Lilo-An et l’entraîneur d’araignées de combat

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

22 mars 2015

Bonjour,

Nous partons tôt de Negros pour rallier le Sud de Cébu. Un ferry est à quai. Le vieux ferry tremble et grogne, il parvient à Lilo-An sur Cebu, à grands coups de klaxon. Décidément, tous les véhicules qu’ils soient terrestres ou marins sonnent et préviennent. Ici c’est pour écarter bon nombre de petits batangas qui encombre sa route.

Arrivés sur le sud Cébu, je suis surprise de trouver une côte jalonnée de quelques constructions, certes, mais loin d’être bétonnée ! Je m’étais fait, en raison de quelques récits d’amis, une fausse idée du littoral philippin. Je parle de l’île, non de la ville dont j’ai déjà évoqué sa suffocante ambiance! Je pensais que les côtes seraient complètement envahies de béton, transformées en grands centres touristiques. Nous trouvons au bout du quai, quelques tricycles, et des petites familles accueillantes vivant dans leurs cabanes en bambou à l’architecture parfois bien précaire face aux éléments qui se déchaînent si souvent!

L’aventure du jour est de grimper dans le tricycle. Conçu pour accueillir plus d’une dizaine de Philippins, il l’est moins pour accueillir 5 personnes du gabarit occidental. Mais le chauffeur s’y retrouve. Une « surtaxe » appliquée à l’étranger de passage (comme partout dans le monde) lui permet en un aller-retour de réaliser un bon bénéfice. Ce tarif nous paraît à nous dérisoire. Pour lui, c’est une bonne paye. Il est de notoriété publique que le touriste ne payera pas le même prix que la population locale. Ça se pratique partout, à plus ou moins grande échelle! C’est le cas de quasiment tous les pays de l’océan Indien, de l’Afrique, de l’Amérique latine, des îles du Pacifique. Et quand on y réfléchit, de la Côte d’Azur, et de bien d’endroit dits civilisés.

Le travers de cette pratique est que subrepticement les prix augmentent, et pas seulement pour les touristes. Peu à peu, la population locale voit, elle aussi, les prix s’enflammer. Cette situation nous la voyons partout se répéter. La démocratisation du voyage permet à ceux qui bougent de découvrir le monde, mais transforme les pays dans lesquels nous allons. Ces pays bon marché attirent les classes moyennes d’Occident qui n’arrivent plus à vivre correctement chez eux (souvent en raison d’une hausse des prix et des taxes). A leur tour, les expats font inconsciemment grimper les loyers, les prix des terrains, de la main d’oeuvre. Ils rendent inaccessibles à la population locale des quartiers entiers, des bords de rivage qui leur servaient à la pêche… Et de tout petits riens, nous constatons que s’ajoutant les uns aux autres, ils créent des situations qui au départ facilitaient la vie des autochtones grâce à un apport d’argent supplémentaire, mais qui finissent inéluctablement par leur réduire leur marge d’action au quotidien. Un des grands principes du voyage qui serait à inculquer à tout candidat à l’aventure est de transformer le moins possible les pays où ils vont. Des gestes de dons d’argent mal placés (aux enfants par exemple), des comportements qui nous paraissent anodins métamorphosent le quotidien, les pratiques culturelles, tout simplement la vie des pays que nous traversons. Les aimer vraiment, c’est ne laisser de nous que la trace du pas dans le sable que la mer effacera. Il faut impérativement savoir aider de manière sensée et « utile », pléonasme voulu (!) les populations qui nous accueillent.

Mais revenons à notre journée sur Cebu. La route pour se rendre à Oslob est belle, jalonnée de ces villages de maisons en bambous. Parfois une grosse maison en béton d’Américain ou d’expat occidental fait exception. Ici la moindre maison qui répond à des normes que nous connaissons « chez nous » fait figure de palais. Elles sont toujours entourées de grands murs. Paraît-il que lorsque le propriétaire ne bétonne pas les pourtours de son terrain, n’importe qui est susceptible quand sa lui chante d’y construire sa propre maison. Les pratiques de chaque pays sont à bien connaître avant de décider de s’y installer.

Je ne peux malheureusement pas vous montrer les photos des requins-baleines pour lesquels nous avons pris une voiture par chemins cahoteux, un ferry, un tricycle, un batanga… Elles sont prisonnières d’une technologie qui nous manque en voyage, et nous les partagerons au retour dans « nos affaires au complet » à Maurice.

Mais le voyage, et cette journée entière furent autrement riches en découvertes. Ainsi, nous croisons le destin de ce garçon au grand sourire qui traque la nuit des araignées pour les stocker dans une petite boîte. L’araignée privée de nourriture est affamée, jusqu’à ce qu’elle soit prête à combattre. Étonnant! Les Philippins organisent non seulement des combats de coqs, très répandus, mais aussi des combats d’araignées… Avec patience, et un sens de l’accueil digne de ses compatriotes notre ami nous montre sa collection sa méthode d’entrainement, et même un début de combat…

Arachnophobes s’abstenir !

Partout, les gens nous sourient, une maman fait poser ses deux petites filles toutes de rose vêtues, tandis que nous attendons le bateau de retour. Un couple de Chinois avec leur fils, est tout heureux de découvrir un panda acheté à Hong Kong, qui se balade sur la bandoulière de mon sac.

Une journée formidable, comme les Philippines nous offrent depuis le début de cette découverte!

A plus quelque part entre L’Indien et le Pacifique
Nat et Dom sur les chemins du monde
Texte et photos Nathalie Cathala, tous droits réservés, pour toute utilisation me contacter
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1 Commentaire

  1. frejaville dany

    Depaysement total ! J’adore ….!

    Réponse

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