Trop de cirques maltraitent les animaux. Certaines associations, en Afrique du Sud, récupèrent les félins dans des états abominables. Sous la pression de leurs concitoyens, et en l’absence d’une législation claire au niveau national, quarante-deux villes de France ont interdit les cirques qui utilisent les animaux. Vingt-six pays au monde interdisent déjà totalement l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques, dont 16 pays d’Europe (l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, Chypre, la Croatie, l’Estonie, la Finlande, la Suède, la Grèce, la Hongrie, la Lettonie, Malte, Pays-Bas, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie). Que la France se mette au diapason, de l’humanité animale!

Voir les animaux malgré tout?

Les critiques fusent souvent à mes propos, et on me répond :  » si ces structures n’existaient pas, mes petits enfants, nous-mêmes n’aurions jamais la chance de voir ces animaux en « vrai ». Oui, c’est certain. Je ne conteste pas. Le plaisir d’une journée vaut-il le sacrifice d’autant de vies? Si vous désirez en savoir plus et vous donner une conscience de ce qu’il se passe vraiment dans ces attractions touristiques, lisez cet article du Monde-Biodiversité : (http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/03/22/maltraitance-animale-les-dix-attractions-touristiques-les-plus-cruelles_4888093_1652692.html)

Pour étayer cette réflexion nous avons « testé » les tigres de Thaïlande pensionnaires des monastères, ou soi-disant ils aident à la méditation. Nous sommes revenus dégoûtés de ce business à grande échelle sur ces bêtes anesthésiées, enchaînées en plein soleil pour qu’on puisse les approcher. Pour votre information 97% des tigres ont disparu en un siècle. L’Asie est également un continent sinistré en matière de faune, mais quel continent ne l’est pas? (voir blog : http://voyage.nat-et-dom.fr/2013/04/04/2546)

Tigre enchaîné en plein soleil dans les monastères de Thaïlande

Nous avons testé Casela, à Maurice, une formule de parc qui fait des « petits » dans le Monde. En une journée on a la sensation d’avoir fait un « safari » (à condition de ne jamais en avoir fait un vrai!). L’espace consacré est relativement grand. Mais l’est-il suffisamment pour y passer sa vie en tant que lion, autruche, zèbre, rhino, antilope? Les gardiens nous assurent qu’ils récupèrent des animaux orphelins ou qui n’auraient pas survécu dans leur milieu naturel… Si certaines espèces se partagent plusieurs hectares pour s’ébattre, la plupart des carnivores et prédateurs vivent en cage. L’attraction qui fait le bonheur de tous, c’est « la marche avec les lions ». J’ai appris bien après y avoir participé que les lions qui marchent avec les humains sont de jeunes adultes, au-delà de l’âge de 5 ans ils sont trop dangereux et ils sont retirés du circuit.

La marche avec les lions à Casela (île Maurice), photo de notre amie, que nous accompagnons pour la journée de « Safari ». Cette activité est largement développée en Afrique du Sud

Qu’advient-il des adultes?

Lorsqu’on songe au nombre de lions nécessaire pour maintenir l’activité année après année la question mérite d’être posée. Dans le cas d’un parc animalier tel que Casela, le nombre de lions adultes « mis à la retraite » est trop important pour rester sur place, il faudrait y consacrer l’équivalent de l’île Maurice ! Rien n’est prouvé, dans le cas précis de Casela, mais l’activité de la « marche avec les lions » ou de « caresser les bébés lions » est répandue en Afrique du Sud et s’étend au monde de l’attraction animalière. Tom Moorhouse, auteur d’une étude à ce sujet explique « Il y a une inconnue dans l’équation. On sait que les lions adultes sont revendus, on sait qu’il y a un marché d’os de lions envoyés en Chine, on sait qu’il y a de nombreux lions qui arrivent dans les chasses closes…?» (Source :http://www.lemonde.fr)

Je précise que le terme « chasses closes » ou « chasse en boite » est intimement lié à la pratique de pseudo-chasseurs qui font un carton sur un trophée à bon compte. D’après le site (les-félins.com) des lions qui n’ont jamais connu la liberté, voient leur cage s’ouvrir dès qu’ils ont franchi les portes ils sont abattus.
Scandaleux, n’est-ce pas?
Tellement que cette méthode est décriée par les chasseurs eux-mêmes qui estiment « qu’elle dévoie le véritable esprit de la chasse, en ôtant un élément fondamental : la possibilité pour l’animal de s’échapper. »

Des soldes pour un trophée !

Selon Patrick Barkham, parti enquêter dans une de ces immenses propriétés d’Afrique un lion sauvage abattu lors d’un safari en Tanzanie peut coûter 50.000 livres sterling (60.725 euros), contre 5.000 livres sterling (6.072 euros) pour un spécimen qui a commencé sa vie dans les bras des enfants à se faire câliner, qui l’a poursuivie en marchant avec des humains adultes, qui s’est achevée à la sortie d’une cage!

20 000 trophées par an sontdes espèces menacées ! Jusqu’à 1,7 million de trophées de chasse ont fait l’objet d’un commerce transfrontalier entre 2004 et 2014. Sur la même période, au moins 200 000 taxons menacés, soit une moyenne de 20 000 trophées par an, ont été chassés et vendus d’un pays à l’autre. (Un taxon correspond à une entité d’êtres vivants regroupés parce qu’ils possèdent des caractères en communs). 

Un marché d’os!

En 2009 la vente d’os de tigres fut interdite. Je rappelle qu’en un siècle la population de tigres a diminué de 97%. Le marché de l’os de félin utilisé dans la médecine asiatique s’est donc… « tout naturellement » tourné vers le lion. Le marché a « bien » évolué puisqu’en 2009, on comptait à l’exportation de l’Afrique du Sud vers le Laos « seulement » cinq squelettes de lions en provenance d’Afrique du Sud. En 2011, 496 dépouilles de lions furent exportées. Des fermes de plus en plus nombreuses font naître des lionceaux qui une fois adultes, seront vendus pour être tués. (Sources : http://www.les-felins.com)

La médecine asiatique fait des ravages à tous les niveaux de l’écosystème mondial : requins, mammifères marins, félins, cornes de rhino et d’éléphants. Une machine à détruire au nom d’une médecine surtout dédiée à … la libido!

 

 Voir les animaux au sein de Ranch privés en Namibie

Les ranchs sont des réserves clôturées appartenant à des propriétaires privés. Parfois, ce sont d’anciens éleveurs reconvertis dans le tourisme voire l’écotourisme. Les propriétés sont vastes et localisées au sein même de l’écosystème des animaux, qui y vivent « comme à l’état sauvage ». Seule la clôture fait la différence et définit le nombre d’animaux possible en fonction du nombre d’hectares disponibles. Une formule qui offre une sécurité certaine aux animaux (à condition que les propriétaires respectent une éthique de protection de la faune, ne cèdent pas au lobby des chasseurs, toujours plus généreux que les touristes-photographes)

La réserve attenante au Ranch Bagatelle est si vaste qu’à perte de vue, nous ne voyons pas de barrières

 Voir les animaux dans les réserves et parcs nationaux

Pour schématiser, les parcs nationaux sont des territoires protégés financés par le gouvernement. Les réserves sont des espaces qui varient en taille, clôturés ou non, qui sont financées par des fonds privés ou gouvernementaux, voire les deux. Parcs nationaux et réserves peuvent couvrir des superficies équivalentes à certains pays d’Europe. Le parc national sera sans doute plus vaste qu’une réserve privée. L’un ou l’autre ne disposera pas nécessairement de plus de moyens pour protéger la faune. Plus le territoire est vaste, plus il est difficile d’engager un nombre suffisant de « ranger » pour empêcher le braconnage qui est attiré par l’abondance de la faune. Certaines zones protégées ont recours à de véritables méthodes militaires. D’anciens paras, légionnaires à la retraite sont engagés par les réserves et les parcs nationaux qui ont à coeur de défendre la faune contre le braconnage.

La zone de protection transfrontalière Kavango Zambezi ou Kaza. La plus vaste zone protégée au monde à cheval sur 5 pays.

Chaque réserve définit son domaine de conservation et ses moyens de financements :
– Protéger telle ou telle espèce (les « big cats, les éléphants, les herbivores… ),
– Favoriser la reconstitution de l’écosystème,
– Réintroduire les espèces dans leur milieu,
– Éduquer les éleveurs voisins afin que l’animal parvienne à vivre avec l’humain, cela passe parfois par le dédommagement des éleveurs, en cas de perte
– la liste n’est pas exhaustive.

Les réserves et parcs nationaux se spécialisent et chaque année naissent des associations en vue d’améliorer les conditions de la faune en Afrique.

En 2012 fut créée la plus grande réserve animalière au monde. « Le traité a officiellement été signé le 15 mars en Namibie. L’Angola, le Bostwana, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe ont formé la zone de protection transfrontalière Kavango Zambezi ou Kaza. » « La réserve s’étend sur une superficie d’environ 500 000 kilomètres carrés, équivalente à la France. Cette zone a été divisée en 36 parcs nationaux et réserves privées. On y trouve les noms prestigieux des plus magnifiques parcs nationaux tels que Chobe, de Lower Zambezi, des chutes Victoria, de Morémi ou de Hwange »

Les animaux y trouvent-ils une réelle sécurité?

En 2014, le milliardaire et philanthrope Paul Allen (cofondateur de Microsoft, 45e fortune mondiale) a lancé le plus grand recensement de la population d’éléphants jamais effectué sur le continent! « Jusqu’à présent, les différentes études avaient prouvé que la grande majorité des défenses d’éléphant confisquées sur le marché noir provenaient de deux vastes régions du continent. L’une à l’ouest, dans la région du bassin du Congo ou les éléphants des forêts subissent un braconnage massif et l’autre à l’Est dans la région nord Tanzanie/ sud Mozambique ou l’abattage des éléphants des savanes est tout aussi terrifiant. Ses deux « hotspot » du braconnage étaient considérés comme les cimetières de la grande majorité des 30.000 éléphants tués chaque année. » Cela signifie que 82 éléphants sont tués quotidiennement sur le continent africain.

Quel avenir pour les éléphants au rythme où le braconnage fait rage?

« Les résultats de l’étude publiée le 3 mars 2016 montrent qu’un troisième « Hotspot » de braconnage sur éléphant se situe dans l’immense zone du delta de l’Okavango et du Zambèze connue sous le nom de KAZA TFCA. Au sein de cette immense étendue dédiée à la « protection », le parc de Sioma Ngwezi est situé dans la région de Kwando en Zambie et n’avait pas, jusqu’à présent, attiré l’attention. Cette région de 5000 km² est aujourd’hui la pire zone de braconnage des éléphants de savanes sur l’ensemble du continent africain, 95% des éléphants du parc de Sioma Ngwezi ont disparu. Les braconniers opèrent en toute impunité, car il n’y a pas d’écotourisme, aucun chercheur, et très peu d’initiatives anti-braconnage contrairement aux autres parcs faisant partie de l’ensemble KAZA. »
(source : https://actualitefaunesauvageafricaine.com/author/budpumba/)

Cette étude concernait les éléphants exclusivement, mais toute espèce animale est concernée. Pour les seuls cas qui ont jalonné notre parcours, en Afrique du Sud le braconnage sur toute espèce confondue du Kruger Parc n’est toujours pas endigué. En Namibie, lors de notre séjour à Etosha 5 rhinos ont été abattus à quelques pas du poste de garde… Je ne parle là que des cas que je connais, mais la liste de ces méfaits est malheureusement bien plus longue, bien trop longue !

Les réserves qui ne cachent pas leur jeu !

Les fils Thrump et leur trophée. Un léopard. ( Ce carnivore est malheureusement l’un des félins les plus menacés au monde. Depuis 1996, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) classe cette espèce en danger critique d’extinction.)

Parfois, il faut l’avouer, la marque de fabrique de certaines réserves est la chasse ! Autrement dit, le braconnage plus ou moins en règle. Les permis de chasse s’obtiennent auprès des gouvernements. Les bénéfices de ces tueries sont donc à partager entre les autorités qui « donnent » le droit, et les réserves qui « donnent » accès. Certaines campagnes de chasse sont organisées pour réguler la population animale. Cela dit, si les animaux n’avaient pas à partager leur écosystème avec l’humai très envahissant, il n’y aurait pas à le faire, et l’autorégulation règnerait.

Wilfried Pabst, le dirigeant du Ranch Sango dans la Réserve de la vallée de Savé (Zimbabwe) ne se cache pas de faire fonctionner sa réserve à coups de fusil! L’homme d’affaires allemand avoue faire des bénéfices grâce à « l’argent que les riches touristes déboursent pour chasser les grands mammifères d’Afrique ! » (dixit lui-même!) Ainsi, une partie des touristes se balade, appareil photo autour du coup et s’émerveille de la faune, tandis que d’autres « touristes » en VIP chassent et tuent. Les deux branches touristiques ne se rencontrent pas, bien évidemment!

Selon Le Guardian, « 60% des fonds nécessaires au fonctionnement de Sango proviennent de l’achat de permis de chasse, qui peuvent se négocier plusieurs dizaines de milliers de dollars à l’unité. Selon Pabst, « Sango ne pourrait survivre » si cette pratique était subitement interdite au Zimbabwe : le parc serait « à court d’argent en quelques mois et les 200 000 animaux qui y vivent seraient probablement braconnés en moins d’un an ». Chaque année, 200 animaux sont ainsi chassés à Sango, parmi lesquels on retrouve tous les grands mammifères évoluant dans le parc à l’exception des 160 rhinocéros (qui sont en permanence surveillés) et des chiens sauvages d’Afrique, protégés au Zimbabwe ».

Malgré l’apparent succès du modèle prôné par W. Pabst, la pratique reste polémique : en 2009, l’UICN estime dans un rapport que si « la chasse a joué un rôle de conservation en Afrique, il n’est pas certain qu’elle le jouera à l’avenir dans les mêmes conditions. Par contre, elle ne joue pas de rôle économique ou de rôle social significatif. » (sources : http://www.especes-menacees.fr/actualites/7500-animaux-transfert-parc-national-zinave-mozambique/)

Ce dernier point est crucial : la chasse mobilise des milliers de kilomètres carrés, mais ne crée qu’une poignée d’emplois. Les communautés locales n’en bénéficiant pas pour éduquer, accéder à un niveau de vie meilleur, entrer dans une nouvelle aire qui les sortiraient du marasme… Seul l’égo de quelques chasseurs de trophée gagne en sordide, des officines d’Asie se remplissent de pseudo-remèdes et quelques poches se remplissent subrepticement! La faune quant à elle s’amenuise et depuis ce rapport en 2009, il est avéré, que pour de nombreuses régions d’Afrique, la chasse n’est plus guère nécessaire à réguler les populations exsangues !

Pour la peau d’un lion !

no comment !

Rappelons que c’est au Zimbabwe, dans une des zones du Kaza (sur les terres du très prestigieux et « hors de soupçon » parc de Hwange) qu’éclata l’affaire Cécil. Le lion a été braconné par le dentiste américain en juillet 2015, alors que ce lion avait fait l’objet d’études scientifiques et était donc habitué à la présence humaine. Que se passa-t-il ensuite? Dès le mois d’octobre 2015, à peine 3 mois plus tard, les charges retenues contre le braconnier, Walter Palmer et l’organisateur de la chasse, Theo Bronkhorst, sont abandonnées. Cette affaire a mis en lumière que dans un parc national de la zone Kaza, la chasse à l’arc des lions, des léopards et des éléphants est autorisée par le gouvernement. Incroyable pour cette vaste zone qui était annoncée protégée par le WWF !

« Cette affaire suscita des propositions de loi pour bannir l’importation de trophées de lions aux États-Unis et dans l’Union européenne. Ces discussions ont convaincu de nombreuses compagnies aériennes, comme American Airlines, Delta Air Lines, United Airlines, Air France-KLM, Iberia, IAG Cargo (en), Singapore Airlines, Qantas, South Afrikans Airways, Emirates, Lufthansa et British Airways de prendre des mesures volontaires pour bannir le transport de trophées de chasse sur leurs appareils ».

En décembre, le Fish and Wildlife Service des États-Unis classe les lions d’Afrique parmi les espèces « en danger », ouvrant la porte à davantage de régulations sur l’importation et l’exportation des trophées de lions ». (Source : Wikipedia)

Des lobbys plus forts que la vie !

Plus de temps à perdre !

Le facteur humain semble ingérable. La plupart des populations sont trop pauvres pour penser à « demain ». Lorsqu’un braconnier leur propose 50 000 euros pour une tête de rhino, ils se rendent complices de l’assassinat pour l’appât du gain immédiat. Il y a là un problème majeur entre l’Avenir du continent avec un grand « A » et l’intérêt personnel de chacun. Les braconniers trouvent appui dans une chaîne inextricable d’intérêts, du plus pauvre citoyen, aux fonctionnaires et autorités qui ferment les yeux contre un dessous de table.

« En quelques années, le trafic des espèces animales s’est considérablement intensifié, avec un chiffre d’affaires mondial désormais estimé à 20 milliards de dollars par an. »(source:http://www.ladepeche.fr)

Pour ces trafics lourds en dollars, les braconniers sont prêts à tout! En face de ces prédateurs redoutables, certaines personnes courageuses, passionnées, engagées étudient les solutions afin de reconstituer la gent animale et de combattre les effets destructeurs des Humains.

Le 17 août 2017, Wayne Lotter est abattu dans un taxi en Tanzanie. « Wayne Lotter avait cofondé, en 2009, une association de protection de la nature, la Protected Area Management Solutions (PAMS). Fondation, à la pointe de la lutte contre les trafics d’espèces sauvages. Par un savant mélange de renseignement, de travail avec les communautés et de gestion des aires protégées, elle avait conduit à démanteler de vastes réseaux, contribuant à faire arrêter et condamner des centaines de braconniers. » (Source : Le Monde) « Grâce à ses méthodes révolutionnaires, une baisse notable du braconnage avait été enregistrée en 2014. Et ceci grâce aux efforts conjoints de l’association et d’une unité d’élite spécialisée dans les crimes « graves » nationaux et internationaux (NTSCIU), dont le braconnage.

Dans les faits, la fondation PAMS aide au financement de cette unité, qui a arrêté près de 900 braconniers ces dernières années, dont la Chinoise Yang Fenlan, surnommée la « reine de l’ivoire », actuellement jugée pour le trafic illégal de 706 défenses d’éléphant entre 2000 et 2014. En mars, le plus célèbre trafiquant d’ivoire tanzanien, Boniface Matthew Maliango, surnommé « le Diable », a été condamné à 12 ans de prison après son arrestation par la NTSCIU. » (Sources : L’obs)

Saisie de défenses d’éléphants

Entre Cécil et Wayne, il n’y a pas de différence aux yeux des braconniers qui s’érigent en véritable MAFIA. Tout comme la mort de Cécil, l’assassinat de Wayne Lotter auront fait la « Une » pendant quelques jours, puis les « communications » sont brouillées, le public oublie et l’odieux commerce poursuit son carnage!

Une note d’espoir, et des paris réussis.

Nous le verrons dans d’autres blogs, plusieurs organisations réussissent à sauver des vies. Pour ne citer qu’eux, mais les initiatives fusent sur le continent, des associations telles que Africats, le CCF déploient une énergie incroyable au sauvetage des « gros chats » (lions, hyènes, léopards, guépards…) Le parc Addo Elephant Camp est également un exemple de sauvetage des pachydermes où le braconnage n’existe pas.

 Aimer oui! Mais autrement…

En conclusion, je voudrais réfléchir avec vous, sur notre manière d’aimer. J’ai vu passer une étude, d’une scientifique qui avait demandé aux visiteurs des parcs d’attractions animaliers ce qui les motivait à venir. Ils ont répondu en majorité : « l’amour des animaux ».
Paradoxal!
Apprenons à aimer les animaux autrement!
Les mettre en cage pour notre plaisir n’est pas les aimer! Ne cherchons plus à les voir pour « de vrai ». Apprenons à désirer qu’ils vivent leur vie ailleurs qu’en cage, dans un aquarium ou à faire le cirque! Apprenons à nos enfants l’extrême nécessité de se passer de ce « plaisir-consumériste » d’un jour. Expliquons-leur que nous aimons les animaux lorsqu’ils sont protégés et en liberté! Aimons-les dans leur milieu naturel, tant de reportages sont diffusés à la Télévision, sur le Net pour que nous les voyions évoluer comme nous ne les verrions jamais dans ces structures de loisir. Et je commence ce souhait par moi-même : je m’engage à ne plus cautionner par mes visites ce type d’activité. Et, si au cours de nos voyages, je suis témoin d’une mauvaise « utilisation » des animaux, je le signalerai, à mon niveau, afin de le faire savoir, le plus largement possible. Cette démarche paraît risible, pourtant, tous nous nous sommes unis, chacun à notre niveau pour dénoncer les agissements des moines en Thaïlande sur les tigres. Et les choses ont changé. Le gouvernement est intervenu. (voir cet article de Simon Evans : Clap de fin pour le très controversé « temple des tigres » de Thaïlande http://www.huffingtonpost.fr/simon-evans2/fermeture-temple-des-tigres-thailande_b_10333236.html)

Pour les escales qui vont suivre en Afrique nous aurons à coeur de nous renseigner sur la conservation des écosystèmes que nous traversons. Nous avons choisi des lieux où nous étions certains que tout était mis en oeuvre pour le bien-être et le sauvetage de la faune, de la flore et plus largement de l’écosystème. Nous avons à tout niveau boycotté les structures où il y avait doute sur une complicité voire des facilités de braconnage. Souvent, au cours de ce voyage, une lueur d’espoir nous est apparue.

Ne baissons pas les bras, et chacun, à notre niveau, contribuons à inverser le rythme destructeur, revenant à des principes de respects, qui sauveront notre Planète.

Skangui, une springbok recueillie orpheline traîne autour de notre campement. Elle vaque librement sur toute la réserve, venant près des humains quand ça lui chante

La navette qui fait la liaison avec entre le campement et le ranch est on ne peut plus écologique !

Gnou noir ou gnou à queue blanche (Connochaetes gnou)

Gnou bleu (Connochaetes Taurinus)

Sur la route, priorité aux gnous

 

Grand kudu mâle (Tragelaphus strepsiceros)

Zèbre de plaine ou Zèbre de Burchell (Equus Burchelli)

Vastes plaines où s’ébattent une population d’herbivores du Kalahari

Girafe, oryx, springbok, trois tailles, trois formats représentatifs de la diversité des herbivores d’Afrique

Cob à croissant (Kobus ellipsiprymnus) Grande antilope importée dans le ranch, car sa zone endémique est la bande de Caprivi

Maman Kudu et son jeune qui joue à « petit pont de jambes »

Springbok (Antidorcas marsupialis)

Chaque rencontre, chaque scène que nous offre le Kalahari est un  émerveillement

Scène tranquille ! Ils ne semblent pas inquiets

Le raphicère ou steenbok (Raphicerus campestris) semble toujours aux aguets avec ses grandes oreilles dressées

Oryx ou gemsbok (Oryx gazella) Magnifique antilope qui n’a pas son pareil !

Etosha et Tuano Rolf, les deux orphelins de Bagatelle

Coucher de soleil sur le Kalahari

Nid de républicains sociaux, au coeur de la savane, dans le coucher du soleil (Poursuivez l’aventure, en ouvrant l’album photo ci-dessous)

La suite de l’album photo en diaporama

 

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À plus, pour la suite de notre Odyssée dans le désert
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2 Commentaires

  1. Annie DANEMARK

    Coucou Nathalie, un immense merci pour ce nouvel épisode de Namibie ♥ Le bonjour à Dominique ♥ Je reviens demain continuer la lecture (écriture trop fine à cette heure) ♥ Gros bisous à vous partager ♥♥♥♥

    Réponse
    • Nat & Dom

      Merci Annie de ta fidélité elle est mon moteur de plume !

      Réponse

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