Kgalagadi Transfontier Park, une destinée exemplaire !

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

6 novembre 2017

Résumé de l’étape : Vivre en symbiose pendant 40 000 ans dans le Kalahari – Comment tout a failli disparaître – Abnégation d’une famille pour réparer l’écosystème – Naissance d’un grand projet qui porte l’avenir. Dans la BD-Photos du jour, un défilé unique au Monde : LA FASHION WEEK DE LA SAVANE! 

 

Bonjour, 

Le parc national transfrontalier porte un nom difficile à prononcer, difficile à repérer acoustiquement lorsqu’il est cité par les locaux. Kgalagadi est le nom que portait la première tribu noire qui descendit vers les Terres des Sans (Bushimen). Ils partagèrent cette savane semi-aride en bon entendement avec les premiers occupants. L’instinct de survie développé par ceux-ci était un exemple à suivre pour perdurer dans ces contrées où la sécheresse n’était pas le seul danger. Les prédateurs, remarquablement adaptés, amélioreraient volontiers leur ordinaire avec quelques humains imprudents! Rien n’a changé aujourd’hui. Et pourtant l’équilibre précaire de cette biodiversité inimaginable a failli basculer dans le néant.

 

Le peuple San a vécu 40 000 ans en totale symbiose avec l’écosystème

 

Un nom pour protéger le désert !

En langue kgalagadi, le mot makgadikgadi désignait à la fois les grands lacs salés asséchés typiques de la région, et une grande soif! Ce mot finit, à force de transformations, par donner le mot Kalahari qui désigne la savane aride d’une superficie d’environ 900 000 km² couvrant une zone comprise entre les bassins des fleuves Zambèze et Orange, s’étendant sur le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud. Tandis que le parc national à cheval sur l’Afrique du Sud et le Botswana a gardé le terme Kgalagadi.

 

Des étendues immenses, semi-désertiques attendent la pluie depuis plusieurs mois, voire plusieurs années

 

Hooligans de l’écosystème

Avant que la zone soit déclarée parc national, les Sans y vécurent 40 000 ans se fondant dans la nature ambiante afin d’y préserver toute son harmonie. Après la tribu Kgalagadi, quelques Allemands tentèrent une incursion en tant que fermiers vers 1880. Ils vécurent en paix avec les tribus déjà installées. Ces dernières échangeaient du bétail, contre des produits manufacturés venant d’Occident. Mais ces incursions n’étaient pas légion. Le milieu naturel, trop aride, en décourageait plus d’un.

 

En 1891, les Britanniques annexèrent la région. Dix en plus tard, les Allemands se rebellèrent. La Première Guerre mondiale réveilla le clan sud-africain qui voulut ouvrir un couloir vers le sud-ouest du continent. Ils postèrent des familles en tant que gardiennes de puits d’eau. Elles avaient le droit de s’établir avec leur cheptel à condition d’entretenir correctement les points d’eau le long des rivières Auob et Nossob. Ce corridor invasif n’a jamais été utilisé, et les gardiens de puits d’eau furent peu à peu oubliés par les autorités. Après la Première Guerre mondiale, dans le but de favoriser des installations durables d’Occidentaux, les autorités partagèrent la région en lots de 10 200 à 12 800 hectares. Mais, les deux grandes rivières l’Auob et la Nossob ne sont que rarement alimentées par les pluies capricieuses dans la région. Rares sont ceux qui réussirent à maintenir une activité d’éleveurs, plus rares encore ceux qui survécurent grâce au melon endémique, le « melon tsamma » qui n’arrive à maturité que lors de séquences pluvieuses. Le facteur climatique rendant leur survie aléatoire, les nouveaux venus se rabattirent sur la chasse, ce qui eut un effet fulgurant et dévastateur sur la faune. En 40 000 ans de vie au coeur du Kalahari les Sans étaient parvenus à préserver la biodiversité de la région. En quelques années, l’impact des Occidentaux était tel que seules les plaines les plus inaccessibles gardaient un équilibre naturel acceptable. C’est là que les Sans se retranchèrent pour survivre dans ce milieu déjà si précaire qu’il suffit de peu pour l’anéantir.

 

La ferme Auchterlonie en plein coeur du parc témoigne de la difficulté de vivre dans ce milieu hostile.

 

Le pays de la soif !

La région présente deux types d’écosystèmes. L’un au Sud Ouest de la région est fait de dunes et de végétation semi-désertique. L’autre au Nord Ouest est tapissé d’une savane d’épineux. Sur l’ensemble du Kalahari les lacs salés jouent un rôle majeur. Ils se remplissent d’eau à la saison des pluies ce qui attire les herbivores qui retrouvent des pâturages nourrissants.

 

Les rivières Nossob et Auob sont éphémères et ne retrouvent un cours acceptable que lors d’années exceptionnellement pluvieuses. On ne les voit jamais couler d’amont en avale, et seules certaines portions sont passagèrement abreuvées. L’Auob ne trouve un certain débit que tous les 11 ans, tandis que la rivière Nossob ne serait alimentée que deux fois par siècle. Ainsi les dernières observations de crues ont été faites en 1963 pour la rivière Nossob, et en 1973/1974, et en 2000 pour la rivière Auob. En raison des nombreux méandres et des obstacles accumulés dans les lits des rivières, l’eau s’infiltre dans les sous-sols.

 

Imaginez la vie de ces premiers fermiers! En surplomb de la rivière asséchée, l’habitation ne trouve jamais d’ombre, les bêtes sont réparties entre les murets de pierre sèche (pauvre défense contre les prédateurs), tout ce qu’ils n’ont pas emmené, ils doivent l’inventer. Vivre sans eau, sans végétation est un pari insensé. Remarquez l’éolienne au bas de la colline au bord de la rivière Auob, afin de puiser l’eau profondément dans les nappes phréatiques

 

Prise de conscience et mise en place de zones préservées

(image du Net) Des fermiers en quête de terres dans le désert.

Dès 1900, un Monsieur Pieter Gert Wessel Grobler, ministre des réserves nationales et ministre des Affaires indigènes, émet, sous l’impulsion de deux défenseurs de l’environnement, l’idée de préserver la nature en Afrique du Sud. En 1926 le Kruger National Park est créé, en 1931 le parc national Kalahari Gemsbok prend également ses marques. En 1938, sous l’impulsion du Botswana alors appelé Bechuanaland et sous l’égide des Britanniques le parc national de Gemsbok est également institué. Il faut dès lors mettre en place un processus d’expropriation des fermiers, et surtout instituer une garde rapprochée de la faune, afin que les fermiers cessent de chasser les animaux dans cette zone.

 

Une famille extraordinaire !

Une famille huguenote, les « Le Riche » s’occuperont du parc avec une dévotion, un sens de la protection, et un courage qui a marqué les esprits. Johannes Le Riche fut nommé gardien du parc dès sa création. Accompagné d’un seul assistant, Gert Januarie, nantis d’un char tiré par des ânes, ils entreprirent de repousser les braconniers, et d’ériger les barrières qui encerclent la zone protégée. En 1934 une saison exceptionnellement pluvieuse revigora la nature et les deux rivières Auob et Nossob connurent des crues exceptionnelles. Mais cette aubaine pour l’écosystème causa la perte de nos valeureux défenseurs de l’écosystème. Le Riche et Januarie périrent de malaria.

 

Joep Le Riche, frère de Johannes reprit le flambeau pour 36 années de travail acharné au chevet de la faune. Il réhabilita les vieux puits d’eau, aux abords des rivières afin de « décider » la faune de rester dans le parc protégé et d’éviter qu’elle aille se faire braconner par les fermiers environnants. On remarqua que la qualité de l’eau amenée à la surface n’était pas homogène sur toute la région. Les puits aux abords de la rivière Nossob présentent une eau dont la salinité est élevée, tandis que ceux de la rivière Auob offrent une eau claire. Ceci est dû à un sol très minéral. Lorsqu’il faut creuser à plus de 75 mètres de profondeur, ce qui est souvent le cas autour de la rivière Nossob puisqu’elle est rarement alimentée, l’eau est très saline. Les mammifères ne boiront pas l’eau trop chargée en minéraux, mais les oiseaux s’en satisferont. Ainsi, les mammifères prirent leurs habitudes autour des puits d’eau claire, les herbivores reconstituant année après année leur cheptel, les prédateurs suivirent. La faune ornithologique afflua en nombre et en diversité. Alors que le parc avait été créé pour protéger les herbivores, dont l’oryx qui en est le symbole, au fil des ans, l’écosystème s’enrichit de nouvelles familles animales. Ce qui en fit un paradis des « gros chats » et des rapaces les plus rares.

 

Cette faune si riche méritait d’être défendue plus ardemment que par la simple volonté de garder la faune autour des points d’eau. Après la Seconde Guerre mondiale le parc fut défendu de barrières anti-braconnage sur ses façades ouest et sud, tandis que la partie est restait libre à la migration saisonnière et indispensable des animaux. Le parc dans son ensemble doit beaucoup à la famille Le Riche, qui de frère en frère, de père en fils se succédèrent au chevet de l’écosystème jusqu’en 1994. La faune et la flore eurent le temps en 63 ans de se reconstituer.

 

Seuls les oiseaux se satisfont de l’eau saumâtre puisée à plus de 75 m de profondeur

 

Une liberté de transhumance assurée

Pour autant la fin de la dynastie Le Riche ne signifia pas la « mort » du parc. Les autorités du Botswana décidèrent d’agrandir l’espace protégé en annexant le Mabuashube au Gemsbok Park. Puis en 1999 les gouvernements du Botswana et d’Afrique du Sud signèrent des accords pour une gestion conjointe de l’ensemble des parcs. Le 7 avril 1999, le Kgalagadi Transfontier Park devint un modèle de conservation du 21e siècle. Les dimensions côté Sud Afrique sont de 9591km² tandis que le côté botswanais couvre une superficie de 28400 km². Ce qui représente une surface 3.8 millions d’hectares. L’un des espaces protégés dédiés à l’écosystème le plus vaste au monde. Les dimensions du parc protégé sont comparables à la superficie de certains pays comme le Bhoutan, ou à la Belgique rajoutée de 3 fois le Luxembourg. Les méandres de la rivière Nossob symbolisent l’acharnement des deux pays à défendre la cause environnementale.

 

Les parcs naturels à caractère de préservation de la faune endémique doivent couvrir des dimensions énormes afin que la faune puisse parcourir les distances nécessaires à leur subsistance : trouver l’eau, les pâturages selon l’apparition de la pluie. Toute réserve trop exigüe empêcherait les herbivores de se déplacer et vouerait les espèces à une mort certaine.

 

Les herbivores doivent parcourir d’énormes distances pour trouver de quoi survivre.

 

Un fleuron de la préservation animale

Aujourd’hui le parc est l’un des havres de paix, les mieux préservés de l’Afrique australe. Chaque jour, les rangers, les autorités veillent à ce que l’écosystème soit protégé dans ses moindres détails. Ils y mettent une énergie digne des plus fabuleux trésors. Ainsi les visiteurs sont instruits des risques qu’ils peuvent faire courir à l’environnement, et sont invités à prendre les plus grandes précautions afin d’éviter d’être l’auteur involontaire d’incendie. La vitesse des voitures est limitée à 50 km/h afin d’éviter toute collision avec un animal surgissant sur la piste. Il est interdit de quitter les pistes afin de laisser des espaces de liberté immenses aux animaux. Il est également formellement interdit de nourrir les animaux ce qui signerait leur arrêt de mort. Il est interdit de ramasser le bois mort. Si les animaux ont du mal à se nourrir, le bois mort laissé en place fournit à l’écosystème des caches, une putréfaction alimentaire … Pour les forages des éoliennes ou des panneaux solaires sont préférés aux systèmes mécaniques bruyants et polluants.

 

Le risque zéro n’existe pas. Et certains orages déclenchent des incendies. On ne peut empêcher les chacals de circuler dans les camps et de se servir parfois dans les poubelles et donc de se nourrir des restes des humains, ce qui déforme leur mode de vie. Mais globalement, ce parc-là est une franche réussite, et c’est une chance d’y circuler afin d’y découvrir toutes ses richesses.

 

Les animaux se mettent en scène

 

Fashion week de la Savane

Comment? je porte les pieds en canard? C’est tout ce que vous voyez en moi? … Je vais vous montrer de quoi, un Bateleur des savane est capable en matière de style! (Terathopius ecaudatus)

Démarche assurée, plumes au vent, sûr que si Karl Lagerfeld passe par là, il m’engage! Il doit mourir de jalousie de mon beau col !

Technique maîtrisée… J’ai le « regard de quelqu’un qui n’a pas besoin d’être là », j’y ajoute le sourire intérieur! pour inspirer la sérénité! Suis à fond dans mon défilé pour le prochain Buzz

Rotation à 180°, elle peuvent s’accrocher les « catwalkeuses » des podium de Londres

Je vous fais le « runaway » à la New-Yorkaise! Attention pour les photos… dans 5 secondes : profile!

Reflets dorés dans la lumière, top profil et « catwalk », prêt pour la Fashion Week de Paris, Londres, New York ! 

Tu filmes toujours là? C’est bon pour le coup de pub! T’envoies tout sur le Net, et à moi la Gloire des Podium !

On ne fléchit pas ! La tête droite, les épaules en arrière et ouvertes mais relâchées, marcher pieds droit devant, un pas après l’autre, « verrouiller les génoux » et avoir l’air naturel… Yesss c’est dans la poche !

Hey ! Trutruche… T’as vu y a la Fashion week ! … Tu m’emmènes dis…

Toi? A la Fashion Week? Même pas je me retourne sur toi… tu es insignifiant! Minusculissime, personne ne voudra de toi!

Allez… fais pas ta pimbêche ! … sois gentille !

Salut Truche! T’assures sur le « catwalking »… pas besoin de coach ! On se fait un cours d’é-pattes? … On garde le rythme et le bon timing, on allonge les pas pour avoir l’air spécial mais de manière élégante et naturelle, sans forcer, marquer les pas avec magnitude et respecter la ligne droite! … Alors ? … t’en penses quoi?

Hey les mecs! Vous n’avez rien compris! Je vais vous montrer comment les épater! (Faucon Chiquera)

Heu… révise les bases d’atterrissage avant de te produire !

NOUS! on va leur montrer un truc unique ! Prête chérie?

Ho mon « ti » coeur, comme c’est romantique

Tout ça… c’est bien joli, mais ça ne nourrit pas son homme!

Maman! J’ai peur!
Ne regardez pas les enfants… Maman gère!

« Tu crois qu’on pourra défiler nous aussi, maman? » –  « Un jour peut-être les enfants… mais … qu’est ce que je vois ? »

Laisse moi voir ça ? Je n’y crois pas, mais depuis quand tu ne t’es pas fait la toilette au complet?
« Maman… on nous regarde… »

Tu te laveras correctement avant de rêver de Fashion Week !

La suite de l’album photo en diaporama

 

La vidéo de l’étape à regarder sur YouTube :

A bientôt, poursuivons ensemble l’Aventure du Kalahari

Nat & Dom

Texte et photos Nathalie Cathala.
Auteurs des vidéos : Dominique et Nathalie Cathala, montages Dominique Cathala

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1 Commentaire

  1. Annie DANEMARK

    Merci Nath pour cette nouvelle et longue, intéressante publication dont la police de frappe convient à mes yeux (je reviendrai demain), gros bisous enthousiasmés et reconnaissants ♥♥♥

    Réponse

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