🌄🕊️⛰️ Un balcon entre deux pays
Un souffle d’histoire
🪶Nichée dans les hauteurs des Pyrénées, la petite ville de Mollo et le col d’Ares incarnent l’essence même de la frontière, non comme une séparation, mais comme un trait d’union entre deux mondes, deux histoires. C’est ici que la beauté des paysages rencontre la mémoire des hommes, là où le silence des montagnes résonne encore du courage des exilés et de la sérénité des espaces préservés. Un lieu de passage, de souffrance et d’espoir, mais aussi de paix et de contemplation.
Plongeons dans l’histoire de cette frontière, celle entre la France et l’Espagne, celle du passé et du présent.⌛🔭
🌈Petit miracle de sérénité et panoramas sublimes🏞️
Le col d’Ares, posé à 1513 mètres sur la frontière entre France et Espagne, s’ouvre sur un paysage immense.
D’un côté, le Canigou dresse sa silhouette sacrée, vénérable sentinelle des Catalans, veillant sur la plaine du Roussillon et les vallées encaissées du Haut-Vallespir. Son sommet enneigé, même au cœur du printemps, capte la lumière avec une majesté presque spirituelle.
Vers l’Espagne, la vue glisse vers les premiers reliefs de la Garrotxa catalane, plus doux, plus ondulés, où les verts s’entremêlent, du sombre des forêts au tendre des pâturages.
Ici, le regard respire à pleins poumons. Le silence apaisant est peuplé du souffle du vent, des cris lointains des rapaces, et des sonnailles paisibles des troupeaux. Un monde où la vie pastorale a gardé toute son authenticité bienfaisante, simple et joyeuse.
La frontière, loin d’être une coupure, devient un trait d’union entre les paysages, une couture invisible entre deux versants d’une même montagne.
Une montagne vivante, foulée depuis des siècles par les troupeaux en transhumance, au rythme lent des saisons et des traditions pastorales.
Dès le Moyen Âge, la transhumance à grande échelle s’est organisée entre vallées pyrénéennes et plaines catalanes. Les grands monastères — Poblet, Santes Creus, Ripoll, Sant Joan de les Abadesses au sud, Sant Martí del Canigó ou Sant Miquel de Cuixà au nord — jouaient un rôle central, gérant d’immenses troupeaux.
Ovins pour la plupart, ces bêtes migraient au rythme des saisons : vers les hauts pâturages l’été, les plaines plus douces l’hiver. Ce système valorisait des territoires complémentaires, tout en fournissant viande, laine et fromages aux communautés.
Les vallées comme celle de Mollo étaient donc à la fois lieux de passage, de pâturage, et de vie pastorale organisée. Ces pratiques ont modelé le paysage… et certains chemins de transhumance sont encore foulés aujourd’hui.
Entre deux versants, une ligne de fuite
Sur la frontière, il souffle un vent chargé de mémoire, de silence et de courage.
Ici, entre Mollo et Prats-de-Mollo, le col d’Ares a été, dans les heures sombres de l’histoire, un passage vital.
Un chemin d’espoir autant que d’exil.



En 1939, ils furent près de 500 000 à fuir l’Espagne franquiste, à pied, en plein hiver. Femmes, enfants, vieillards, soldats républicains… Épuisés, affamés, transis. Beaucoup ont franchi ce col, portant sur leurs épaules ce qu’il restait de leur vie. C’était la Retirada, la retraite, mais aussi la rupture. Une déchirure à travers les Pyrénées.
Plus tard, d’autres sont passés en sens inverse. Des résistants, des Juifs fuyant l’occupant nazi, des opposants au franquisme. Toujours discrets, souvent guidés par des passeurs anonymes. Dans ce décor sublime, on avançait tête basse, sans bruit, pour survivre. La montagne, alors, devenait refuge, mais aussi témoin muet de tant de drames.
Repli de tendresse au milieu de l’épreuve🙏❤️🩹⛪
Sur le versant français, un peu en contrebas du col, se dresse la chapelle Sainte-Marguerite — Capella Santa Margarida, en catalan.
Petite, sobre, accrochée au flanc de la montagne comme pour mieux se faire oublier, elle fut pourtant un refuge pour ceux qui fuyaient. Un abri contre le froid, contre la peur, contre l’inconnu.
En février 1939, Arthur Bladé i Desumvila, écrivain et témoin de l’exil catalan, y trouva un semblant de répit. Il écrira plus tard ces mots simples et bouleversants :
« Ce fut là que nous avons connu notre première nuit d’exil. Une nuit glaciale, sans feu, mais partagée dans le silence et la fraternité. »
Ils étaient nombreux à s’y être arrêtés, ne serait-ce qu’une heure, pour reprendre souffle, sécher des larmes, serrer un enfant contre soi. Dans cette chapelle sans luxe, c’est l’humanité qui s’est repliée, modeste et digne.


La chapelle ne sonne pas, mais elle résonne.
Ce fut un abri, oui, mais aussi un témoin de la dignité dans la détresse.



L’église de Mollo, solide et silencieuse
Mentionnée dès le XIe siècle, l’église Sant Cecília de Mollo est un bel exemple d’art roman catalan. Sobre, ancrée dans la pierre, elle veille depuis près de mille ans sur le village, comme une sentinelle de foi et de mémoire.



À la frontière du col d’Ares, le passé et le présent s’entrelacent dans une danse silencieuse, où les pierres témoignent des souffrances passées et les cieux offrent un regard d’espérance. Mollo, avec son calme et son authenticité, reste un phare pour ceux qui cherchent la paix, un espace où l’Histoire respire, où les âmes croisent les horizons. Si cette frontière a un nom, c’est celui de la résilience, de la mémoire et de l’accueil. Un lieu où la montagne n’est pas qu’un paysage, mais un refuge pour l’esprit.

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Magnifiques récit et photos, la nature renaît ! le printemps est tant attendu, l’hiver est plus long en altitude, que de souffrances pour tous ces gens fuyant l’Espagne franquiste ! Merci ma Pl’
Merci à toi, de ta lecture, Dany. Un mélange de sentiments, comme la nature mélange les saisons. Un endroit d’une force palpable
Si les pierres du chemin parcouru et celle de la chapelle pouvaient conter L Histoire de chaque personne qui a fuit le fascisme, ces pierres pleureraient. Tout peut paraître sérénité ce lieu est rempli de souffrance, de peur, de courage et de dignité. Merci Nat pour ce récit.
Merci, Dany, oui, c’est poignant, et extrêmement fort. Personne ne ressort indifférent