Blottis sur les rives du Tarn, Pougnadoires et ses hameaux environnants, tels que Hauterives et La Croze, révèlent un patrimoine unique, façonné par la nature et l’histoire. Entre paysages pittoresques et témoignages d’un mode de vie ancestral, cette région invite à une exploration riche en découvertes.
Échos du Passé
Voyage au Cœur des Gorges du Tarn
Pougnadoires
Mémoire d’un Mode de Vie Ancestral
Perdu entre Sainte-Enimie et La Malène, Pougnadoires surgit, adossé à la roche, comme une relique d’un autre temps. Ce hameau, perché au-dessus de la route, apparaît tel un tableau pittoresque accroché à la paroi rocheuse.
Ce pays austère ne laissait aucun espace à l’inutile
Ce village semi-troglodytique témoigne d’un mode de vie où l’homme a transformé le paysage pour s’adapter aux exigences du lieu. Les maisons, construites en pierre locale, sont dépourvues de charpente en bois, car les forêts avaient disparu, défrichées au fil des générations pour créer des espaces cultivables. Autour du village, les pentes déboisées étaient aménagées en terrasses soutenues par des murets de pierre sèche. Sur ces terres, les habitants cultivaient des amandiers, cerisiers, noyers, truffiers et vignes. Les chèvres, omniprésentes, entretenaient les versants en broutant les broussailles, empêchant leur expansion et préservant les terrains agricoles, derniers bastions d’autosuffisance.
Des Chemins Partagés : Pougnadoires et Saint-Chély-du-Tarn
Autrefois, le village de Pougnadoires était intimement connecté à Saint-Chély-du-Tarn. Les deux villages étaient reliés par un sentier étroit qui longeait la falaise. Le cimetière et la mairie se trouvaient à Saint-Chély, tandis que l’école était installée à Pougnadoires. Cette ancienne école a conservé la cloche en façade, et son habitat est collé au rocher.
Cordon ombilical entre les villages et les Causses
Vivre ici exigeait une utilisation judicieuse des ressources. Bien que l’autarcie soit omniprésente, les habitants des Gorges échangeaient régulièrement leurs produits avec ceux des hauts plateaux. Les Caussenards empruntaient les rares drailles, ces chemins de pierre qui serpentaient à flanc des falaises, pour descendre vers les moulins et y moudre le grain qu’ils cultivaient. En retour, ils recevaient des fruits, des légumes et du vin, des denrées qui ne poussaient pas sur les plateaux d’altitude.
Le XXe siècle et ses bouleversements
L’ouverture de la route en 1904 a bouleversé un quotidien jusque-là centré sur la rivière. Lors du percement de cette route, les cantonniers n’ont eu d’autre choix que de creuser un tunnel dans une quille de dolomie, qu’on surnomme ici « Tour Eiffel », à la manière d’un clin d’œil ironique. L’apparition de la route, couplée à un désintérêt croissant pour l’agriculture et au fléau du phylloxéra, qui a décimé la vigne, a marqué la fin d’un mode d’existence ancestral. Les terrasses, autrefois soigneusement cultivées, ont été abandonnées, laissant derrière elles des murets envahis par la végétation.
Aujourd’hui, Pougnadoires demeure un témoin silencieux de ces temps anciens, accessible par la Tour Eiffel,
porte d’entrée originale au village.
La Caze
Le Château des Nymphes du Tarn
En descendant la rivière, à quelques pas de Pougnadoires, le château de La Caze émerge tel un rêve enchanteur. Ses tours, enveloppées de verdure luxuriante, évoquent une harmonie où grâce et élégance s’entremêlent. Malheureusement, le lieu n’est pas ouvert au public.
Érigé entre 1489 et 1490 par Soubeyrane Alamand et Guillaume de Montclar, le Château de La Caze fut conçu pour le confort plutôt que pour la défense. Selon la légende, leurs cinq filles, surnommées les « Nymphes du Tarn » par le poète Louis Jourdan, fascinaient la noblesse du Gévaudan et du Rouergue par leur beauté. Au fil des siècles, le château a affronté les tumultes des guerres de religion et de la Révolution, devenant même une prison temporaire. Classé Monument Historique en 1936, il abrite aujourd’hui un hôtel et un restaurant de luxe.
Hauterives & La Croze
Les Perles Inaccessibles d’un Autre Âge
Sur la rive gauche du Tarn, sans aucun accès routier, se trouvent, de part et d’autre de La Malène, les hameaux de Hauterives et La Croze. Ces villages, isolés du monde moderne, ne sont accessibles qu’en traversant la rivière en barque ou via de longs sentiers. L’absence de pont renforce leur caractère hors du temps, bien qu’on puisse les admirer depuis la route des gorges. Un système de nacelle permet le transport de matériaux et de denrées depuis la route vers l’autre rive du Tarn.
Hauterives, dominé par les ruines de son château médiéval, garde les traces de son passé fortifié. La Croze, de son côté, se fond discrètement dans la végétation luxuriante qui l’entoure. Le château de Hauterives, construit au XIIe siècle pour protéger les accès aux Causses, a traversé les siècles avant d’être démantelé au XVIIe siècle dans le cadre de la grande campagne de Richelieu, laissant derrière lui une empreinte de l’histoire tumultueuse de la région.
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Pougnadoires et ses hameaux voisins, tels que Hauterives et La Croze, révèlent un patrimoine riche et résilient. Au fil du temps, ces lieux ont su préserver leur caractère authentique, offrant un aperçu précieux de l’histoire et de la culture de la région. Non loin de là, le Château de La Caze, avec son élégance intemporelle, rappelle l’héritage aristocratique qui se mêle harmonieusement à la beauté sauvage des Gorges du Tarn.
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