Au cœur des Gorges du Tarn, Castelbouc dévoile ses ruines accrochées à la falaise. Entre légende et histoire, ce hameau attire aujourd’hui les regards, tout en gardant une part de mystère.
Ruines et Murmures d’un Village Suspendu
Depuis la rive droite, un tableau grandiose s’ouvre : un château en ruines, perché sur son rocher abrupt, domine la scène. À ses pieds, quelques maisons surplombent la rivière.
Rien de plus, rien de moins !
Un décor sublime où chaque détail mérite attention. Le château, fier sur son promontoire, garde encore de sa prestance. Les maisons de pierre, robustes, résistent aux caprices du Tarn, tandis que la végétation du Causse Méjan, culminant à 500 mètres plus haut, encadre toute la scène de son manteau vert.
Quelle noblesse !
Les Arcanes du Village
Nous étions loin de deviner que cette façade cachait une scène encore plus théâtrale ! En traversant la rivière, les premières maisons et la chapelle Saint-Jean-Baptiste, encastrée dans la falaise et datée de 1382, donnent le ton. La ruelle se faufile derrière les habitations, passe sous des arches creusées dans la roche, révélant les coulisses du village, qui s’enroule autour de l’éperon rocheux du château. Les maisons se pressent les unes contre les autres, menant jusqu’à un ruisseau traversé par un bucolique pont de pierre.
Ce village semi-troglodytique dégage un charme fou. Nous arpentons ses calades étroites, en quête de chaque petit détail qui incarne son authenticité.
Sur le chemin, une maison en ruine laisse entrevoir un sentier escarpé, presque impraticable, qui grimpe le long du rocher semblable à une grosse molaire supportant le château. Comment, au XIIe siècle, les bâtisseurs ont-ils hissé les matériaux nécessaires à son édification? Ses fortifications sont accrochées à flanc de falaise.
Quelle prouesse !
L’Histoire en Échos
La légende raconte qu’au temps des croisades, le seigneur du château, resté seul homme parmi ses sujets, voyait arriver de nombreuses visiteuses dans ce hameau accroché à la falaise. Dévoué, il s’efforçait de satisfaire toutes leurs attentes… Mais la croisade dura si longtemps qu’il n’eut pas la force de persévérer. À sa mort, on dit qu’un énorme bouc apparut, planant autour de la tour du château. Depuis, les sommets résonnent parfois de bêlements et d’étranges murmures, héritage du nom de Castelbouc.
À la fin du XVIe siècle et tout au long du XVIIe, de nombreux châteaux forts furent détruits pour empêcher les protestants de s’y réfugier durant les guerres de religion, ou par ordre de Richelieu et de Louis XIII, qui cherchaient à réduire le pouvoir des seigneurs. Demeures devenues trop coûteuses pour la couronne, ces bastions de la noblesse locale furent condamnés à la démolition. C’est probablement au cours de cette période que le château de Castelbouc subit le même sort, laissant aujourd’hui ses ruines mystérieuses veiller sur le hameau.
Un Renouveau Silencieux
Au milieu du XXe siècle, les villageois quittent peu à peu Castelbouc pour s’installer dans les villages de la rive droite du Tarn, désormais électrifiés. Le dernier habitant officiel du village s’éteint en 1971, marquant l’abandon du lieu.
Quelques décennies plus tard, un regain d’intérêt pour Castelbouc voit le jour. Des amoureux du village rachètent les ruines et entreprennent leur restauration, redonnant vie au hameau. Une démarche remarquable qui attire aujourd’hui de nombreux curieux… Mais, n’était-ce pas plutôt un havre de paix que ces passionnés étaient venus chercher de l’autre côté de la rivière ?
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