Chroniques d’un Monde Trop Petit pour Deux

Une farce politique où trois hommes et deux empires s’affrontent dans les velours rouge et le béton doré. 🌍💥
Qui changera la donne ? 🤔

Une pièce en deux actes qui titille ces conquérants de pacotille.
Attention, cette fiction n’engage que l’imaginaire de l’auteure…
mais il est très bavard. 🪶🌍

ACTE I – DEUX RUSSIES

LE SALON DES OMBRES

Décor :
Un salon en velours cramoisi quelque part entre les mondes.
Une horloge sans aiguilles. Lumière tamisée.
Raspoutine entre, sa barbe luisante d’huile de sapin, les yeux perçants, le regard dérangeant.
Poutine est déjà là, assis, impassible, inexpressif.

RASPOUTINE
(regardant autour de lui)
Tiens donc… Toi, l’homme de fer ?
« VVP », Monsieur Président à vie !
Que viens-tu faire ici ?
En quête d’éternité ? De feu sacré ?

POUTINE
Je ne suis pas venu à toi en quête de quoique ce soit.
C’est moi qui t’ai convoqué.

RASPOUTINE (sourire sibyllin)
Toi ? Me convoquer ?
Tu crois qu’on mène le peuple russe comme les pions d’un échiquier ?
Tu crois être le maître absolu ?
Tu reproduis les erreurs des tsars : les guerres, les délires de grandeur.

POUTINE (sec)
Toi ? Tu n’as pas de leçon à me donner!
Guérisseur ? Tu les as menés au martyre.
Stratège ? Tu les as conduits à la Révolution.
Tu as tout perdu !
Moi, j’ai restauré l’ordre.
Tu t’es noyé, moi je tiens.

RASPOUTINE (riant)
Tu tiens… pour combien de temps ?
Chaque empire croit durer mille ans.
On m’a tué trois fois. Et pourtant, me voilà.
Et toi ? Seras-tu encore là dans les chansons, les peurs, les légendes ?

POUTINE (sec, implacable)
Je serai dans les manuels d’Histoire.
Dans les murs du Kremlin.
Dans les archives.

RASPOUTINE
Mais pas dans les cœurs.
Tu confonds vérité et peur.

POUTINE
Mieux vaut être craint que vénéré par des fous.
Tu confonds stratégie et délires mystiques.

Silence.
Une mélodie d’accordéon perce l’air,
comme un souvenir venu d’un quai glacé de Saint-Pétersbourg.

RASPOUTINE
Tu as fait taire les poètes et les rêveurs.
Moi, je les faisais danser… à la cour.
Et aujourd’hui… c’est moi que tu viens chercher.
Quand l’Occident te cerne.
Quand le masque tombe.

POUTINE (glacial, sans détour)
Tu danses… Tu délires, et tu survis à la nuit…
Je ne danse pas avec le peuple.
Je le contrôle.
Et qu’il tremble… avant que je ne l’écrase.
(Puis à voix basse… l’œil détourné)
Tu es le miroir que je redoute.

RASPOUTINE (sourire en coin, voix basse et serpentine)
Prends garde, Vladimir.
L’Histoire est un sablier.
Et nul ne sait quand il s’inversera.

Moment suspendu.
Une tension palpable entre les deux hommes.
L’horloge sans aiguilles vibre légèrement.
Ils se fixent. Deux Russies. Deux mondes.
Un relent de terreur.
L’horloge sans aiguilles vibre encore.

ACTE II – QUAND L’AMÉRIQUE FRAPPE À LA PORTE

Même lieu.
L’horloge sans aiguilles s’est fissurée.
Une bourrasque claque les portes.
Une silhouette orangée entre,
brushing intact malgré la tempête cosmique.

TRUMP
(grand sourire, bras en V comme s’il descendait d’un jet privé)
Mes amis ! Quelle pièce ! Très belle. Très rouge. Très… russe.

(Il lance un clin d’œil appuyé à Poutine)
C’est quoi ce petit club VIP ?

(Sans attendre de réponse)
Oh, j’y suis ! Un sommet ! Un grand sommet !

(Faussement vexé)
Alors Vlad… On invite pas son vieux pote ? C’est moche.

RASPOUTINE(fronçant les sourcils, voix grave)
Quel est ce pantin orange à la crinière de lion ?
Riche en certitudes, pauvre en syntaxe…
Gonflé de superlatifs comme une montgolfière médiatique.

POUTINE(soupirant, se frottant les tempes)
Trump. Encore président.
Chez lui, un débat, c’est un stand-up.
La diplomatie, un catalogue de produits dérivés.
Et la politique ? Une pub pour lui-même.

RASPOUTINE(penchant la tête, un œil qui louche mystiquement)
Président ?
Sérieux ?
Il cartonnerait sur TikTok…
Entre deux fake news et trois grimaces du chaos.

TRUMP(tapotant un coussin doré, émerveillé)
Whaouh, velours et dorures !
Excellent goût, Vlad.
Mais t’as raté un truc : l’immobilier !
C’est fun, c’est puissant. C’est MOI.
J’ai bâti des milliards. Et toi ? Toi, ton bunker…

RASPOUTINE(le jaugeant comme un insecte fascinant)
Un cas d’école.
Un virtuose d’orgueil et d’ignorance !

TRUMP(se frappant la poitrine avec fierté)
Hey Raspy ! Moi aussi, j’suis un prophète.
Les gens pleurent quand je parle !
J’ai guéri l’Amérique, mec !

RASPOUTINE(les bras croisés, œil perçant, presque hilare)
Guéri ?
Moi, je soignais les tsars !
Toi, tu soignes ton image.
Ton seul miracle ?
Avoir transformé tes délires en programme électoral.

TRUMP(ignorant royalement, ravi comme un enfant dans un parc à thèmes)
Moi… je suis une légende vivante !

POUTINE(froid, à mi-voix)
Les légendes s’écrivent dans le sang, Donald.
Pas avec du fond de teint.

TRUMP(tapotant ses cuisses, extatique)
Tu sais ce qui est plus fort que le KGB ?
Le béton armé de mon empire !

RASPOUTINE(sourire inquiétant, voix basse)
Ton empire ? Un château de cartes en spray doré.
Ta légende ? Une bouteille de soda… bien secouée.

TRUMP(n’entend que lui-même)
Écoutez-moi ! J’ai un plan.
Le meilleur de tous les temps !
Vlad, tu prends tout à l’Est.
Raspy, les spectres et le folklore.
Et moi ? Les deux Amériques… et le Groenland, en bonus.

RASPOUTINE(rire profond, les yeux brillants de fièvre mystique)
Ha ! Le monde…
Un gâteau d’anniversaire qu’on découpe au sabre !
Mais dis-moi, Donald…Qui soufflera les bougies ?
Toi ? Ou ta garde déguisée en patriotes ?

TRUMP(bombant le torse, regard halluciné)
Mon empire brillera comme de l’or pur !
Même mes erreurs… elles brillent !
C’est ça, la grandeur.
Un monde nouveau, Made in Trump.
Avec des murs plaqués or, des drapeaux, et des hôtels cinq étoiles.

POUTINE(glacé comme la Sibérie en janvier)
Tu bâtis sur du sable.
Et tu chutes dans la moindre fissure.

TRUMP(sourire carnassier, regard tordu)
Et toi, tu creuses ta tombe en rêvant d’empire.
Pendant que tu fais la guerre, moi je fais des soldes planétaires !
WELCOME TO TRUMPWORLD
– tarifs douaniers en sus, Groenland à -70 %.

Une planète. Deux empires. Deux égos.

ÉPILOGUE – LE MURMURE DE LA PLUME

Soudain, une fenêtre s’ouvre sans bruit.
Une plume bleutée tourbillonne, descend.
L’orage cosmique s’apaise.
La lumière devient marine.
On entend le ressac d’une mer invisible.
Les conquérants de pacotille retournent à leur bac à sable,
sourds à la voix douce, chaleureuse,
qui emplit l’espace.

LA VOIX
Vous avez oublié…
L’Histoire n’est pas faite pour se répéter.
Elle est faite pour se raconter autrement.

Pendant que vous vous écharpez sur des trônes de sable…
Que vous scandez vos victoires sur les décombres…
Dans ce vacarme, le monde continue.
Et il continuera bien après vous!

Un vieil homme aux yeux clairs ramasse un coquillage.
Un enfant regarde le ciel.
Un oiseau traverse un azur sans frontières.
Une abeille butine une fleur.

Je suis tout ce que vous n’avez jamais su écouter.
Le chant du vent,
le rire d’un enfant,
le silence d’une étoile.

Le pouvoir ne m’atteint pas.
Je suis insaisissable.
Une âme libre.
Une plume légère…

Et je choisis la voie des courants,
qui mènent au large,
loin du vacarme.

Je glisse entre les lignes…
Avec, dans le cœur, une boussole.
Et dans les voiles…un souffle d’espérance.

Rideau.
Une brise légère emporte la dernière parole.