Aux sources du voyage, la rivière de la conscience (Loboc)

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Rédigé par Nathalie Cathala

Nomades dans l’âme, l’objectif et la plume de Nat se baladent partout : en voilier autour du monde, par les airs d’un continent à l’autre; par les routes sur les chemins du désert, en 4*4 (tente sur le toit), à vélo , à pied ou en paddle. Plume et objectif se rejoignent dans ce blog, pour partager leurs coups de coeur.

3 septembre 2015

Bonjour,

Bohol a suscité en moi, une foule d’émotions toutes plus variées les unes que les autres. Très différentes de tout le reste des Philippines. Ailleurs, dans les Visayas et Palawan, je me sentais dans un monde « à part ». Une niche authentique et préservée de ce monde, même à Palawan, pourtant réputée pour El Nido, nous avons su prendre des chemins de traverse et rester à l’écart du grand tourisme. Vous me sentez souvent « réticente », lorsque je parle des « touristes ». Pourtant, nous en sommes également. Oui, et non… Je ne veux pas faire du « tourisme ». Je veux « voyager ». Ce qui est différent. En quoi?

Le tourisme est souvent associé à une manière de consommer l’évasion, d’acheter une sorte de liberté. De se faire plaisir, au maximum pour s’évader de son propre quotidien. Ce qui est compréhensible, dans une vie chargée de contraintes, de problèmes en tout genre. L’être à besoin d’échappatoires, et de s’évader de ses habitudes. Libre, il se comporte à son gré, et à vrai dire, parfois égoïstement peu respectueux. Il ne voit que « ses propres vacances » et un rapport qualité/prix à satisfaire coûte que coûte. Il aura tendance à croire que la population de son lieu de vacances est entièrement dédiée à son bon plaisir. Il ne voit pas « l’Être », mais cherche à tout prix « l’avoir ».

Voyager, c’est s’ouvrir au monde. C’est aller à la rencontre d’un peuple qui vit ailleurs, autrement, avec d’autres règles. C’est oublier qui je suis, d’où je viens. Des règles qui ont dicté ma conduite jusqu’à présent, pour adopter celles du peuple qui veut bien m’accepter sur son sol. C’est à tout moment, avoir la conscience de mon statut d’étrangère et me comporter avec le maximum d’égards et de respect pour la population locale. C’est m’oublier, pour laisser toute la place à l’étonnement, l’émerveillement, la découverte. C’est accéder à de nouvelles connaissances, celles qui m’alimentent au rythme des rencontres. C’est devenir l’inverse des trois singes sages et ouvrir grand les yeux, les oreilles… et n’ouvrir la bouche que pour exprimer la gratitude de ce qui est offert chaque jour. Voyager, c’est tant d’autres choses encore… que je pourrais en remplir des pages.

Au bord de la rivière Loboc, après tant de temps passé à l’écart du tourisme de masse, nous nous y retrouvons plongés. Plusieurs sociétés ont développé une activité de navigation en rivière. Des barges font la navette jusqu’au bout de la partie navigable, elles offrent un buffet, une chanteuse ou un chanteur accompagne les mets locaux. Les thèmes chantés sont américains, la musique n’a rien de local. Des arrêts sur la rive nous conduisent à admirer des enfants qui dansent devant une boîte de « donation ». Par chance, la barque sur laquelle nous naviguons n’est prise d’assaut que par des touristes philippins, ce sont leurs grandes vacances. Mais tout cela n’a sur moi que l’effet d’un grand vide et d’une grande tristesse .Je me cache derrière mon appareil photo. Je remplis la boîte aux « donations »… Un sentiment d’impuissance, lorsque nous passons devant les maisons écroulées par le tremblement de terre… Je ne parviens pas à rentrer dans l’ambiance et je m’en blâme.

Mais… tout cela c’est sans compter sur l’extrême gentillesse de ce peuple, qui une fois de plus, me prouve qu’avec mes notions d’Occidentale, je suis à « côté de la plaque ». Sur le bateau, si la timidité et la langue forment une barrière, les sourires la brisent. Des échanges s’instaurent. Des sous-titres mettent une explication à ce que je vois et interprète faussement. Sur les rives, des familles entières attendent le passage de la barge. Pour quelques-unes aisées, pour d’autres d’un niveau de vie moyen, et pour d’autres encore, très pauvres… Un exemple de la société philippine est ici réuni. Et, les maisons de béton, spacieuses côtoient les maisons de bambou. Pourtant sur la rive, toutes les familles se mélangent. Bien souvent, les plus démunis sont engagés par les plus aisés, pour veiller à la sécurité, ou l’entretien de leur maison. Pendant les vacances, les enfants, sous l’oeil attentif des parents, grands-parents, plongent et font des cabrioles au passage des barges. J’ai pensé au départ que c’était « organisé ». Mais non, c’est spontané ! Fait avec un plaisir non dissimulé. Un jeune homme joue à « la figure de proue » pendant un long moment. J’ai pensé que c’était pour récolter quelques billets. Mais non, c’était pour s’amuser, en toute simplicité.

Les Philippins sont imprévisibles, en ce sens qu’ils répondent à tout par un large sourire, un regard ouvert, une envie de vivre, le moment présent, sans rien d’autre. Ici, il est bien difficile de se sentir longtemps étranger, et rapidement l’impression d’intégration prend le pas, sur tout.

A plus, quelque part entre L’Indien et le Pacifique
Nat et Dom sur les chemins du monde
Texte et photos Nathalie Cathala, tous droits réservés, pour toute utilisation me contacter
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6 Commentaires

  1. REVEL

    Très belle définition du voyage! Je partage entièrement cette approche du tourisme en général…apprivoiser un peuple c’est le respecter et savoir se faire accepter sans déranger comme vous savez le faire. Merci de ce partage d’émotions déjà ressenties auprès des Polynésiens d’Antan….ces  » iles sourires » nous éloignent de notre bulle occidentale faite de préjugés…la vie ne s’apprend pas que dans les livres!

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    • Nat & Dom

      Merci Sylvie, très touchée !

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  2. frejaville dany

    Une très belle définition du voyage Nati ..

    Réponse
  3. Mino

    C’est calme et zen merci

    Réponse
    • Nat & Dom

      Oui c’est sûr! Bisous Sylvie et Mino

      Réponse

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