Escale à Palmwag une faune riche, un léopard traqué

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

2 mai 2018

Au programme : Palmwag rencontres avec la faune, des hyènes tachetées, une quinzaine de girafes, des springboks, des oryx, des kudus, des zèbres, des autruches, des vautours qui vomissent en vol et … un léopard. Ce dernier sèmera le doute dans nos esprits quant à certaines pratiques d’observation… 

 

Bonjour,

 

Après notre nuit agitée par l’éléphant et la « réparation » de fortune de notre tente, nous reprenons la route en direction du nord et l’escale de Palmwag initialement prévue pour aller à la rencontre des … éléphants. Je vous avoue que sur la route, la petite chanson « qui a eu cette idée folle? » me trotte en tête. 

 

Deux cent trente huit-kilomètres pendant lesquels nous avons l’impression de jouer au « combat naval » :  C35, D2612, C39, C43. Bien qu’elles soient « difficiles » entendez « pénibles », « cabossées », « cahoteuses », ces pistes nous enchantent par des paysages étranges, merveilleux, surréalistes, en perpétuel changement! Inouï ce que le désert offre comme panoramas divers bigarrés, contrastés, polychromes. Aujourd’hui, je pourrais faire un blog entier sur les paysages qui ont défilé tout au long du parcours. Envie de nous arrêter souvent pour prendre la dimension des reliefs édifiés tels des « mastabas » aux couleurs rouge vif, se mariant avec des dunes orange et des roches aux nuances vert gris. De très beaux contrastes ! 

 

La piste C35, un lit de rivière, des terrils témoins d’un passé géologique antédiluvien … 

 

A notre arrivée à Palmwag, nous sommes déçus. Jusqu’à présent, nous campions dans de vastes étendues qui nous paraissaient sans limites. A Palmwag l’aire de camping jouxte le bar, et la piscine, des emplacements étriqués, balisés par des buissons, je me sens comme en prison. Les éléphants ont également l’habitude de se promener dans les parages, et viennent s’abreuver dans la piscine. Le chemin qui mène des emplacements de camping vers le coeur animé du lodge est emprunté par les pachydermes. Ce chemin n’est pas large, et après l’intimité vécue la veille avec l’éléphant, j’avoue que je crains une telle rencontre, qui sans cet événement m’aurait enthousiasmée. Mais ces grosses bêtes ont du coeur, et prennent soin de ne pas apparaître pendant les 48 heures que nous passons ici. 

 

Le chemin qui mène à notre campement est parfois engorgé 

 

La réserve qui jouxte le lodge est immense, elle couvre 5000 km², elle est l’une des réserves qui tentent de réintroduire le rhinocéros noir dans la région. Nous avons le choix, soit d’acheter un permis et de nous balader seuls dans la concession, soit de prendre un « game-drive » (un tour organisé) et de bénéficier de l’expérience d’un pisteur. Forts de l’expérience avec Helmut, et afin de reposer Dom qui ne lâche que trop rarement le volant, nous décidons de participer à un « game-drive ».  Outre ces deux très bonnes raisons, à la lecture de plusieurs récits de voyageurs nous ayant précédés, toutes les pistes ne sont pas accessibles aux visiteurs de passages, tandis que les rangers sont beaucoup plus libres et connaissent les habitudes des animaux. 

 

Namibie Kaokoland Palmwag

 

Levés à 6 heures, nous partons dans le petit matin glacial, et nous sommes heureux de notre choix. Nous débusquons 5 hyènes tachetées, une quinzaine de girafes, des springboks, des oryx, des kudus, des zèbres, des autruches, des vautours… Une cadence soutenue de rencontres. Nous sommes aux anges ! Le clou du spectacle est la rencontre avec un léopard. Dom remarque une hyène au pied d’un arbre, de l’autre côté du canyon. Et … à peine, le pisteur arrête la voiture, qu’un léopard dévale le tronc de l’arbre et commence une course folle sur la crête du canyon, avant de s’y engouffrer. Une vision éclair ! Nous sommes enthousiastes et mesurons notre chance !

 

Au matin, une hyène tachetée inquiète quelques zèbres, seule, elle ne peut rien contre eux. Il est trop tard, il va faire chaud, elle se cherche plus un abri qu’une proie, les zèbres le savent

 

Nous passons la mi-journée à l’ombre sur notre aire de camping, et … nous ennuyons un peu. Du coup nous nous inscrivons pour un second « game-drive ». Le parcours est sensiblement le même.  Les animaux ne sont pas encore de sortie. Il fait trop chaud, et les rencontres sont moins généreuses qu’au petit matin. Néanmoins, les paysages dans cette lumière de fin de journée se dévoilent plus grand, car moins écrasés de lumière. Le tour se finit toujours par le canyon. Et là, quelle n’est pas notre surprise de voir le ranger envoyer des cailloux de l’autre côté du canyon. Le léopard apparaît et court à nouveau pour se mettre à l’abri dans le canyon. 

 

Aux abords du canyon, un léopard fuie… Que fuie-t-il, il n’a pas le comportement des léopards que nous avons vu jusqu’à présent. Soit ils se terrent et nous évitent, soit ils traquent, mais ils ne fuient pas… du moins quand il n’y a pas de prédateurs nuisible à sa survie … 

 

Tout est clair à présent ! Le léopard est territorial, donc lorsqu’il choisit un emplacement on est pratiquement certain de le retrouver toujours dans son aire de déplacement. On est en fin de saison sèche, le fond du canyon ne dévoile que quelques points d’eau. Le léopard a investi les lieux pour s’aménager un abreuvoir, mais également un point où ses proies viennent boire. Il eut pu vivre dans un « paradis » sans compter le facteur humain, et cette fichue manie qu’ont prise les rangers de Palmwag de déranger cet animal pour « le plaisir des touristes ». Je n’ai réalisé tout cela qu’en analysant les photos et en parlant deux semaines plus tard avec les membres de AfriCats. Cette pratique est inacceptable, et il faut la dénoncer.  

 

Au soir nous comprenons ce qu’il se passe… Le prédateur est harcelé à coups de pierres lancées d’une rive à l’autre par les rangers… une pratique bien peu valorisante pour les pisteurs de Palmwag ! 

 

Nous venons en Namibie pour découvrir ses habitants, sa faune, sa flore, ses paysages, mais cela doit se faire dans le respect absolu de la préservation de l’environnement. Un tel comportement conduira obligatoirement à des problèmes futurs. Lesquels? Seul l’avenir nous le dira. Mais si la faune parfois se rebiffe, il faut toujours se poser la question : « que s’est-il passé en amont? » 

 

En vous livrant les photos de ce safari, mon sentiment reste mitigé. Les photos reflètent la joie naïve du matin où je ne me doutais de rien, puis… l’effroi de stratagèmes douteux, voire cruels.  Cette pratique est la seule dont nous ayons été témoin… il est vrai qu’à 98% nous avons évolués seuls en safari, ainsi nous avons très peu fréquentés les pisteurs. Mais il semble néanmoins que ce type de comportement soit rare, heureusement. 

 

L’escale en photos 

 

Sur la piste entre le Brandberg et Palmwag les paysages se succèdent, changeant constamment

 

Aux abords de la piste… une mise en scène… ou un abandon qui témoigne de la rudesse des lieux

 

Une piste à droite, une à gauche, il est essentiel de préparer minutieusement son carnet de route afin d’arriver à bon port !

 

Dans le Kaokoland nous croisons de plus en plus de bétail, il appartient en général, aux Himbas

 

Sur la piste (gravel road, ou tôle ondulée)

 

Paysage polychrome

 

Piste vers Palmwag

 

Sur cette photo, à droite, observez le dispositif : un forage pour l’eau, protégé par d’épais murs de pierres qui protègent le réservoir, la pompe, les panneaux solaires. Ce dispositif s’étend dans les villages reculés soumis aux visites régulières des éléphants. Les murs de pierre résistent à leur force et l’entrée est si exiguë qu’ils ne peuvent atteindre et détruire le dispositif « onéreux »

 

La concession de Palmwag, ses paysages d’euphorbe, et d’hamadas si arides et pourtant recelant d’une faune riche. L’Euphorbia Damarana est très courante partout en Namibie. Elle est particulièrement toxique. Seules quelques espèces s’en nourrissent sans risque d’empoisonnement. 

 

Dans les premières heures du matin, une hyène tachetée apparaît tel un fantôme aux abords d’un buisson d’euphorbe

 

La hyène craint le soleil de plomb, et trouve abri dans les buissons Pour la petite histoire, le ranger, nous a arrêtés pour un petit arrêt « pipi », afin que nous trouvions une intimité derrière ces buissons… Je vous assure que j’ai sifflé, et fait autant de bruit que je pouvais tout en me soulageant, espérant qu’au cas où « mon buisson » cachait une hyène qu’elle comprenne que je n’étais pas le casse-croûte du jour …

 

Les zèbres, oreilles bien dressées, fixent les quelques hyènes qui rôdent dans les parages. On en a compté 5 (hyènes) visibles… Nous supposons que les buissons en abritaient quelques unes supplémentaires

 

Et voilà… une de plus surgissant du buisson !

 

L’oryx placide la garde au coin de l’oeil

 

Là, j’ai vraiment l’impression qu’on la gène ! Elle rôdait tranquillement sur la plaine, puis, elle s’est arrêtée net, pour nous fixer de son oeil noir… Que pense-t-elle ? « Zut… encore des touristes, on ne peut plus chasser tranquillement ! » Les zèbres en profitent pour filer à l’anglaise …

 

Peu rancunière, elle continue sa route, et nous offre quelques clichés de proximité !

 

Les hyènes tapies à l’ombres dans les buissons d’euphorbes, les zèbres continuent leur petit train. Mais que mangent-ils ? L’euphorbe n’est digérée quelques herbivores, dont les rhinocéros… sinon c’est un poison à haute dose, et pour l’humain elle est toxique.

 

Dès 9 heures du matin, chaque point d’ombre est prisé afin d’éviter l’insolation

 

Quel plaisir, lorsque la faune ne fuie pas devant nous, et semble nous observer autant que nous les contemplons

 

Paysages de la concession…

 

Gros dilemme : fuir ou garder ma place à l’ombre ?

 

Petit steenbok, crois-tu que tu sois en sécurité à l’ombre de ce gros buisson d’euphorbe ?

 

Paysage de la concession de Palmwag

 

On se sent tout petit …

 

Intriguées…

 

En pause …

 

Tu crois vraiment qu’il suce des cailloux ?

 

En choeur …

 

Ce vieux koudou qui me paraissait si fatigué… je l’aurais bien dénoncé auprès du léopard… Une proie « facile », … Le léopard n’atteint sa proie que dans 5% des cas … un faible résultat qu’on a envie de favoriser

 

Image incroyable de vautour qui vomit en plein ciel !!!

 

En plein vol, on le voit se contorsionner …

 

Et hop… il vomit à nouveau… A coup sûr la viande n’était pas fraîche !

 

Enfin nous découvrons l’antre où les zèbres se nourrissent et s’abreuvent. Un fond de vallée encore vert, et présentant quelques « flaques » d »eau

 

Là, je comprends mieux !

 

 

Et voilà trois truches, ça faisait longtemps qu’on n’en avait plus vues …

 

Pintade de Numidie Numida meleagris – Helmeted Guineafowl « La pintade de Numidie, ou pintade casquée, est la plus répandue des 4 catégories de pintades, toutes africaines. Elle peuple l’intégralité du continent au sud du Sahara, sous la forme de sous-espèces guère différentes les unes des autres (voir ci-dessus). Elle est l’ancêtre de notre pintade domestique.  » (Oiseau.net)

 

Toute la faune paraissait tranquille, puis d’un coup, nous voyons une girafe s’affoler… Que se passe-t-il?

 

« L’affaire Léopard ! »

 

Dom remarque une hyène sous un arbre, non loin de la girafe, elle aura pris peur !

 

Un léopard fuit l’arbre où était plantée la hyène… et part en sens inverse de la girafe !

 

Il entame une course folle

 

Il détalle littéralement

 

Il semble inquiet, pas tranquille … A découvert en plein soleil

 

Il lance un regard de l’autre côté du canyon, là où nous nous trouvons

 

Il s’engouffre dans les hautes herbes du canyon et disparaît

 

Au soir, un autre ranger nous emmène exactement au même endroit, au bord du canyon où le matin, nous avions assisté à la course folle du léopard. Je pense fermement que nous n’aurons pas deux fois la chance de voir le léopard. ..

 

Au début nous n’avons rien vu, mais le ranger jette de l’autre côté du canyon un caillou. Ce caillou ne peut blesser le léopard, mais… il le dérange sur son territoire, et la course du matin reprend… A ce moment voyant le comportement du ranger, je n’estime plus que c’est une chance de voir l’animal, et je suis honteuse d’assister à untel spectacle !

 

Pauvre de toi !!! Combien de temps vas-tu subir ce « cirque » qui doit certainement entacher ta « vie normale » de léopard ? Tu ne réussis que 5% de tes prédations, tu as besoin de ton énergie pour courir après tes proies, non pour régaler les objectifs de quelques curieux !

 

Le léopard disparaît dans son canyon… il lui suffirait d’atteindre l’autre bord et d’attendre ceux qui le dérangent. Ce jour-là, on dira « un léopard fou s’attaque à des touristes »… Et pourtant… il n’a fait que répondre à un harcèlement bien indigne de rangers .

 

Une balade dans la concession qui se finit avec un sentiment bien mitigé …

 

Nous n’avons que très peu participé aux « game-drive » organisés en Namibie. A 98% du temps, nous nous sommes débrouillés seuls, tâchant de respecter les consignes afin de préserver l’environnement et de ne laisser de notre passage que l’empreinte de nos pas… J’espère du fond du coeur que ces pratiques sont rarissimes !

 

Retour aux beautés simples

 

Des nuages dans l’est du ciel annoncent des pluies salutaires pour la faune, la flore… Sous ces nuages quelques chanceux reçoivent un trésor inestimable : l’eau !

 

Au petit matin, un chanteur guette les préparatifs de départ! Nous partons en terre himba !

 

 

Vidéo de l’escale

A suivre, escale en Terre himba 

Nat & Dom
Texte et photos Nathalie Cathala.
Auteurs des vidéos : Dominique et Nathalie Cathala, montages Dominique Cathala

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6 Commentaires

  1. Piquet Colette

    Que dire oui …beaucoup de touristes vont la bas pour voir du spectacle ..et les guides pour avoir sans doute un pourboire savent y faire .. mais mettent a mal l environnement ..Il ne faut pas culpabiliser ..vous en avez pris plein les yeux ..mais espérons qu a échéance , ça ne changera pas la vie de ces animaux ..moins sur ..

    Réponse
    • Nat & Dom

      Oui, Colette, nous en avons parlé par la suite à des organismes qui préservent justement les bigs cats… La Namibie en général est soucieuse de son environnement, et la conscience naît. Je suis persuadée que ce sont des pratiques qui ne dureront pas, car elles ne sont pas encouragées, voire dénoncées, par les associations responsables

      Réponse
      • Annie DANEMARK

        Hello Nath et Dom ♥ Merci beaucoup pour ce nouveau blog que je m’empresserai de montrer aux Kids ♥ Pas d’accord avec cette pratique de déranger l’animal dans son univers, c’est possible de le rendre agressif ♥ Gros bisous à vous partager ♥♥♥♥

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        • Nat & Dom

          Merci Annie, belle découverte aux Kids… Non moi non plus je ne suis pas d’accord avec cette pratique…

          Réponse
  2. chretien

    Bonjour à vous deux et merci pour ce nouveau Blog magnifique en photos ,mais pas tellement d’accord de déranger l’animal dans son domaine (si je puis dire ainsi?) ce qui risque de le rendre très méchant !! et agressif merci . grosses bises à vous .

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    • Nat & Dom

      Oui Françoise, moi non plus je ne suis pas d’accord avec ces pratiques…

      Réponse

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