Au coeur de l’immense baie de Roses, que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de « plus belle baie du monde », des commerçants grecs phocéens fondent, en 580 avant J.-C, Empuries. Plus tard, les Romains s’établissent en voisins pacifiques. La convivance de plusieurs peuples en fait un site unique.

Harmonie des lieux – Harmonie des peuples

Quel plaisir que de visiter en détail ce site antique!

Au bord de la mer, abrité de la tramontane, le site permet de déambuler paisiblement entre forum, agora, villas de riches familles romaines. Du haut de l’ancienne cité romaine, la vue imprenable sur le massif du Canigou distrait les archéologues en herbe qui se perdent dans les méandres de l’Histoire. Au détour d’un pin, des perruches se restaurent. En lisière du site, le littoral féérique allonge à l’infini ses longues plages de sable fin. Le plan d’eau est sillonné de kitesurf tandis que le littoral réserve de jolies vues au travers d’une arche sculptée par les vents et la mer.

Emporion

Les Grecs venus de Marseille (Phocée) ne s’y trompent pas. Ils décèlent au premier coup d’oeil tout le potentiel du port naturel qu’offrent les collines de Sant Marti. Au début du VIe siècle avant J.-C, les routes commerciales sont essentiellement maritimes. Les échanges par la terre se font sur de courtes distances. Lorsqu’il s’agit d’exporter et d’importer des denrées venues de l’autre bout de la Méditerranée, la mer est le moyen le plus rapide d’établir des lignes régulières entre les peuples.

Le premier noyau grec s’établit sur les bases d’un ancien village indigène datant de l’âge de fer. Il est baptisé Emporion, ce qui signifie marché, ce nom dévoile sans équivoque la vocation commerciale de cette implantation. Nulle intention donc d’ériger une « mégapole » à l’image de la cité phocéenne. Il n’est pas question de colonisation. Les aménagements grecs n’excèdent pas deux ou trois hectares.

À la suite de la prise de Phocée par le roi perse Cyrus II (546 avant J.-C.). Les Grecs migrent vers la Méditerranée occidentale. Cet afflux de population fait grossir la ville. Avec l’établissement de familles, deux temples voient le jour. L’un à l’extérieur de l’enceinte, l’autre à l’intérieur. Les fondations de ce dernier sont encore visibles. Construit sur une haute terrasse, il est certainement dédié à Asklépios, fils d’Apollon et dieu de la guérison. La statue réalisée en marbres blancs du Pentélique et de Paros en atteste.

Emporiae

En 218 avant J.-C, tandis que les Grecs sont encore présents. Les Romains établissent sur les hauteurs de la cité, un campement militaire. Romains et Carthaginois se disputent la suprématie de la Méditerranée. Si l’intention défensive est alors la priorité, c’est aussi le germe de la future ville romaine.

En 197 avant J.-C., Rome et Carthage mettent fin aux sempiternelles guerres d’autrefois. C’est l’aube d’une nouvelle ère. Les Romains fondent Emporiae, une ville de 23 hectares entourée de murailles. Un réseau élaboré de rues délimite 70 îlots (quartiers). L’espace est immense, seuls quelques riches villas, le forum, les thermes publics, l’amphithéâtre et la palestre ont été mis à jour. Les archéologues ont encore beaucoup à découvrir.

Les Ier et IIe siècles après J.-C sont l’âge d’or de la cité.

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